Le plus jeunes candidat Maire au Sénégal …

Le plus jeunes candidat Maire au Sénégal …

Entretien avec le jeune candidat Maire qui veut briguer la municipalité de Pout, Pape Adama Diouf

Pape Adama DIOUF, Ingénieur des travaux en sciences agronomiques spécialité Agriculture, ancien président de l’Amicale des Élèves Ingénieurs de l’Institut Supérieur de Formation Agricole et Rurale (ISFAR) ex École Nationale des Cadres Ruraux de Bambey (ENCR), ancien membre de la coordination des présidents d’amicale de l’université de Thiès, Fondateur de la plateforme Politique des Acteur du Monde Urbain et Rural de POUT (AMUR/POUT), jeune candidat Maire pour les prochaines élections locales à POUT

* « Pape Adama Diouf l’officiel, Acteur du Monde Urbain et Rural ». Ce n’est pas une première, c’est un exercice que j’ai l’habitude de faire depuis des mois et je publie souvent des articles sur tout ce qui touche la vie des sénégalais.*

 Problématiques des politiques d’autosuffisance en riz au Sénégal :

La dépendance n’est bon en rien !

L’autosuffisance, la sécurité, voire même la souveraineté en denrée de première nécessité sont les plus grands baromètres d’un développement assuré et sécurisé. Le discours « passe partout » en terme de développement et prôné par nos gouvernants et aspirants gouvernants est : <<l’agriculture est le moteur du développement du Sénégal>>.

 Un discours tenu par les politiques depuis des lustres, et qui, jusqu’à présent n’est rien d’autres que du vent en termes de résultats à date échue, surtout ceux qui concernent la production du riz qui, jusqu’à nos jours demeure une denrée qu’on importe pour satisfaire les besoins annuelles de consommation des populations. Ainsi, les crises alimentaires de 2008 et de 2011 ont pointé du doigt la vulnérabilité du Sénégal, un grand consommateur de riz, dont la demande nationale est essentiellement couverte par les importations. Une situation de dépendance qui n’a pas d’avenir, car aujourd’hui, il n’y a que 4 à 7% de la production mondiale du riz qui est commercialisé sur le marché international, une quantité très minuscule dont la moindre restriction conduirait notre pays à une situation inconfortable. Par ailleurs, l’Asie qui nous dessert souvent en riz, pourrait devenir un importateur net du riz dans les prochaines années, en plus avec la conjoncture liée à la COVID 19, les pays exportateurs pourraient réduire voire même arrêter leurs exportations de riz, pour des raisons d’intérêts nationaux. Il urge donc, de bien produire, de mieux produire et de beaucoup produire, afin de sortir le Sénégal dans cette dépendance qui, non seulement rend davantage notre balance commerciale déficitaire, mais également, elle menace grandement le pouvoir d’achat des sénégalais, et l’exemple de la crise de 2008 en est une parfaite illustration, où le prix du riz parfumé était monté jusqu’à plus de 500 FCFA le Kg et celui de riz non parfumé atteignait plus 300 FCFA le Kg.

*Dès lors, un diagnostic sans complaisance s’impose sur les politiques agricoles au Sénégal et leurs problématiques, particulièrement sur la filière riz, qui est aux avant-postes des priorités du fait de la place de choix qu’elle occupe dans l’alimentation des Sénégalais.*

La grande question est de savoir, pourquoi le Sénégal, en dépit de toutes les politiques rizicoles initiées par les régimes devanciers, peine toujours à réussir le challenge de l’autosuffisance en riz ?

Pourtant nos voisins du Mali l’ont réussi. Qu’est-ce que le Mali à de plus que le Sénégal en terme de potentiel Agricole ? Est-il plus engagé que nous ? En tout cas, ils ont réussi une prouesse en atteignant un objectif qui, au Sénégal, se caractérise par une perpétuelle projection. La réalité est qu’aujourd’hui, le mali produit 2millions de tonnes de riz paddy chaque année, soit 1,4 millions de tonnes de riz blanc. Un résultat extraordinaire qui découle des efforts d’investissements pendant 7 longues années, où l’état Malien investissait chaque année 40 milliards rien que sur les aménagements. Certes la comparaison n’est pas raison, mais elle a toujours une valeur pédagogique.

