RDC : vers la fin de l’épidémie d’Ebola ?

RDC : vers la fin de l’épidémie d’Ebola ?

Plus aucun cas confirmé d’Ebola n’a été enregistré en RDC depuis la sortie, mardi 3 mars, de la dernière patiente hospitalisée. De quoi cela est-il le signe ?

Le compte à rebours a commencé en République démocratique du Congo. D’ici le 12 avril, en suivant de près entre autres les ex-patients qui pourraient encore porter le virus dans leur liquide séminal, le pays en aura fini avec l’épidémie d’Ebola. Et la première raison d’espérer réside dans le fait qu’aucun nouveau cas n’a été enregistré depuis 21 jours. Ensuite, il faut souligner que la dernière patiente est sortie le 3 mars d’un centre de traitement à Beni, l’un des épicentres dans l’est du pays.

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Compte à rebours

« Un compte à rebours de 42 jours a commencé le 2 mars pour déclarer la fin de la deuxième épidémie d’Ebola la plus meurtrière au monde », a précisé l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a qualifié la dixième épidémie d’Ebola sur le sol congolais d’urgence sanitaire mondiale. « Nous continuons à documenter des alertes tous les jours et à vacciner des contacts », a déclaré à Genève le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Gebreyesus, en ouverture d’une conférence de presse sur le coronavirus. « Lors de la précédente épidémie d’Ebola, nous avons vu des nouveaux épisodes même après la fin de l’épidémie. C’est pourquoi nous continuons de fournir des soins de suivi à plus de 1 100 survivants », a-t-il détaillé. « Le plus grand défi aujourd’hui pour nous, c’est le suivi des survivants parce que certains continuent à secréter le virus dans leur liquide séminal », a de son côté déclaré le responsable congolais de la lutte anti-Ebola, le professeur Jean-Jacques Muyembe. « Nous allons faire des études pour traiter ces survivants qui sécrètent encore le virus pour qu’ils ne soient pas un danger pour leurs conjoints », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Kinshasa.

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État d’urgence mondiale

Des traces du virus étaient encore présentes dans le sperme de 5 % des hommes entre un mois et 18 mois après l’infection, avait indiqué une étude publiée dans la revue médicale The Lancet en janvier 2017, portant sur des survivants de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest (2013-2016). Déclarée le 1er août 2018, l’actuelle épidémie en RDC est la deuxième plus grave de l’histoire, après celle qui a frappé l’Afrique de l’Ouest. Sur 3 444 cas enregistrés, il y a eu 2 264 décès. Plus de 320 000 personnes ont été vaccinées avec deux vaccins différents (plus de 300 000 avec un vaccin du groupe américain Merck Sharp and Dohme, et plus de 20 000 avec un vaccin des laboratoires Johnson & Johnson).

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Des besoins estimés à 20 millions de dollars pour poursuivre la lutte

Mais l’Organisation mondiale de la santé a encore besoin d’argent, de beaucoup d’argent. Au moins 20 millions de dollars, soit 17,7 millions d’euros, sont encore nécessaires pour lutter contre l’épidémie, a indiqué aux médias à Genève le Dr Ibrahima-Soce Fall, sous-directeur général chargé des interventions dans les situations d’urgence au sein de l’OMS. Selon l’organisation, il est essentiel de maintenir sur place des capacités de « surveillance et de réaction » afin de détecter rapidement d’éventuels nouveaux cas, a-t-il dit. « Nous avons plus de 1 169 survivants. Nous avons donc un programme important pour continuer à fournir des soins aux survivants, mais aussi pour nous assurer qu’il n’y a pas de résurgence [du virus] chez les survivants », a-t-il expliqué. « Si aucune nouvelle ressource n’est reçue, nous serons à court d’argent avant la fin de l’épidémie », a alerté l’agence spécialisée de l’ONU. « Nous savons que l’attention internationale est actuellement davantage portée sur le Covid-19, mais […] nous avons encore besoin de 20 millions de dollars supplémentaires pour que l’OMS puisse maintenir l’équipe sur le terrain car Ebola est aussi une question de sécurité sanitaire mondiale », a insisté Ibrahima-Soce Fall. Alors que la RDC est officiellement épargnée jusqu’à présent par l’actuelle épidémie mondiale de Covid-19, les autorités sanitaires congolaises ont imposé la prise de la température des voyageurs dès leur descente d’avion à l’aéroport de Kinshasa, ou quand ils traversent le fleuve Congo pour Brazzaville, la capitale du Congo voisin. « Les mesures que nous avons prises pour lutter contre Ebola sont les mêmes que celles que nous avons prises contre le coronavirus, à savoir l’hygiène et le lavage des mains », a conclu le docteur en virologie, spécialiste du virus Ebola, Jean-Jacques Muyembe.

Par Le Point Afrique

Souare Mansour

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