Michelle Bachelet, Haut-commissaire aux droits de l’Homme : « La mort de Habré ne constitue pas un obstacle à l’indemnisation des victimes »
Le décès à Dakar, le 24 août dernier, de Hissène
Habré, ancien Président du Tchad condamné à perpétuité pour, entre
autres, crimes de guerre et de torture, ne peut pas empêcher
l’indemnisation des victimes. C’est la conviction du Haut-commissaire
des Nations unies aux droits de l’homme informe le Soleil.
En
effet selon leur Correspondant permanent El Hadji Gorgui Wade NDOYE
pour le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, le
fait de juger Hissène Habré en Afrique constitue un « accord sans
précédent entre le Sénégal et l’Union africaine et un exemple historique
de leadership régional et de volonté de lutter contre l’impunité des
crimes internationaux ».
Interpellée
hier par « Le Soleil » sur le sort des victimes et les conséquences
possibles de la lutte contre l’impunité suite au décès, le 24 août
dernier, à Dakar, de Hissène Habré, ancien Président du Tchad, Michelle
Bachelet, précise que les victimes peuvent être indemnisées. « Il est
important de rappeler que le décès de Hissène Habré ne constitue en
aucun cas un obstacle à la mise en œuvre du fonds fiduciaire et à
l’indemnisation des victimes. Au contraire, cette information rappelle
aux États et entités régionales compétentes leur responsabilité
vis-à-vis des victimes, dans le cadre des réparations, du devoir de
mémoire et des garanties de non-répétition », affirme-t-elle.
«
Le 30 mai 2016, l’ancien Président tchadien Hissène Habré a été reconnu
coupable de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de
torture, notamment de violences sexuelles et de viols, par les Chambres
africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises et
condamné à perpétuité. Le 27 avril 2017, la Chambre africaine
extraordinaire d’Assises d’Appel a confirmé le verdict et a ordonné à
Habré de payer environ 123 millions d’euros de compensation aux victimes
», insiste le Haut-commissaire aux droits de l’homme. Elle rappelle que
les 28 et 29 janvier 2018, l’Union africaine adoptait le Statut pour le
Fonds fiduciaire au profit des victimes des crimes de Hissène Habré
dont les réparations effectives sont toujours attendues.
D’après
Mme Bachelet, les victimes de Hissène Habré ainsi que les organisations
de défense des droits de l’homme qui les accompagnent poursuivent leur
lutte pour obtenir dûment des réparations. Le Haut-commissaire aux
droits de l’homme salue la création de cette juridiction. « Cet accord
sans précédent entre le Sénégal et l’Union africaine est un exemple
historique de leadership régional et de volonté de lutter contre
l’impunité des crimes internationaux », a-t-elle ajouté. Le procès avait
débuté le 20 juillet 2015 ; 69 victimes, 23 témoins et 10 experts ont
été auditionnés.