Au Sénégal, des initiatives sur la production du riz ont transcendé tous les régimes, mais jusque-là, le bol de midi du Sénégalais dépend du riz importé. Par ailleurs, le besoin pressant en terme d’autosuffisance en riz s’est accentué le plus sous les magistères des présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall, que sous les régimes des présidents Senghor et Abdou Diouf. Ces derniers ont eu à initier des politiques sur le riz aussi bien en irriguée qu’en pluviale, notamment avec l’érection des barrages pour la maîtrise de l’eau, la création de la Société de Développement Rizicole du Sénégal, de la SAED, la venue de la Mission Agricole Chinoise (MAC) avec des antennes pour la riziculture à Toubacouta, Diaroumé et Guédé, l’implantation de la SODAGRI, la mise en place du projet Rizicole de Sédhiou, de la SOMIVAC, du programme de revalorisation des vallées fossiles, en plus des exploitations familiales implantées dans les différentes zones rizicultivables. Tous ces projets qui ont vu le jour entre les régimes de Senghor et de Abdou Diouf, ne sont pas parvenus à poser les balises du décollage de l’intensification de la production du riz au Sénégal et par ricochet, celles de l’autosuffisance en riz. Une situation qui est imputée à une volonté peu ferme sur les résultats en terme de politiques rizicoles, mais également à une gouvernance non axée sur une vision mâtinée d’une prospective dans la filière riz.

Sous le régime du président Abdoulaye Wade, le plan REVA (Retour Vers l’Agriculture) lancé en 2006, a été le révélateur de la prise de conscience de l’État du Sénégal sur l’importance et la nécessité de retourner à la terre qui est notre principale ressource naturelle. Ce plan reposait sur deux composantes à savoir, les pôles d’émergences intégrées et la promotion de l’initiative privée dans le secteur agrosylvopastoral, avec un programme spécial sur la filière riz. Le plan était pertinent et innovant en termes de développement agricole, et en termes de réponse à la problématique liée au chômage endémique des jeunes Sénégalais. Malheureusement, les résultats obtenus sont en deçà des objectifs fixés dans le plan, avec un niveau d’exécution de moins de 20%.

Le plan GOANA qui a été lancé en Avril 2008, et qui s’est enchevêtré avec le plan REVA, a suivi la voie des programmes devanciers en se manifestant par des objectifs non atteints. La GOANA avait un portefeuille très solide d’une valeur plus de 344 milliards, avec un objectif de production de riz qui était fixé à 1500000 tonnes de paddy, soient 1000000 tonnes de riz blanc pour des besoins d’une population de 13millions d’habitants à l’horizon 2012. Avec des dépenses publiques qui sont passées de 176 à 228 milliards en une année en faveur de la filière riz, la production du riz s’est largement accrue en passant de 193000 tonnes de paddy en 2007/2008 à 604000 tonnes de paddy en 2010/2011, faisant baisser les importations qui sont passées de plus de 1 millions de tonnes en 2007 à 650000 tonnes en 2010. Une dynamique prometteuse qui s’est muée en un renversement de la tendance, avec l’augmentation des importations atteignant plus de 800000 tonnes en 2011, et une baisse sur la production du riz en juin 2012, qui est évaluée à 32% par rapport à la production de 2010/2011, soient 410720 tonnes. Un résultat largement inférieur à la projection de la GOANA.

Sous le régime du Président Macky Sall, le Programme d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture Sénégalaise (PRACAS I) a été lancé avec une grande priorité sur la filière riz qui a emporté la cagnotte de 424,7 milliards de FCFA, et dont les objectifs étaient d’atteindre l’autosuffisance avec une production de 1600000 tonnes de paddy, soient 1080000 tonnes de riz blanc à l’horizon 2017. Ce programme a certes connu des bonds en avant en terme de superficie emblavée (de 108547 ha en 2013 à 305954 ha en 2017), et en terme de production, mais le constat est qu’à date échue, la production du riz est de 1011269 tonnes de paddy, soient 682605 tonnes de riz blanc, en lieu et place des 1600000 tonnes de paddy, soient 1080000 tonnes de riz blanc qui ont été prévues en 2017 (taux d’usinage 67,5%). Avec le PRACAS II, une nouvelle course vers l’autosuffisance en riz est enclenchée par le régime du président Macky Sall, pour la période de 2018 à 2022, avec un objectif de production qui consiste à doubler celle de 2017, en atteignant 2100000 tonnes de paddy en 2022. En faisant l’anatomie de la situation du riz au Sénégal depuis 2018, il ressort que les objectifs de production qui étaient fixés dans le PRACAS II, ont connu des ratés durant les deux premières années de mise en œuvre. En effet, pour un objectif de production de 1213523 tonnes en 2018, la production du riz en 2018 était de 1015000 tonnes, soient un déficit de 198523 tonnes. Le même scénario s’est produit en 2019, où, sur un objectif de production de 1466340 tonnes de riz paddy, on était à 1155337 tonnes, soient un déficit de 311003 tonnes. À ce rythme, est ce que l’an 2022 ne serait pas encore le début d’une nouvelle projection par rapport à l’atteinte de l’autosuffisance en riz au Sénégal ? Je vous laisse la réponse, chers lecteurs, chers spécialistes !

