Covid-19: le variant Delta met fin à l’insouciance estivale, les restrictions s’étendent
Retour du masque, extension du pass sanitaire: le variant Delta
aura eu, en quelques semaines, raison de l’insouciance estivale, y
compris dans des pays comme les Etats-Unis ou Israël qui s’imaginaient
sortis d’affaire et renouent, en plein coeur de l’été, avec les mesures
de restrictions.
Moins de quatre
semaines après avoir célébré la fête nationale, tout sourire et sans
masque au milieu d’un millier d’invités à la Maison Blanche, Joe Biden,
qui promettait un « été de liberté » à ses compatriotes, a dû prendre
jeudi une série de mesures pour relancer la vaccination, en panne après
un démarrage tambour battant.
Les
Américains, même vaccinés, sont en effet de nouveau appelés à remettre
le masque dans les zones où la circulation du virus est importante. Les
employés fédéraux non vaccinés auront eux l’obligation de porter le
masque partout et de se soumettre à des tests réguliers.
Pour
inciter à la vaccination des plus réticents, Joe Biden a appelé les
autorités locales à verser 100 dollars à toute nouvelle personne se
faisant vacciner, en puisant dans des fonds d’urgence débloqués pour
faire face à la pandémie.
– Vaccination « complémentaire » en Israël –
Israël,
qui avait aussi lancé très tôt une campagne de vaccination massive et
se targuait d’être sorti en premier de la crise, a réinstauré jeudi le
pass sanitaire, obligatoire dans les lieux accueillant plus de 100
personnes.
L’Etat hébreu lance par ailleurs à
partir de dimanche une campagne de vaccination « complémentaire » avec une
troisième dose pour les plus de 60 ans.
En
Europe, où de nombreux pays font face à une quatrième vague, l’heure est
aussi au tour de vis. En Espagne, le couvre-feu a été prolongé à
Barcelone et sur une partie de la Catalogne, et la France a ordonné le
reconfinement à partir de ce week-end des îles de la Réunion et de la
Martinique, où la situation est jugée « dramatique » par les autorités.
Partout
pourtant, les pressions se multiplient pour accélérer la vaccination,
avec plus de quatre milliards de doses de vaccins anti-Covid
administrées dans le monde, selon un comptage de l’AFP jeudi à partir de
sources officielles.
La
vaccination reste toutefois fortement inégalitaire: les pays à revenu
élevé ont ainsi administré en moyenne 97 doses pour 100 habitants,
contre seulement 1,6 dose dans les pays pauvres.
Jeudi,
l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est alarmée d’une « hausse »
des contaminations dans une quinzaine de pays du Maghreb, du
Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie, qui font face à une quatrième vague
avec une population majoritairement non-vaccinée.
#photo4Le
système Covax, censé permettre aux pays pauvres de recevoir
gratuitement des vaccins financés par des nations plus prospères,
s’attend à recevoir 250 millions de doses de vaccins au cours des six à
huit prochaines semaines, s’est félicitée l’OMS.
– Malades renvoyés, faute d’oxygène –
En
attendant, la situation est « désespérée » en Birmanie, a averti jeudi le
Royaume-Uni qui a pressé le Conseil de sécurité de l’ONU de s’assurer
que des vaccins puissent être livrés malgré la situation de crise depuis
le coup d’Etat de février. Selon Londres, la moitié de la population
birmane, soit 27 millions de personnes, pourrait être infectée par le
Covid-19 dans les deux prochaines semaines.
En
Afrique, le Sénégal, relativement épargné pendant longtemps par la
pandémie, connaît comme le reste du continent une flambée sans précédent
des contaminations, avec des hôpitaux submergés.
A
Fann, hôpital de référence de Dakar, les ambulances amènent des
patients au souffle court, venant souvent d’autres hôpitaux. Mais les
médecins sont souvent obligés de les renvoyer, par manque d’oxygène.
« On
refuse, pas parce qu’on ne veut pas les prendre, mais on n’a pas
d’endroit où les mettre pour les prendre en charge. Vous imaginez, on
reçoit des malades qui meurent au niveau de la grande porte, ou qui
viennent à l’agonie. Parfois même, le médecin, il a les larmes aux
yeux », explique le Dr Babacar Diop à l’AFP.
La
Tunisie – qui compte le plus haut nombre de décès en Afrique du Nord –
peine elle aussi à faire face au bond des contaminations, et les
bouteilles d’oxygène manquent dans des services de réanimation
submergés.
En Algérie, où de grands hôpitaux
manquent aussi d’oxygène, l’Autorité de l’audiovisuel a exhorté les
médias à « éviter de se concentrer excessivement sur les nouvelles
négatives » dans leur couverture de la crise sanitaire.
Rare
bonne nouvelle dans ce contexte, l’Arabie saoudite a annoncé vendredi
la réouverture de ses frontières aux touristes étrangers vaccinés, après
une fermeture de 17 mois due à la pandémie. Ryad n’a toutefois pas
annoncé de levée des restrictions sur le pélerinage de l’Omra, qui
attire chaque année des millions de musulmans du monde entier.
La
pandémie a fait au moins 4.190.383 morts dans le monde depuis fin
décembre 2019, selon un bilan établi jeudi par l’AFP à partir de sources
officielles. Mais l’OMS estime, en prenant en compte la surmortalité
directement et indirectement liée au Covid-19, que le bilan pourrait
être deux à trois fois plus élevé.
#photo6Au
Mexique, l’institut national de statistiques a ainsi annoncé que le
coronavirus avait fait en 2020 35% de décès de plus que le chiffre
jusqu’ici avancé par le gouvernement, soit 201.163 morts (contre 148.629
confirmés par le ministère de la Santé).