Manifestations et violation de sa liberté : La presse Sénégalaise annonce un sit-in
Après les manifestations, l’heure est au bilan. Et la presse sénégalaise, au cœur des évènements, n’est pas en reste. Elle a fait un diagnostic sans complaisance de son rôle dans les manifestations et annonce un sit-in.
Les
associations de la presse du Sénégal, regroupées au sein de la CAP
(Coordination des associations de presse), ont, ce mercredi 10 mars
2021, organisé une conférence de presse pour expliquer les conditions
dans lesquelles elles ont couvert cette affaire qui, pendant des jours, a
cristallisé le débat au Sénégal.
La CAP a décidé, pour matérialiser son indignation face aux
violations répétées de la liberté de presse au Sénégal, de tenir un sit
in de toute la corporation. Un mémorandum sera d’ailleurs rédigé et un
courrier officiel sera destiné au président de la République.
Auparavant, la Cap a dénoncé les menaces qui ont été dirigées contre
des journalistes de certains groupes de presse. Des menaces généralement
exprimées via les réseaux sociaux ou les messages privés vont jusqu’à
indiquer des lieux de résidence de journalistes. En outre, la CAP a
fustigé l’attitude de l’Assemblée nationale qui a mis à l’écart les
journalistes lors de la levée de l’immunité parlementaire de Ousmane
Sonko. Un acte qui, selon les journalistes, est une violation du droit
d’informer.
La Cap a également soulevé, pour le déplorer, l’agression qu’elle
juge ordonnée du préfet de Dakar. « Le Préfet de Dakar, se signalant par
un excès de zèle, a ordonné de vive voix que les journalistes soient
gazés. Les consœurs et confrères couvraient la caravane d’Ousmane Sonko
en direction du tribunal de Dakar », a dénonce la CAP qui n’a pas manqué
de déplorer les blessures de certains confrères.
Last but not least, la CAP a dénoncé la coupure des signaux des
chaines de télévisions Sen Tv et Walf Tv ainsi que les attaques contre
le Groupe GFM à Dakar et Mbacké.
Au regard de toute cette série d’agressions manifestes contre la
liberté de presse, des violations et tentatives de musellement de la
presse, la CAP demande la dissolution du CNRA et la mise en place de la
HARCA, nouvel organe de régulation dont le projet de loi est disponible
depuis des lustres.
Mieux, la CAP demande par ailleurs que le nouvel organe de
régulation, « Haute autorité de régulation de la communication
audiovisuelle », déjà théorisé, ne soit pas vidé de sa substance. « Nous
exigeons donc que son organe de direction soit désigné après une
sélection rigoureuse et l’établissement d’une short list à partir duquel
le Président de la République fera son choix. Ses membres doivent avoir
un mandat unique et bénéficier de l’inamovibilité. Le CNRA est dépassé
et une régulation plus large, est impérative dans le secteur des médias
», ont indiqué les journalistes. Lesquels sollicitent, dans le même
sillage, le vote d’une loi d’accès à l’information. Un instrument qui, à
les en croire, est indispensable pour promouvoir la transparence dans
la gestion des affaires publiques et un journalisme de faits plutôt que
de rumeurs et/ou de manipulations. « Cette loi est un engagement
souscrit par l’Etat du Sénégal dans le cadre de l’Union Africaine et un
critère éminent pour qualifier un pays de démocratique », ont rappelé
les associations de presse, regroupées au sein de la CAP.
La CAP demande sans délai une nouvelle loi sur la publicité et sur le
financement du service public de l’audiovisuel. Cela assurera aux
médias des ressources commerciales conséquentes, traçables et
équitables. La dernière loi sur la publicité date de 1983 et n’est
toujours pas appliquée.
Il faut rappeler qu’avant le démarrage de la conférence de presse, une minute de silence a été observée en mémoire aux victimes et enregistrés durant les séries de manifestations qui ont secoué notre pays ces jours derniers.