Où se trouve réellement le problème ? Est-il du côté des agronomes ? Je ne pense pas, parce-que la réalité est que le système de l’agriculture au Sénégal manque de personnel qualifié à tous les niveaux, aussi bien dans les services départementaux (SDDR) et régionaux (DRDR), que dans les structures de recherches (ISRA,CNRA,CDH etc.). Et ceci est lié entre autre au déficit de ressources humaines (ingénieurs des travaux en sciences agronomiques diplômés de l’ISFAR ex ENCR de Bambey, ingénieur agronome diplômé de l’ENSA, techniciens supérieurs de djibelor, technicien du CFPH et diplômés des universités). Une preuve que l’état ne recrute quasiment plus les ingénieurs et les techniciens dans le domaine de l’agriculture. Le dernier recrutement date depuis 2016, avec un nombre très réduit. Pourtant le président de la République dans ses discours, manifeste d’une façon routinière, sa volonté de faire de l’agriculture le moteur de la croissance économique du Sénégal. Sans les ingénieurs et les techniciens dans le domaine de l’agriculture, la croissance économique à travers l’Agriculture restera à jamais un rêve, car ils sont les principaux interlocuteurs des producteurs.

*Solution pour une autosuffisance en riz*

Force est de constater que malgré la non atteinte des objectifs d’autosuffisance en riz fixés par les régimes devanciers jusqu’à nos jours, des bonds en avant sont notés dans la filière riz en comparaison avec les régimes devanciers. Il faudra donc actionner les leviers de toute la chaîne de valeurs de la filière riz pour atteindre l’autosuffisance, et pour ce faire l’état doit :

ü recruter au niveau des structures de recherches (ISRA, CNRA) et au niveau des sociétés telle que la SAED, la SODAGRI etc, les ingénieurs et les techniciens qualifiés dans le domaine de l’agriculture ;

ü Appuyer les producteurs à travers une mécanisation adaptées aux différents types d’exploitations (la petite mécanisation pour les petites exploitations familiales et la grande mécanisation pour les grandes exploitations) ;

ü étendre les aménagements hydro-agricoles pour des emblavures plus grandes ;

Réhabiliter les aménagements et les infrastructures hydro-agricoles en état de dégradation ;

ü mettre en place des rizeries modernes et inciter les privées à y investir pour donner une valeur ajoutée au riz local ;

ü Éviter les coupes budgétaires qui souvent accablent la mise en œuvre des projets et programmes ;

ü Accompagner les producteurs dans la protection des cultures, surtout dans la lutte contre les oiseaux granivores qui engendrent des pertes annuelles estimées à 20 milliards ;

ü Faciliter l’accès à l’engrais et donner l’engrais aux vrais producteurs ;

ü Alourdir les taxes et les quotas aux frontières en période de pleine production du riz local, pour permettre aux producteurs nationaux de commercialiser leur riz;

En tout cas, le mot d’ordre dans la filière riz, c’est l’atteinte de l’autosuffisance en riz, car, c’est une question de souveraineté, une question de survie…

Le Sénégal a un potentiel Agricole énorme, qui, une fois valorisé, contribuerait d’une façon grandissante à l’augmentation de la contribution de l’agriculture dans le PIB, et réduirait considérablement le problème du chômage endémique des jeunes Sénégalais.

Cette non valorisation du potentiel agricole se manifeste, par :

§ des ingénieurs et des techniciens bien formés qui ne sont ni recrutés dans la fonction publique, ni accompagnés dans l’entrepreneuriat agricole;

§ des terres arables d’une superficie de 3800000 ha avec un niveau de superficies de maîtrise en eau qui est seulement d’environ 8% des superficies cultivées;

§ un disponible foncier de 385 ha pour 1000 habitants, qui est largement supérieur à celui de la moyenne mondiale dont le disponible foncier est de 86 ha pour 1000 habitants ;

§ des ressources en eau d’environ 35 milliards de mètre cube d’eau, dont 4 milliards en ressources en eau souterraine, avec seulement une mobilisation des ressources en eau souterraine de 5,5% ;

§ 250000 ha de champs irrigables dont 80000 ha seulement utilisés, la liste est loin d’être exhaustive…

L’heure n’est plus au discours pour l’agriculture sénégalaise, c’est le temps de l’action pour le secteur agricole, une action avec les vrais acteurs et pour les vrais acteurs.

Le véritable challenge c’est de produire pour nous et de produire pour les autres. Donc marchons vers l’autosuffisance, la sécurité et la souveraineté alimentaire en riz.

*Pape Adama Diouf, membre co-fondateur de la plateforme les Acteur du Monde Urbain et Rural, Ingénieur des travaux en sciences agronomiques spécialité Agriculture, ancien président de l’Amicale des Élèves Ingénieurs de l’ISFAR ex ENCR (2017/2018), ancien membre de la coordination des présidents d’amicale de l’université de Thiès.*

Souare Mansour

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