Projet Smart Sénégal (83 milliards) : La gestion déconnectée de Cheikh Bakhoum
D’un financement de 83 milliards pour une durée de deux ans, le
projet Smart Sénégal est en passe de devenir un vrai ‘’Smart Scandale’’
au vu de la gestion peu orthodoxe du directeur général de l’Adie. Cheikh
Bakhoum a passé outre la directive du président de la République de
mettre en place un comité de pilotage. Il gère en solo depuis 1 an et
deux mois.
Le
projet Smart Sénégal du nom de cette trouvaille du Président Macky Sall
pour connecter le pays tout entier à l’internet, fait parler de lui. Le
programme en question entre dans le cadre de l’initiative régionale
Smart Africa ; il est confié à l’Agence de l’informatique de l’Etat
(Adie).
Selon nos informations, le Directeur
général de l’Adie, Cheikh Bakhoum gère en ‘’solo’’, alors que le
président de la République avait demandé à ce que ce projet de 83
milliards de FCFA financé par la Chine (prêt concessionnel), soit géré
par un comité de pilotage.
Le comité, composé
de représentants des différents ministères et entités impliqués, devait
suivre Smart Sénégal pour « plus de transparence et d’efficacité », nous
souffle-t-on. Hélas le Dg de l’Adie, révèlent nos sources, pilote le
projet avec l’appui d’un cabinet d’intérim en lieu et place d’un comité
de pilotage dûment constitué.
Ce projet de
deux ans, qui a débuté en janvier 2019 « marche » ainsi, depuis un an,
sans comité de pilotage. Ce qui a suscité bien des interrogations quant à
la transparence de la gestion. Le principal partenaire technique de ce
projet est le géant chinois Huawei.
Bakhoum confirme le ‘’Smart scandale’’
Interpellé
par Seneweb sur cette gestion solitaire, Cheikh Bakhoum panique
d’emblée. « Qui vous a donné cette information ? Ça c’est une
information concernant l’Etat. Pourquoi vous donnez une information
comme ça ? Qui vous a donné cette information ? », insiste-t-il.
Le
Dg de l’Adie finit par lâcher la réponse : « pour le moment, dit-il, il
n’y a pas de comité de pilotage. On gère sectoriellement (sic) chaque
projet. Sur chaque composante (5 au total) nous travaillons avec les
points focaux. (…) Tous ceux qui sont recrutés dans le cadre du projet,
ils sont gérés par un cabinet d’intérim», avoue-t-il.
Pour
se dédouaner, Bakhoum fait porter la responsabilité à l’Etat. « Ce
comité de pilotage, c’est le gouvernement qui doit le mettre en place.
L’Adie est le bras technique. Il y a des possibilités qui sont en train
d’être discutées » assure-t-il. Pour un projet de deux ans qui a déjà
duré un an et deux mois avec 70% d’exécution, Il y a lieu de
s’interroger sur la pertinence de mettre en place un comité de pilotage à
ce stade.
Et d’après nos informations, l’Adie
n’est même pas le bras technique, mais le maitre d’ouvrage délégué
(Mod). On nous signale aussi que 7 représentants des ministères
concernés et de l’Artp avaient été nommés par décision présidentielle
pour faire partie du comité de pilotage que Bakhoum n’a jamais mis sur
place.
D’après notre source, ces derniers
refusent aujourd’hui de servir de caution morale à une gestion à
laquelle ils ne sont pas comptables.
Le projet en résumé
Pour
rappel, le programme Smart Sénégal vise à « déployer des
infrastructures réseaux et de télécommunications et de mettre en place
des plateformes technologiques afin de contribuer de manière
significative à l’amélioration des conditions de vie des populations à
travers une plus grande sécurité des villes et un accès à l’éducation,
la santé et l’information publique dans toutes les communes du Sénégal
».
Il est composé de cinq volets majeurs. Le
premier, Safe city, dont l’objectif est de renforcer la sécurité
publique par l’utilisation d’outils et procédés technologiques.
D’ailleurs, des caméras de surveillance sont en train d’être installées
un peu partout sur le territoire.
Il y a aussi
le volet smart Education qui vise « à moderniser les infrastructures
réseaux, de traitement et de stockage pour améliorer l’enseignement et
l’apprentissage dans les universités, les écoles élémentaires, les
collèges et lycées du Sénégal. Ce processus se traduira par la
connectivité et l’équipement de salles en dispositifs multimédias
contribuant à l’amélioration de l’apprentissage».
Le
volet smart Territoires, « consiste à fournir des services centrés sur
l’usager (citoyen, administrations et entreprises) par la construction
et l’aménagement de locaux dédiés appelés ‘’La Maison du Citoyen’’ dans
tous les départements du pays, soit un total de 45 maisons ».
S’agissant
des volets Câbles sous-marin et Smart Wifi, ils ont pour objectifs de
lutter contre l’enclavement numérique des territoires, d’augmenter la
capacité internet du Sénégal et de varier l’offre d’accès Internet pour
les fournisseurs d’accès internet (Fai).