Audience Mansour Faye-Sonko : Le témoignage du magistrat Cheikh Issa Sall
Cité
comme la personne qui a joué le rôle d’intermédiaire pour l’audience
entre l’opposant Ousmane Sonko et le beau-frère du Président, Mansour
Faye, le magistrat Cheikh Issa Sall brise le silence. Dans cet entretien
exclusif accordé au groupe E-Media, l’actuel Directeur général de
l’Agence de développement municipale (ADM) livre sa part de vérité dans
cette histoire qui nourrit la polémique.
LES CIRCONSTANCES DE L’AUDIENCE
«Depuis un certain temps, on cite mon nom dans cette
affaire. Je suis un haut fonctionnaire. Je suis magistrat à la Cour des
comptes. Lorsque le ministre Mansour Faye a déclaré qu’un haut magistrat
était présent à cette audience, beaucoup ont pensé à moi. À l’époque,
j’étais le Secrétaire général de la Délégation générale de la Protection
sociale de la Solidarité nationale. Ousmane Sonko se trouve être mon
ami et mon camarade de promotion. Il m’avait sollicité pour une
préoccupation qu’il avait et pour laquelle seul le président de la
République pouvait faire quelque chose. Et pour voir le Président, il y a
des chemins officiels et des raccourcis. J’ai voulu l’aider à voir
rapidement le président de la République et on est passé par Mansour
Faye qui était (à l’époque) le Délégué général de la Protection sociale
et de la Solidarité nationale. C’était en 2013. Mansour Faye l’avait
reçu en ma présence. Il avait enregistré sa préoccupation qu’il avait
transmise au président de la République mais qui, malheureusement, n’a
pas été réglée. La préoccupation, il faut la demander à Ousmane Sonko.
Je suis là pour apporter la vérité sur l’audience. »
LES RAISONS DE SA SORTIE
« Pour ce qui concerne l’audience, je peux confirmer
qu’elle a bel et bien eu lieu dans les locaux de la Délégation générale
de la Protection sociale et de la solidarité nationale en ma présence.
Il y avait Ousmane Sonko et le ministre Mansour Faye. En quoi un citoyen
qui a une préoccupation se met à refuser, à nier sa possibilité ou non
d’être reçu par le président de la République tout en sachant que le
président de la République, ce n’est pas le président de l’Alliance pour
la République, ce n’est pas le président de Benno Bokk Yakkar ? C’est
le président de tous les Sénégalais. Il reçoit des lutteurs, des
chanteurs, des chefs d’entreprise, etc. Donc un citoyen qui voudrait le
voir doit pouvoir être honnête avec lui-même et dire : « qu’à un certain
moment, j’ai essayé de voir Macky Sall et il y avait Mansour Faye qui
était là pour me le faciliter ». Il ne devait pas y avoir de polémique
par rapport à cela. Par devoir de vérité, je me devais de venir dire,
affirmer et confirmer que l’audience a bel et bien eu lieu ».
LA POLÉMIQUE
« La deuxième chose, c’est que je crois que dans ce
pays-là, il faut qu’on arrête de terroriser intellectuellement les gens.
Depuis le démarrage de l’affaire, sur les réseaux sociaux, beaucoup de
responsables du Pastef se sont mis à m’insulter de manière
extraordinaire simplement parce que j’étais le facilitateur de cette
audience. Je crois que cette manière de faire de la politique doit être
bannie et ce terrorisme doit être combattu par tout le monde. Il
n’existe pas au Sénégal des fonctionnaires vertueux parce qu’ils sont
contre le pouvoir et des fonctionnaires malpropres parce que tout
simplement ils sont avec le pouvoir. Je crois que cette distinction doit
être également relativisée. Sonko je le connais bien. On a fréquenté
ensemble l’ENA. Je ne crois pas parce qu’il est de l’opposition qu’il
est meilleur que les hauts fonctionnaires qui ont choisi d’accompagner
le président Macky Sall. Cela, ses partisans doivent le savoir et
arrêter de terroriser les hauts fonctionnaires qui choisissent
d’accompagner le pouvoir. »
L’ENREGISTREMENT SONORE
« À l’époque, Mansour Faye ne connaissait pas Sonko.
Donc, la demande venait naturellement de Ousmane Sonko. Il faut que les
gens soient honnêtes. Ce qu’il faut, c’est une honnêteté intellectuelle
de tous les responsables politiques. Ousmane Sonko sait que l’audience a
eu lieu. Pourquoi il ne doit pas être honnête avec lui-même et avec les
Sénégalais pour reconnaître que l’audience a eu lieu ? Ce qui permet
d’enterrer cette affaire, c’est que Ousmane Sonko reconnaisse que
l’audience a bel et bien eu lieu. Il peut être mal à l’aise devant ses
partisans mais ça ne lui coûte rien de reconnaître cette audience. À
l’époque Ousmane Sonko n’était pas connu. Il n’avait pas d’aura donc, le
déroulement de l’audience n’avait pas été enregistré. Mais il y a un
élément sonore (récent) dans lequel Ousmane Sonko confirme l’audience. »