COVID-19 : une potentielle immunité remise en cause par les cas de réinfection
COVID-19 : une potentielle immunité remise en cause par les cas de réinfection
Une étude parue dans The Lancet Infectious Diseases rapporte le cas d’un américain de 25 ans, ayant contracté deux fois la COVID-19 à quelques semaines d’intervalle. C’est la première fois qu’un cas de réinfection est identifié aux États-Unis. Au total, cinq cas de réinfection ont été confirmés à ce jour. Mais sachant que la maladie peut être asymptomatique, les réinfections pourraient être bien plus nombreuses qu’il n’y paraît. L’hypothèse d’une immunité durable est aujourd’hui vivement remise en cause.
Le jeune homme, originaire du Nevada, a été infecté par deux variantes distinctes du SARS-CoV-2, à seulement 48 jours d’intervalle. Mais contre toute attente, la deuxième infection était plus grave que la première et le patient a dû être hospitalisé et oxygéné.
Une cause encore indéterminée
Le 18 avril, le patient — qui n’avait aucun antécédent d’affections sous-jacentes, ni aucun trouble immunologique qui faciliterait une réinfection — est testé positif une première fois. Il présente alors quelques symptômes, typiques d’une infection virale (mal de gorge, céphalée, toux, nausée, diarrhée). Il est isolé, son état s’améliore rapidement, puis lors de son suivi, il est testé négatif à deux reprises au mois de mai (via un test d’amplification d’acide nucléique et via un test PCR).
Jusque-là en bonne santé, le 31 mai, il se présente aux urgences avec de nouveaux symptômes (fièvre, maux de tête, étourdissements, toux, nausées et diarrhée) ; une radiographie thoracique ne révèle rien d’inquiétant et le patient est renvoyé chez lui. Cinq jours plus tard, il consulte un médecin qui diagnostique une hypoxie : le jeune homme est envoyé immédiatement au service des urgences. Une analyse génétique a montré que ces deux infections successives avaient bien été causées par deux souches différentes du SARS-CoV-2, seul moyen d’affirmer qu’il s’agit bien d’une réinfection. Le cas positif secondaire s’est produit simultanément à un cas positif détecté chez un cohabitant du patient.
Quatre autres cas de réinfection ont déjà été confirmés, en Belgique, aux Pays-Bas, à Hong Kong et en Équateur. Pour trois d’entre eux, la seconde infection était moins virulente et les symptômes plus bénins (voire inexistants) ; mais le patient originaire de l’Équateur a, lui aussi, dû faire face à une deuxième infection plus sévère que la première.
Les chercheurs se sont penchés sur les raisons qui auraient pu conduire à cette seconde infection plus sérieuse. Ils suggèrent tout d’abord qu’une dose très élevée de virus aurait pu entraîner la réinfection et induire une forme plus grave de la maladie. Il est également possible qu’elle ait été causée par une souche du virus plus virulente. Troisième hypothèse : elle peut être due à un mécanisme de renforcement, via lequel des cellules immunitaires spécifiques équipées de récepteurs Fc — qui contribuent aux fonctions protectrices du système immunitaire — sont infectées par le virus en se liant aux anticorps eux-mêmes liés aux particules virales. Ce mécanisme a déjà été observé par le passé, avec le coronavirus du SARS-CoV-1.
Le séquençage du virus identifié chez l’individu cohabitant est également en cours pour déterminer son rôle potentiel dans la réinfection.