Dans la forêt amazonienne, les Indiens Yanomami victimes de la ruée vers l’or

Dans la forêt amazonienne, les Indiens Yanomami victimes de la ruée vers l’or
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Au nord du Brésil, dans l’État du Roraima, de plus en plus d’orpailleurs clandestins envahissent les terres indigènes. Une ruée vers l’or qui se fait avec la bénédiction du président Jair Bolsonaro. Nos reporters Fanny Lothaire et Laura Damase ont enquêté sur ces activités illégales et ont rencontré les Indiens Yanomami qui se battent pour défendre leurs terres ancestrales.

Il y a 20 000 envahisseurs sur nos terres aujourd’hui ! Nous avons peur en permanence », se désole Marinaldo, chef amérindien Yanomami, depuis sa réserve menacée. Son territoire se trouve dans l’État de Roraima, tout au Nord du Brésil, en pleine forêt amazonienne. Les Yanomami – « êtres humains » dans leur langue ancestrale – se sentent menacés de mort depuis 2011 et l’invasion des « garimpeiros », les chercheurs d’or.

Ici, les orpailleurs illégaux viennent extraire le métal précieux qui se cache sous la couche de flore et de faune amazonienne. Le minerai est même devenu le deuxième produit d’exportation de Roraima en 2019, bien qu’il n’y ait pas une seule mine légale en activité…

À Boa Vista, la capitale de l’État, les bijouteries et les boutiques de vente d’or brut sont légion. La police fédérale a bien arrêté quelques commerçants pour faire bonne figure, les commerces d’or ont pignon sur rue dans une parfaite illégalité. Dans les rues de la ville, on croise aussi des dizaines de Yanomami. Des familles entières qui se sont résolues à quitter leurs terres devenues dangereuses et qui vivent désormais dans la misère.

« Situation hors de contrôle »

La recrudescence des opérations d’orpailleurs coïncide avec la fermeture, en 2018, de deux bases de l’armée brésilienne et trois bases de la Fondation de protection des indiens (Funai), qui étaient installées en territoire Yanomami. Les orpailleurs ont aussi construit des pistes d’atterrissage clandestines et avancent désormais dans des zones qui étaient inaccessibles il y a encore quelques années.

>> À voir : Les peuples menacés d’Amazonie sous l’oeil de Claudia Andujar

« La situation est désormais hors de contrôle », se lamente Jose Ignacio, anthropologue de l’Institut socio-environnemental (ISA). Le chercheur explique qu’il faut absolument éviter que les jeunes Yanomami soient attirés par les dollars des chercheurs d’or. Selon lui, même si c’est un tabou, certains indigènes « vendraient » leurs services et leurs terres aux orpailleurs. Un argument que le président brésilien Jair Bolsonaro a plusieurs fois récupéré pour défendre la nécessité de légaliser l’exploitation amazonienne.

Jair Bolsonaro veut légaliser l’exploitation des terres indigènes

Dans son discours agressif prononcé fin septembre à l’ONU, le président Bolsonaro a martelé que l’Amazonie n’appartenait pas au patrimoine de l’humanité. Durant son mandat, il compte bien légaliser l’exploitation minière de ces territoires reculés. Le gouvernement est ainsi en passe de faire débloquer un projet de loi de 1996 qui autoriserait l’extraction de minerai en terres indigènes. Les orpailleurs de la région ont grand espoir de voir enfin leur activité légalisée.

Rares sont les politiques à agir en défense du peuple Yanomami. Première femme indigène devenue députée fédérale au Brésil, Joênia Wapichana siège à la Chambre des députés depuis le début de l’année. Mais elle se  trouve bien seule face au gouvernement et au lobby ruraliste déterminés à détruire les droits des indigènes et à les déposséder de leurs terres.

Thierno

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