Tunisie : le député Yassine Ayari a été arrêté
Le parti de Yassine Ayari a annoncé que le député
tunisien, critique du chef de l’État, avait été arrêté vendredi par des
forces de sécurité. Ce dernier était poursuivi depuis 2017 pour
« diffamation et outrage à l’institution militaire » et avait été condamné
en 2018 à trois mois de prison.
Le
mouvement politique tunisien Espoir et travail a annoncé, vendredi 30
juillet, que le député Yassine Ayari avait été arrêté dans la journée
par des forces de sécurité. Selon les autorités tunisiennes, son
arrestation, alors qu’il venait de dénoncer sur les réseaux sociaux un
« coup d’État militaire » du président Kaïs Saïed, est liée à une
condamnation remontant à 2018 pour « diffamation et outrage à
l’institution militaire ».
Député
indépendant et ex-blogueur, Yassine Ayari a été condamné à plusieurs
reprises ces dernières années pour des publications sur les réseaux
sociaux, notamment critiques de l’armée. Lancé en 2019, son mouvement
politique a annoncé dans un bref communiqué son arrestation, selon lui
par des agents de la sécurité présidentielle sans la présentation d’un
ordre judiciaire.
Contactés
par l’AFP, le service de la communication de la présidence de la
République et le porte-parole du parquet étaient injoignables.
Dans une publication sur Facebook, sa femme a affirmé, de son côté, que son mari avait été arrêté d’une façon violente.
Aucune source officielle n’a accepté de s’exprimer sur cette arrestation.
« Pas de peur sur la liberté d’expression », selon Kaïs Saïed
Cette
arrestation survient cinq jours après que le président Kaïs Saïed a
gelé le Parlement pour 30 jours, levé l’immunité de tous les députés et
limogé le Premier ministre Hichem Mechichi.
La
Tunisie « est un pays des droits, des libertés et de la Constitution », a
assuré le président Saïed vendredi au cours d’une rencontre avec des
journalistes du New York Times après que l’un d’eux a été brièvement
interpellé dans un poste de police pour une question d’autorisation.
« Pas
de peur sur la liberté d’expression (…), ce n’est pas à mon âge que
je vais commencer une nouvelle étape basée sur la dictature. Je déteste
la dictature et je la méprise », a-t-il encore ajouté.
Kaïs Saïed a affirmé qu’il n’y avait eu des arrestations que de ceux qui sont poursuivis par la justice.
Un député connu pour ses prises de position tranchantes
« C’est
un coup d’État militaire », avait écrit sur sa page Facebook Yassine
Ayari, connu pour ses prises de position tranchantes. Pour lui, les
mesures du président représentent « un renversement de la Constitution et
du pacte social en utilisant l’armée ».
Yassine
Ayari, 30 ans, ancien blogueur actif sous la censure lors du
soulèvement populaire ayant chassé Ben Ali du pouvoir en 2011, avait été
élu député de la circonscription de l’Allemagne en 2017, puis de la
première circonscription de la France en 2019.
Il
avait été condamné en 2018 à trois mois de prison pour une publication
Facebook qui critiquait l’armée. Le 27 mars dernier, il avait également
été condamné à 16 jours de prison pour une autre publication de blog. Il
n’a pas purgé cette peine.
En
2015, ce fils d’un colonel tué en 2011 lors des premiers affrontements
contre des groupes terroristes dans le pays avait passé plus de quatre
mois en prison après qu’un tribunal militaire l’avait reconnu coupable
d’outrage au haut commandement de l’armée sur les réseaux sociaux.