Standing ovation des dirigeants de l’UE pour saluer le départ d’Angela Merkel
Les chefs d’État et de
gouvernement de l’UE se sont levés vendredi à la table du Conseil
européen pour applaudir la chancelière allemande Angela Merkel, dont le
sommet européen de ces jeudi et vendredi est fort probablement le
dernier des 107 auxquels elle aura assisté en 16 années de pouvoir,
a-t-on appris de source diplomatique.
Le
président du Conseil européen Charles Michel avait réservé un moment
vendredi midi pour rendre hommage à la chancelière, qui sera fort
probablement remplacée en décembre par le social-démocrate Olaf Scholz à
la tête du gouvernement allemand, à la suite des élections du 26
septembre dernier.“Vous
êtes un monument. Des comparaisons nous viennent à l’esprit. Le Conseil
européen sans Angela, c’est comme Rome sans le Vatican ou Paris sans la
tour Eiffel, a affirmé M. Michel à l’adresse de la dirigeante
démocrate-chrétienne. Votre sagesse nous manquera, surtout dans les
moments complexes.”
Il
a décrit la “sobriété et la simplicité” de la chancelière comme “une
arme de séduction très puissante” et qualifié la dirigeante de “boussole
et de phare dans notre projet européen”.
Pour
l’occasion, ainsi que pour le départ du Premier ministre suédois Stefan
Löfven lui aussi mis à l’honneur, M. Michel a institué un cadeau
commémoratif aux membres du Conseil qui le quittent, sous la forme d’une
représentation artistique du bâtiment Europa, qui abrite les sommets
européens à Bruxelles.“C’est
quelqu’un qui pendant seize ans a vraiment marqué l’Europe, et nous a
aidés, tous les Vingt-Sept, à prendre les bonnes décisions avec beaucoup
d’humanité à des moments qui étaient difficiles”, a déclaré le Premier
ministre belge Alexander de Croo, qui avait reçu Mme Merkel la semaine
dernière pour une visite officielle au cours de laquelle la chancelière a
été décorée de la plus haute distinction honorifique par le roi
Philippe.
Le
départ d’Angela Merkel “laissera un grand vide, car c’est quelqu’un qui
a été en poste depuis si longtemps et qui a eu une si grande influence
sur l’évolution de l’Union européenne”, a abondé le chef du gouvernement
autrichien Alexander Schallenberg.La
chancelière est “une immense femme politique, et a été un facteur de
stabilisation crucial dans des situations très compliquées”, a renchéri
le président lituanien Gitanas Nauseda, disant “son énorme respect” pour
elle.
“C’était
une telle machine à compromis, que quand les choses n’avançaient pas,
on avait quand même Angela (…) Elle trouvait habituellement toujours
quelque chose pour nous unir et nous permettre d’aller plus loin”, a
observé le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, qui l’a
côtoyée durant huit années.
“Elle me manquera. Elle manquera à l’Europe”, a-t-il dit.
La
présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, ancienne ministre de
la Défense d’Angela Merkel, avait récemment souligné à quel point
l’esprit d’analyse de cette docteure en chimie avait été crucial pour
débloquer les négociations européennes parfois interminables.
Ces
derniers mois, les dirigeants de l’UE ont multiplié hommages et
remerciements à celle qui a dirigé l’Allemagne depuis 2005, presque
aussi longtemps que le chancelier de la Réunification, Helmut Kohl
(1982-1998).
À
la tête de la première puissance économique du continent, Angela Merkel
avait été très critiquée pour l’attitude de Berlin durant la crise de
la zone euro après l’effondrement financier mondial de 2008-2009, mais a
été ensuite largement saluée pour sa réponse à la crise migratoire de
2015 et pour s’être ralliée in fine à un endettement commun des
Vingt-Sept.
Peur du videLa
chancelière chrétienne-démocrate (CDU) a démontré des talents de
gestionnaire pragmatique qui lui ont permis de forger les compromis
nécessaires pour préserver l’unité de l’UE.
L’Allemagne
devrait avoir un nouveau chancelier avant Noël. Sociaux-démocrates,
écologistes et libéraux ont dévoilé jeudi le calendrier de leurs
négociations visant à installer Olaf Scholz (SPD) aux commandes du pays
début décembre.
Le
retrait d’Angela Merkel, 67 ans, suscite la peur du vide au sein de
l’UE, confrontée à des chantiers décisifs pour sa survie: reconstruction
économique post-Covid, changement climatique, ou encore affirmation de
son rôle géopolitique face aux États-Unis et à la Chine.
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