Espagne : La justice valide les refoulements automatiques de migrants illégaux
Le
Tribunal constitutionnel espagnol a approuvé jeudi les refoulements
automatiques de migrants clandestins des enclaves espagnoles de Ceuta et
Melilla, sur la côte du Maroc. Une pratique très critiquée par les
organisations de défense des droits de l’Homme.
Les
migrants clandestins des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, sur
la côte du Maroc, continueront à être refoulés automatiquement par les
autorités à leur arrivée sur ces territoires. Le Tribunal
constitutionnel espagnol, plus haute juridiction du pays, a en effet
approuvé, jeudi 19 novembre, la mise en place de ces pratiques en
validant la quasi-totalité de la loi sur la sécurité citoyenne de 2015.
L’une des mesures de cette loi permet de refouler de manière immédiate
les migrants clandestins qui traversent illégalement la frontière depuis
le Maroc.
Ces
refoulements sont l’objet de débats depuis plusieurs années. Ils sont
très critiqués par les ONG, qui y voient une atteinte au droit des
migrants à demander l’asile. Avant d’arriver au pouvoir en juin 2018,
les socialistes s’étaient de leur côté engagés à mettre un terme à ces
pratiques. Mais cette loi n’a, depuis, pas été réformée.
La
Cour européenne des droits de l’Homme avait par ailleurs annulé en
février une décision antérieure condamnant l’Espagne, validant ainsi ces
refoulements automatiques (appelés en Espagne « refoulements à chaud »).
« Attention spéciale » aux plus vulnérables
Ces
mesures de refoulements concernent exclusivement Ceuta et Melilla,
uniques frontières terrestres de l’Union européenne en Afrique, où les
arrivées de migrants ont chuté de 70% depuis le début de l’année par
rapport à la même période de 2019, pour atteindre environ 1 500.
Justifiant
sa décision, le Tribunal constitutionnel a estimé que ce « régime
spécial » appliqué à Ceuta et Melilla était « conforme à la doctrine de la
Cour européenne des droits de l’Homme ».
Mais
l’institution a précisé que ces expulsions devaient se faire en
respectant « les garanties » offertes aux étrangers par les normes
internationales adoptées par l’Espagne. Une « attention spéciale » doit
être portée aux plus vulnérables, comme les mineurs ou les femmes
enceintes, a-t-elle prôné.
Cette
mesure de refoulement automatique ne s’applique pas aux Canaries, où
plus de 16 700 migrants sont arrivés cette année. Soit onze fois plus
que durant la même période l’an dernier.