Joal: L’insoutenable peine d’une mère dont le fils est tué par un voleur
Après avoir dépouillé une dame de son téléphone, Moustapha Guèye tue le fils de celle-ci qui était à ses trousses.
Téning
Sène a la voix éteinte. Son fils Saliou Ndour, jeune pêcheur âgé de 20
ans, a été mortellement poignardé par un voleur qui s’était introduit
chez elle dans la nuit du vendredi au samedi dernier au quartier
Ndorong, à Joal. Le jour du drame, vers 4 heures du matin, Moustapha
Guèye, 35 ans, est entré dans leur maison alors qu’une pluie orageuse
s’abattait dans la ville.
«C’est un individu qui habite dans le quartier. Personnellement, je
ne le connais pas. Mais mes enfants le connaissent », confie-t-elle.
Elle révèle que l’agresseur a été repéré durant l’après-midi du jour du
drame dans les environs de sa maison. Téning Sène signale qu’une de ses
filles, Awa, qui n’était pas à la maison a appelé Oumy Sène (sœur de
Téning) à cet instant pour demander si la pluie n’avait pas fait de
ravage. «Ma sœur Oumy a ensuite pris son téléphone portable qu’elle a
placé sous son oreiller», note-t-elle.
Moustapha Guèye qui avait endommagé le portail de la maison en zinc,
s’était ensuite créé un passage en faisant un trou dans la clôture en
paille de la chambre. Il y est entré et s’est attaqué à Oumy Sène qui a
crié fort pour demander de l’aide. L’agresseur qui a sorti un couteau de
sa poche a voulu lui donner un coup à la poitrine. La lame du couteau a
sectionné le pagne de la dame en deux. Saliou Ndour qui dormait dans
une autre chambre est arrivé sur les lieux. Il a donné un violent coup
de poing à l’agresseur qui a pris la fuite. Téning Sène signale que
l’agresseur a été poursuivi par ses enfants jusqu’au canal du quartier.
«Saliou a été entrelacé par son moustiquaire. Sinon il aurait même pu
attraper l’agresseur.
Mais il a réussi à s’échapper», argue-t-elle. Quelques minutes plus
tard, au moment où les enfants de Téning essayaient de réparer la porte
endommagée, le voleur est revenu sur ses pas. Saliou Ndour est encore
reparti à sa poursuite. Ils se sont bagarrés. Moustapha Guèye a sorti
son couteau pour lui en asséner deux coups. «Mon fils est tombé par
terre. Il a commencé à se vider de son sang. Mes autres enfants l’ont
conduit au poste de santé du quartier. Les infirmiers de garde n’ont pas
voulu le toucher. Ils nous ont demandé de l’acheminer à l’hôpital de
Mbour», confie-t-elle.
«Les infirmiers nous ont abandonnés dehors, livrés à notre propre sort»
Téning Sène était finalement désemparée parce qu’il n’y avait à l’horizon aucun moyen de transport. «Les infirmiers nous ont abandonnés dehors, livrés à nous-mêmes. La pluie tombait sur mon fils qui était en train de mourir. Je n’en pouvais plus. Il était en train de me quitter. Il avait perdu trop de sang. Et la pluie continuait à s’abattre sur lui. Je voyais qu’il souffrait. J’ai couru jusqu’à la route bitumée. Quand j’ai vu une voiture arriver, j’ai hélé le conducteur. Mais j’ai eu l’impression qu’il ne voulait pas s’arrêter sous la pluie. Je me suis couchée sur la chaussée quitte à me faire écraser. Il a fini par s’arrêter. Je lui ai dit que mon fils a été poignardé et qu’il était mourant. Il a accepté de nous conduire à l’hôpital», signale-t-elle. Saliou Ndour va succomber de ses blessures lors de son évacuation. Son corps sans vie a été acheminé à la morgue de l’hôpital de Mbour pour autopsie. Après une courte cavale, Moustapha Guèye a été interpellé sur vers 6H du matin par les éléments de la Brigade de la gendarmerie territoriale de Joal.