Portugal : Lettre de soutien de collectifs et organisations du monde à un Sénégalais
Portugal : Lettre de soutien de collectifs et organisations du monde à un Sénégalais.
Plus de cent militants et universitaires et 25 collectifs et organisations du monde entier ont signé une lettre exprimant leur soutien à la lutte antiraciste du Sénégalais, Mamadou Bâ, des membres de SOS Racisme et des neuf autres personnes qui ont récemment été menacées par un mouvement néo-nazi. “Nous voulons exprimer notre solidarité avec le mouvement noir au Portugal”, lit-on dans leur lettre extenso.
Le racisme, l’état des lieux au Portugal…
“En Europe, la négation du racisme structurel est la règle et le Portugal ne fait pas exception. Les institutions et la société civile portugaises n’ont pas traité de manière adéquate l’histoire et l’héritage du colonialisme et de l’esclavage racial. Les plaintes pour discrimination raciale et crimes racistes font rarement l’objet de poursuites et le nombre de condamnations est très faible. Au cours des cinq dernières années, le renforcement des organisations antiracistes et du mouvement noir a déstabilisé les approches politiques conventionnelles du racisme institutionnel, de la violence raciste et du harcèlement racial.
…Avec le mouvement néo-nazi autoproclamé New Order of Avis
Dans ce contexte, les réactions du public aux rapports de violence policière et aux discours d’extrême droite se sont intensifiées. Le 11 août, le militant antiraciste Mamadou Ba et neuf autres personnes (militants antiracistes, antifascistes et LGBT, députés et dirigeants syndicaux) ont reçu un courriel envoyé par le mouvement néo-nazi autoproclamé New Order of Avis – National Resistance qui les menaçait, ainsi que leurs familles, de subir des conséquences s’ils ne quittaient pas le pays dans les 48 heures. En juillet, le siège du mouvement SOS Racisme à Lisbonne avait déjà été vandalisé avec un tableau au mur sur lequel on pouvait lire : “Guerre contre les ennemis de ma terre”. En août, trois jours avant l’envoi du courriel, un groupe de néo-nazis s’est réuni faisant allusion au KKK, avec des torches et des masques blancs.
Des néo-nazis et la police menacent Mamadou Ba
Mamadou Ba est un éminent défenseur des droits des migrants et membre de SOS Racisme depuis plus de deux décennies. Depuis 2012, il a reçu des menaces de la part de personnes et d’organisations néo-nazies et d’extrême droite qui se sont développées en 2019. Après un commentaire sur les réseaux sociaux en réponse aux commentaires de certains militants de gauche à la manifestation d’un groupe de jeunes, Mamadou Ba a utilisé l’expression “merde de flic” et dans les semaines qui ont suivi, il a été persécuté et harcelé par des membres de l’extrême droite. Deux syndicats de police (Associação Sindical dos Profissionais da Polícia et Sindicato Vertical de Carreiras da Polícia) ont déposé une plainte contre lui, l’accusant de diffamation.
Les discours de haine et autres harcèlements
Les discours de haine et le harcèlement sur les réseaux sociaux à l’encontre des militants noirs antiracistes sont devenus quotidiens ; certains dirigeants de syndicats de police sont membres de Chega – un parti d’extrême droite dont le député élu au Parlement, André Ventura, depuis les dernières élections législatives de 2019 – un ancien membre du PSD (Parti social-démocrate), un parti néo-libéral. Cependant, l’élection de trois femmes noires au Parlement, qui, bien que d’origines différentes, se sont toutes engagées dans la lutte antiraciste, a rendu le racisme structurel au Portugal encore plus explicite.
Mort à ce racisme
(…) Nous voulons exprimer notre soutien à Mamadou Ba et à sa famille, ainsi que notre solidarité avec le mouvement noir au Portugal. Nous soutenons les protestations et la mobilisation collective des mouvements et organisations antiracistes au Portugal. Nous joignons notre voix à la sienne contre le silence et le négationnisme. Nous ajoutons notre voix à leur appel à la responsabilité politique et juridique et à la nécessité d’actions concrètes pour transformer la réalité du racisme structurel au Portugal, qui s’exprime par la brutalité”.