Nicolas Sarkozy condamné à un an de prison ferme pour financement illégal de sa campagne de 2012
Nicolas Sarkozy a été
reconnu jeudi coupable, dans le dossier Bygmalion, sur le financement
illégal de sa campagne présidentielle de 2012 par le tribunal. Il est
condamné à un an de prison ferme. Sa peine sera aménagée sous le régime
de la surveillance électronique. L’ancien président devrait faire appel.L’ancien
chef de l’Etat, absent de l’audience, “a poursuivi l’organisation de
meetings”, a souligné Caroline Viguier la présidente du tribunal. “Il
avait été averti par écrit du risque de dépassement” du plafond légal,
a-t-elle encore souligné lors de la lecture du jugement. “Ce n’était pas
sa première campagne, il avait une expérience de candidat”, a poursuivi
la magistrate. Nicolas Sarkozy “a volontairement omis d’exercer un
contrôle sur les dépenses engagées”. La peine prononcée est supérieure
aux réquisitions du parquet qui avait proposé un an dont 6 mois avec
sursis.
Au
final, le coût de la campagne était, selon l’accusation, d’au moins
42,8 millions, soit près du double du plafond légal à l’époque. En mars,
Nicolas Sarkozy était devenu le premier ancien président de la Ve
République à être condamné à de la prison ferme – trois ans dont un
ferme -, pour corruption et trafic d’influence, dans l’affaire dite “des
écoutes”. Il a fait appel suspendant donc de facto cette condamnation.“Shows à l’américaine”Pendant
la campagne pour sa réélection à la tête de l’Etat en 2012, Nicolas
Sarkozy a été un “candidat désinvolte”, demandant “un meeting par jour”,
des “shows à l’américaine” et a laissé filer les dépenses sans s’en
préoccuper, avait soutenu le parquet dans son réquisitoire à deux voix.
Contrairement à ses 13 coprévenus (anciens cadres de la campagne et de
l’UMP – devenue LR – ainsi que de la société Bygmalion, qui a organisé
les meetings) Nicolas Sarkozy n’est pas mis en cause pour le système de
double facturation imaginé pour masquer l’explosion des dépenses de
campagne autorisées.
Il
n’était jugé que pour “financement illégal de campagne” et encourait un
an d’emprisonnement et 3.750 euros d’amende. Nicolas Sarkozy avait tout
nié en bloc. “Une fable !”, s’était-il emporté à la barre. “Elle est où
la campagne qui s’emballe ? Elle est où la campagne en or massif ?”,
avait-il aussi scandé, prenant tout le monde à partie.
“Ça se serait vu”“Il
y a eu des fausses factures et des conventions fictives, c’est avéré”.
Mais “l’argent n’a pas été dans ma campagne, sinon ça se serait vu”,
avait martelé l’ancien chef de l’État, estimant que Bygmalion – fondé
par des très proches de son rival Jean-François Copé – s’était “goinfré”
sur sa campagne. Sa défense avait plaidé la relaxe. “Il n’a signé aucun
devis, il n’a signé aucune facture, il a accepté toutes les
restrictions qu’on lui a demandées. Il est loin d’être un candidat
hystérique, insatiable”, avait mis en avant son avocate Me Gesche Le
Fur.
Contrairement
à ses coprévenus présents tous les jours, Nicolas Sarkozy n’était venu à
l’audience que pour son interrogatoire. Une façon de se placer
“au-dessus de la mêlée” qui avait ulcéré le parquet. La “totale
désinvolture” de celui qui “ne regrette visiblement rien” est “à l’image
de la désinvolture dans sa campagne”, avait lancé la procureure Vanessa
Perrée. Révélé deux ans après la défaite de M. Sarkozy, le scandale
avait entraîné des déflagrations politiques en série à droite.
Seuls
quatre prévenus – trois ex-cadres de Bygmalion et l’ancien directeur de
campagne adjoint du président-candidat Jérôme Lavrilleux – ont reconnu,
partiellement, leur responsabilité. “Il y a quatorze prévenus et
presque autant de versions”. La plupart “n’ont rien vu, rien su, rien
entendu, ils ont été victimes de manipulations ou ont servi de
fusibles”, avait moqué dans son réquisitoire le parquet, pour qui leur
culpabilité ne “fait aucun doute”. Une question, centrale, restera
pourtant en suspens, avait admis la procureure Vanessa Perrée. “Qui a
ordonné le système ? Nous n’avons pas assez d’éléments pour le
démontrer”.