Deux journalistes afghans fouettés par les talibans pour avoir couvert une manifestation
Taqi Daryabi et Nemat Naqdi, deux journalistes
afghans, ont été battus par les talibans qui les avaient arrêtés pour
avoir couvert une manifestation de femmes à Kaboul.
Ils
peinent à s’asseoir tant les ecchymoses recouvrent leurs corps. Taqi
Daryabi et Nemat Naqdi, deux journalistes du média afghan «Etilaat-e
Roz», ont été battus par les talibans. Leur tort ? Avoir couvert une
manifestation de femmes à Kaboul, mardi. Les deux hommes, âgés de 22 et
28 ans, ont été fouettés avec des câbles, après avoir été placés dans
des cellules séparées. Remis en liberté mercredi, ils ont été
hospitalisés et traités pour leurs blessures, précise Human Rights
Watch. «Les autorités talibanes ont prétendu qu’elles autoriseraient les
médias à travailler tant qu’ils « respecteraient les valeurs islamiques »
mais ils ont progressivement empêché les journalistes de couvrir les
manifestations», dénonce ainsi Patricia Gossman, directrice associée de
l’ONG de défense des droits humains en Asie. «Les talibans doivent
s’assurer que les journalistes peuvent exercer leurs fonctions sans
restrictions abusives ni craintes de vengeance», poursuit-elle.
«Je
leur ai dit que j’étais journaliste, je leur ai montré ma carte
d’identité, mais ils m’ont accusé d’organiser les manifestations. Ils
m’ont emmené dans une pièce, m’ont attaché les mains avec une écharpe et
ont commencé à me battre avec un câble», a raconté Nemat Naqdi au «New
York Times». «C’est le premier incident sérieux impliquant des
journalistes à Kaboul et si on ne se soutient pas, bien pire peut
arriver. Nous n’avons reçu aucune réponse des talibans, mais nous
aimerions savoir comment nous pouvons déposer plainte», a complété le
rédacteur en chef du journal Zaki Daryabi.
Depuis
la prise de pouvoir des talibans, le mois dernier, de nombreuses
manifestations ont eu lieu. Cette semaine, les protestataires -femmes en
tête, qui voient leurs droits considérablement réduits- ont accusé à
Hérat le Pakistan d’avoir aidé les talibans à vaincre l’armée afghane
affaiblie par le départ des soldats de la coalition internationale. La
répression violente de la manifestation a causé la mort de deux
personnes et en a blessé huit. Ces derniers jours, les talibans ont
durci leur répression, forts de leur victoire dans la province du
Panchir, où une poche de résistance a selon eux été anéantie.