En Guinée équatoriale, des explosions dans un camp militaire font une centaine de morts
Le bilan provisoire fait également état de 615 blessés. Le
président Obiang a lancé un appel à la communauté internationale à
soutenir son pays.
De nombreux cadavres,
mais aussi des survivants, ont été extirpés des décombres, lundi 8 mars,
au lendemain de quatre terrifiantes explosions accidentelles ayant
ravagé un camp militaire et des quartiers alentours à Bata, en Guinée
équatoriale. Le bilan provisoire de ce drame est de 98 morts et 615
blessés au moins.
Trois enfants âgés de 3 et 4
ans ont notamment été extraits vivants des ruines d’habitations et
transportés à l’hôpital, selon la chaîne TVGE, qui dépend du ministère
de l’information.
L’inamovible président
Teodoro Obiang Nguema, 78 ans, qui dirige ce petit pays d’Afrique
centrale d’une main de fer depuis près de quarante-deux ans, a blâmé des
fermiers voisins pour un écobuage mal maîtrisé (une technique agricole
ancestrale aussi appelée « débroussaillement par le feu »). Le président
a aussi condamné la « négligence » des militaires chargés de surveiller
l’arsenal du camp de Nkoa Ntoma, dans la capitale économique du pays.
Le président Obiang a ordonné une enquête et « lancé un appel à la communauté internationale à soutenir la Guinée équatoriale ».
Les
très puissantes déflagrations, espacées de longues minutes en plein
après-midi, ont littéralement ravagé les édifices du camp abritant des
militaires des forces spéciales et des gendarmes, ainsi que leurs
familles, et éventré ou aplati d’innombrables maisons des quartiers
environnants. Dans la nuit de dimanche à lundi, des habitants de Bata
ont assuré à l’AFP que des édifices continuaient de se consumer et que
des détonations de faible puissance étaient encore perceptibles de temps
à autre. Une ambiance de chaos
«
Pour le moment, nous déplorons 98 morts et 615 blessés », a annoncé
dans la soirée sur son compte Twitter le vice-président en charge de la
défense et de la sécurité, Teodoro Nguema Obiang Mangue, fils du chef de
l’Etat. Toute la journée, les autorités étaient restées muettes,
jusqu’à l’annonce du vice-président, souvent présenté comme le dauphin
du président. Le ministère de la défense avait parlé, dimanche soir, de
20 morts et au moins 600 blessés.
« Mon oncle,
un officier du camp, vient de nous appeler pour dire qu’il avait
retrouvé ce matin les corps de cinq membres de sa famille entièrement
brûlés », témoigne pour l’AFP par téléphone un habitant de Bata qui a
requis l’anonymat.
« Nous n’avons pas dormi de
la nuit, des maisons ont continué de brûler toute la nuit et on
entendait encore des petites détonations ; les habitants des quartiers
situés dans un rayon de deux à quatre kilomètres du lieu des explosions
n’ont pas pu rentrer », assure à l’AFP un autre habitant contacté par
téléphone, Teodoro Nguema. La TVGE a diffusé en boucle des images de
secouristes ou simples civils extirpant des corps de ruines encore
fumantes. La veille, la chaîne avait montré de nombreux enfants, femmes,
hommes et vieillards fuyant, parfois portés ou claudiquant, dans un
paysage de désolation encore enveloppé d’épaisses volutes de fumée. Dans
un hôpital de Bata, de nombreux blessés, certains à même le sol et sous
perfusion, ont reçu de premiers soins dans une ambiance de chaos.
La
ville de Bata abrite environ 800 000 des quelque 1,4 million
d’habitants de ce petit Etat riche de son pétrole et de son gaz, mais où
la grande majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté. La
Guinée équatoriale est l’un des pays les plus fermés d’Afrique, voire du
monde et le régime de Teodoro Obiang Nguema est régulièrement accusé
d’atteintes aux droits humains par ses opposants et des organisations
internationales.