L’Algérie laisse entendre qu’elle renoncerait au gazoduc qui passe par le Maroc
Deux jours après avoir
rompu les relations diplomatiques avec le Maroc, l’Algérie annonce
qu’elle pourrait se passer du gazoduc Maghreb-Europe, une infrastructure
gazière vitale pour l’économie marocaine.Alors
que le personnel diplomatique fait ses valises, car c’est aujourd’hui
que l’ambassade du Maroc en Algérie ferme ses portes, un nouvel épisode
vient exacerber les tensions entre les deux voisins d’Afrique du Nord.
L’Algérie
a annoncé qu’elle pourrait se passer du gazoduc Maghreb-Europe. Cette
infrastructure extrêmement importante pour l’économie marocaine relie
l’Algérie à l’Europe en passant par le Maroc depuis 1996. Avec une
capacité de 13 milliards de m3, le gazoduc Maghreb-Europe achemine tout
d’abord du gaz afin d’alimenter la production d’électricité marocaine
puis livre ensuite l’Espagne.
«
Je pense qu’on est au-delà du bluff, et qu’on est réellement dans des
jeux de pouvoir entre l’Algérie et le Maroc », analyse le directeur de
Géopolia, Philippe Sébille-Lopez, spécialiste des enjeux pétroliers et
gaziers.
« C’est là tout l’enjeu du bras de fer entre les deux pays »Lors
d’une rencontre avec l’ambassadeur d’Espagne, le ministre algérien de
l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a affirmé « l’engagement total de
l’Algérie à couvrir l’ensemble des approvisionnements de l’Espagne en
gaz naturel à travers le Medgaz » qui relie directement les deux pays,
selon un communiqué du ministère rapporté par APS.Le
contrat entre l’Algérie et le Maroc arrivant à échéance fin 2021, « par
anticipation, les Algériens avaient décidé d’augmenter les capacités de
l’autre gazoduc qui va lui aussi vers l’Espagne, mais directement à
partir de l’Algérie à travers la Méditerranée », rajoute le spécialiste.
Fermer
les vannes au Maroc serait un coup dur pour le royaume de la part de
l’Algérie. « Les Algériens prétendent qu’ils vont pouvoir maintenir
l’approvisionnement gazier de l’Espagne sans passer par le Maroc
dorénavant, et c’est là tout l’enjeu du bras de fer entre les deux pays
Algérie-Maroc. Donc, on joue sur des registres stratégiques très
clairement », conclut Philippe Sébille-Lopez.