Incendies en Californie: Trump attaqué sur le changement climatique
Attendu ce lundi sur la côte ouest, le président met en cause la mauvaise gestion des forêts pour expliquer les feux.
Les
responsables des Etats de la côte ouest américaine, ravagée par des
incendies record et meurtriers, accusaient dimanche Donald Trump de nier
le rôle du changement climatique, alors qu’il se prépare à se rendre
sur place lundi. Pour les autorités locales comme pour de nombreux
experts, l’ampleur de ces feux est indubitablement liée au changement
climatique, qui aggrave une sécheresse chronique et provoque des
conditions météorologiques extrêmes.
Ils ont
déjà fait au moins 33 morts depuis le début de l’été, dont 25 rien que
cette semaine dans les trois Etats de Washington, de l’Oregon et de
Californie. Mais des dizaines de personnes étaient toujours portées
disparues dimanche. Donald Trump, qui se rendra lundi en Californie, où
il rencontrera des responsables des services d’urgence, a de son côté
blâmé la gestion des forêts dans ces Etats contrôlés par ses adversaires
démocrates.
«La question, c’est
la gestion forestière», a-t-il lancé lors d’un meeting de campagne dans
le Nevada samedi soir, sans jamais mentionner le changement climatique.
«Rappelez-vous de ces mots, gestion forestière».
Mais
sur le terrain sonne un tout autre son de cloche. «Ce gouvernement se
met la tête dans le sable» sur la question environnementale, a accusé
dimanche matin sur CNN le maire de Los Angeles, Eric Garcetti. «Il ne
s’agit pas de gestion forestière ou de ratissage. Tous ceux qui vivent
en Californie se sentent insultés par cette affirmation.»
«C’est
rageant (…) d’avoir un président qui nie qu’il ne s’agit pas
seulement de feux de forêt, mais de feux climatiques», a abondé sur ABC
Jay Inslee, le gouverneur de l’Etat de Washington, où un mort a été
déploré. La situation y était encore «apocalyptique» dimanche, a-t-il
expliqué, alors que les incendies font toujours rage et que des milliers
de personnes y ont perdu leur maison.
Samedi,
Joe Biden, l’adversaire démocrate de Donald Trump pour la présidentielle
de novembre, était lui aussi monté au créneau. «Le président Trump peut
chercher à nier la réalité, mais les faits sont indéniables», a-t-il
déclaré dans un communiqué.
«Sous le choc»
Dans
l’Oregon, dix morts ont été recensés cette semaine, mais les autorités
se préparaient au pire une fois que les secours auront pu retourner dans
des zones encore inaccessibles. Près du Beachie Creek fire, à l’est de
la capitale de l’Etat, Salem, la police avait dressé de nombreux
barrages routiers dimanche, devant lesquels s’étendaient de longues
files de voitures patientant dans une épaisse purée de pois. Beaucoup de
ceux qui tentaient de rentrer chez eux étaient des agriculteurs voulant
nourrir leurs élevages.
«Nous sommes retournés
à Mill City ce matin, mais la police nous avait conseillé de ne pas le
faire car c’est dangereux», explique à l’AFP Elaina Early, une habitante
de cette petite ville traversée par les flammes. «La maison est debout,
mais nous repartons maintenant car les conditions ne sont vraiment pas
bonnes.» «Mon fils a 6 ans et il est sous le choc, c’est très dur pour
lui. Il n’arrête pas de me demander, »on vit dans un hôtel
maintenant? »», raconte la trentenaire.
Plus de
400.000 hectares sont partis en cendres dans l’Oregon, soit le double
de ce qui y brûle normalement chaque année, a souligné la gouverneure de
l’Oregon Kate Brown sur CBS dimanche. Environ 500.000 habitants sont
soumis à un niveau plus ou moins élevé d’ordre d’évacuation, et 40.000
personnes ont effectivement quitté leur habitation. «Cela doit nous
faire prendre conscience, à tous, que nous devons faire tout ce qui est
en notre pouvoir pour lutter contre le changement climatique», a-t-elle
déclaré.
Deux millions d’hectares
En
Californie, le bilan de la semaine est passé à 14 victimes des flammes,
dont 12 dans le seul comté de Butte, encore traumatisé par le souvenir
des incendies de novembre 2018 qui avaient réduit en cendres la ville de
Paradise. Huit personnes avaient déjà trouvé la mort dans les incendies
en août.
Plus de 16.000 soldats du feu
combattaient pas moins de 29 graves incendies dimanche dans le «Sunshine
state», où les feux ont déjà calciné 1,2 million d’hectares cette
année, un record.
Si l’on ajoute la végétation
brûlée dans l’Oregon et l’Etat de Washington, les incendies de forêt ont
consumé plus de deux millions d’hectares, alors que la saison des feux
ne s’achève en théorie qu’en novembre.
Et les
fumées dégagées affectent des zones immenses. Les villes de Portland,
Seattle et San Francisco figuraient parmi celles ayant le taux de
pollution les plus élevés du monde dimanche, selon le classement de la
société IQAir.
A Los Angeles, le maire a
annoncé la mise en place, dans les lieux publics de la ville, de centres
visant à «soulager de la mauvaise qualité de l’air».