Égypte : une quarantaine de touristes français bloqués sur un bateau
Ils sont confinés sur un bateau de croisière à Louxor et demandent à être rapatriés. Mais la diplomatie française peine à entrer en contact avec eux.
Après quelques jours passés sur le Nil entre Assouan et Louxor, sept membres d’une même famille devaient rentrer en France samedi 7 mars. Mais depuis vendredi, ils sont à quai, confinés sur un mini-paquebot, le A Sara, à l’écart de la ville la plus visitée d’Égypte.
« On est très fatigués, on porte des masques et on a le droit d’aller prendre l’air uniquement sur le ponton », raconte au Point Katia Laflaquière. « C’est très dur, je me sens démunie, fatiguée et très angoissée pour la santé de mon neveu de 6 ans qui est par ailleurs asthmatique et allergique au lactose », poursuit cette touriste de 47 ans originaire de Dordogne. À bord, plusieurs dizaines de passagers ont également l’interdiction de sortir et leur température est testée matin et soir. Selon Katia, ils seraient 38 Français ainsi que quelques Américains et Asiatiques à tourner en rond. Les autorités françaises, comme égyptiennes, refusent pour l’instant de communiquer le détail des nationalités. L’ambassade américaine a confirmé la présence de ressortissants sur le même bateau où sont coincés les Français. Figurent également dix-huit Indiens, selon leur ambassade.
Leur confinement a été décidé après qu’une précédente passagère du même bateau a été testée positive au Covid-19, une fois rentrée aux États-Unis. Des tests menés ensuite sur douze membres de l’équipage ont montré que l’un d’entre eux seulement était affecté, a indiqué la ministre de la Santé. Dans la foulée, quatorze passagers français porteurs du virus ont été transférés à Marsa Matrouh, au bord de la Méditerranée, dans l’hôpital public qui a été réquisitionné au début de la crise dite du coronavirus. En quarantaine, les conditions sont spartiates « dans la chambre poussiéreuse et à la limite de l’insalubrité » que partagent Céline Laflaquière et sa mère de 70 ans, à la « santé très fragile suite à un AVC ». L’accès aux informations est aussi limité en l’absence de radio, télévision et Internet.
Appel à l’aide
« On veut être rapatriés le plus rapidement en France pour se sentir en sécurité et proche de notre famille, demande Katia Laflaquière, la voix tremblante, on est prêts à accepter une nouvelle mise en quarantaine une fois en France. » Le consulat français assure « être mobilisé pour le suivi des familles affectées par le coronavirus » et a dépêché à Louxor un représentant, sans pouvoir accéder au bateau immobilisé. « Il y a un manque d’échange et de collaboration avec le gouvernorat de Louxor », déplore une source française, sous le couvert de l’anonymat.
Le secteur du tourisme, qui représente près de 14 % du PIB, est crucial tant pour l’image que pour l’économie du pays. Les agences de voyages locales rapportent de nombreuses annulations en mars et craignent une chute brutale des réservations au mois d’avril, alors que les vacances de Pâques attirent des millions de vacanciers.
Lundi, le ministère du Tourisme et des Antiquités a mené des contrôles sur tous les sites touristiques de Louxor, de la vallée des Rois aux différents temples et multiples hôtels. Touristes et personnels avaient l’interdiction de sortir tant qu’ils n’avaient pas passé ces check-up, selon le gérant d’une agence de voyages. Pour contrer les rumeurs de sites déserts, le secrétaire général du conseil suprême des antiquités, Mostafa Waziri, a publié des photos de foules touristiques devant les rangées de sphinx en se félicitant « du nombre de touristes visitant le temple de Karnak supérieur à celui de l’année précédente, à la même période ».
De notre correspondante en Egypte, Ariane Lavrilleux