« Lorsque nous sommes arrivés, certains gardes ont voulu riposter. Ils sont tous morts. »
A Conakry, les langues commencent à se délier sur quelques détails de la manière dont les Forces spéciales auraient mené l’opération de destitution d’Alpha Condé au petit matin du dimanche dernier. Le véhicule exposé à la Base militaire du Colonel Mamady Doumbia y est pour quelque chose (voir photo).
Dans
la cour centrale, alors que différents objets dont un aéroglisseur sont
recouverts d’une bâche poussiéreuse, cette voiture semble avoir été
placée pour être vue de tous les visiteurs dans la Base. Garée devant le
bâtiment central, la salle de réunion, une grosse V8 noire est l’objet
de toutes les curiosités. Non parce que la porte arrière relevée laisse
voir une sorte d’appareil bizarre, mais parce qu’elle est criblée de
balles. Des impacts nettement visibles qui ont explosé presque toutes
les vitres. La voiture est pourtant un blindé de la Présidence
guinéenne. «C’est là que les gardes du corps d’Alpha Condé ont voulu
donner l’assaut défensif», chuchote un des membres du commando qui s’est
rendu au Palais Présidentiel Sékhoutouréya.
«C’est l’heure où Condé se couche»
Ces
impacts témoignent de la violence de ce face-à-face entre putschistes
et loyalistes. Le film est remonté avec parcimonie. «Lorsque nous sommes
arrivés, certains gardes ont voulu riposter. Ils sont tous morts»,
souffle-t-il, sans donner plus de détails, ni sur l’identité des gardes,
ni sur le nombre de morts de l’opération (7 selon une source non
officielle reprise par certains médias guinéens). Et cela, bien
qu’aucune trace de sang ne soit visible sur les sièges. Selon d’autres
indiscrétions, le coup d’État aurait vérita- blement démarré après 3
heures du matin, «C’est l’heure où Condé se couche», souffle un autre
interlocuteur.
Le régiment du Colonel Mamady Doumbouya se serait
ébranlé d’un camp situé à plusieurs kilomètres de la capitale. Pour
contourner le couvre-feu et tromper la vigilance des barrages, les
Forces spéciales auraient brandi le prétexte d’une mission
présidentielle pour expliquer leur sortie à cette heure tardive.
«Personne n’aurait osé réveiller le Président pour vérifier»,
continue-t-il.
Une peur qui a profité à Mamady Doumbouya et son
équipe pour renverser celui qui lui a offert ce poste. D’où
l’étonnement, dans la vidéo, d’Alpha Condé qui a été tiré de son sommeil
par ces bourreaux et conduit dans un lieu tenu secret. Un lieu que la
junte veut tenir secret, même si, il se dit de plus en plus que l’ancien
Président est tenu prisonnier à Conakry, précisément au camp de Makambo
qui abrite la garde républicaine et d’où Dadis Camara, un autre
putschiste, a failli se faire tuer par son Aide de camp, il y a 12 ans.