AFRIQUE : À la Une, Laurent Gbagbo va créer un nouveau parti
Coup de tonnerre dans le ciel politique ivoirien… «
Les observateurs attendaient avec impatience cette journée où Laurent
Gbagbo allait faire sa rentrée politique après 10 ans d’absence, relate
le quotidien Notre Voie. Et ils n’ont pas été déçus. Comme à son
habitude, Laurent Gbagbo a tranché dans le vif hier dans le débat sur le
contrôle du FPI, le parti qu’il a cofondé en 1986, débat qui l’opposait
à son successeur à la tête de ce parti, Pascal Affi N’Guessan,
président du FPI et ex-Premier ministre. Le divorce est maintenant
prononcé entre les deux acolytes (…). Hier matin au Palais de la
culture, poursuit Notre Voie, Laurent Gbagbo, conscient de la fragilité
juridique de sa position face à Affi N’Guessan, a jugé bon de
« contourner la petite difficulté » (selon ses propres termes) qui
l’empêchait de continuer son chemin, en annonçant la création (dans les
prochaines semaines) d’un « nouvel instrument politique ». »
Bref,
pointe Notre Voie, Laurent Gbagbo « abandonne le FPI à Affi N’Guessan.
Pour certains, c’est un grand stratège, commente le journal, pour
d’autres, il a abdiqué et jeté l’éponge devant Affi. L’avenir nous dira
celui qui a gagné cette manche politique. »
En
tout cas, Pascal Affi N’Guessan a vivement réagi, rapporte le site
ivoirien L’Infodrome : Laurent Gbagbo « abandonne la bataille
inopportune et destructrice qu’il mène depuis sept ans contre le FPI et
va créer un autre parti avec le même contenu », a déclaré le président
du FPI. « Pour ma part, je vais poursuivre ma mission pour la
renaissance du parti en vue de la reconquête du pouvoir en 2025. »
Tuer politiquement Affi et Simone…
Commentaire
du quotidien gouvernemental Fraternité Matin : « En annonçant la
création d’un nouveau parti, Laurent Gbagbo veut démontrer que c’est lui
l’alpha et l’oméga. (…) Il veut tuer politiquement Pascal Affi
N’Guessan qu’il ne peut plus voir en peinture. Et pour plusieurs de ses
proches, croit savoir Fraternité Matin, ce dernier se retrouvera bientôt
tout seul. Des défections, il y en aura beaucoup. Dans le camp Affi, on
se prépare pour ne pas subir trop de pertes. »
Qui
plus est, poursuit Fraternité Matin, « en créant une nouvelle
formation, Laurent Gbagbo veut également tuer politiquement Simone
Gbagbo qui commence à « l’enquiquiner au sein du parti », indique une
source. Selon celle-ci, elle revendique un peu trop son titre de membre
fondatrice dans tous les débats. »
Toutefois, s’interroge le journal, « va-t-elle se laisser sortir du jeu aussi facilement ? (…) Qui aura le dernier mot ? »
La présidentielle de 2025 dans le viseur ?
Pour
Jeune Afrique, la décision de Laurent Gbagbo est certes « soudaine mais
pas si surprenante » : en effet, « en impulsant la création d’un
nouveau parti, Laurent Gbagbo s’assure également d’en contrôler
totalement les instances. Une manière pour certains analystes de contrer
l’influence de son épouse Simone, avec laquelle il est en instance de
divorce. L’ancienne Première dame a encore des ambitions et conserve une
certaine popularité. »
Alors,
« les contours de la nouvelle formation de Laurent Gbagbo ne sont pas
encore connus », relève Jeune Afrique. Mais « lors de sa détention à La
Haye, Laurent Gbagbo avait notamment confié à plusieurs de ses visiteurs
qu’il voulait refaire du FPI un parti de gauche. Toujours est-il que
l’ancien président veut aller vite. Le congrès constitutif devrait être
organisé au plus tard en octobre afin de permettre de lancer une grande
campagne de recrutement. Avec, déjà, dans le viseur, l’élection
présidentielle de 2025. »
Les dinosaures hors-jeu ?
WakatSéra,
au Burkina Faso, qualifie la décision de Laurent Gbagbo de «
contre-pied magistral » : WakatSéra qui s’interroge sur la suite… «
L’élection présidentielle de 2025 étant déjà en ligne de mire, Laurent
Gbagbo, 76 ans, sera-t-il candidat ? Avec le risque d’être mis hors-jeu,
Alassane Ouattara pouvant, avant la fin de son mandat en cours, fixer
un âge limite à la présidentielle, qui écarterait de la course les trois
dinosaures de la scène politique ivoirienne, que sont, lui-même, et les
anciens présidents ivoiriens, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo. »
Et
puis, s’interroge encore WakatSéra, « de quel bord sera ce nouveau
parti ? Les alliances en politique n’étant jamais impossibles, jamais de
cœur, mais toujours de raison et d’intérêt du moment… »