Mauritanie : Le président El Ghazouani nomme un nouveau gouvernement
Après la remise à la justice du rapport d’une commission parlementaire sur la gestion de l’ex-président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, l’actuelle présidence de ce pays du Nord-Ouest de l’Afrique a annoncé, dimanche 9 août, la formation d’un nouveau gouvernement.
La
présidence mauritanienne a annoncé la formation d’un nouveau
gouvernement dimanche soir, après un rapport parlementaire liant
d’anciens ministres à des affaires financières de l’ex-dirigeant Mohamed
Ould Abdel Aziz.
Adama Bocar Soko, le
secrétaire général de la présidence mauritanienne, a déclaré au cours
d’une conférence de presse dans la capitale Nouakchott que ce
remaniement allait donner aux ministres cités dans le rapport «?le temps
dont ils auront besoin pour prouver leur innocence?».
Le
président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani avait procédé
jeudi, sans en donner la raison, à un changement de Premier ministre et
annoncé un remaniement ministériel, au lendemain de la remise à la
justice du rapport d’une commission parlementaire sur la gestion de son
prédécesseur, Mohamed Ould Abdel Aziz.
Jusqu’à
l’annonce de dimanche, la présidence mauritanienne n’avait pas établi de
lien entre le remaniement et le rapport sur M. Aziz, au pouvoir de 2008
à 2019.
Gestion des revenus pétroliers
Parmi
les dossiers étudiés par les neuf membres de la commission
parlementaire, formée en janvier, figurent la gestion des revenus
pétroliers, la vente de domaines de l’État à Nouakchott, la liquidation
d’une société publique qui assurait l’approvisionnement de ce pays
sahélien en denrées alimentaires ou encore les activités d’une société
chinoise de pêche, Pully Hong Dong, selon des sources parlementaires.
Le
parquet d’un tribunal de la capitale a fait savoir mercredi qu’il avait
reçu le rapport. Il doit ouvrir une enquête au terme de laquelle une
instruction va être éventuellement ouverte et a promis des
investigations «?en toute impartialité?».
Quatre
ex-ministres ont été cités dans ce document, dont l’ancien Premier
ministre Ismaïl Ould Bedda Ould Cheikh Sidiya, remplacé jeudi.
Le
nouveau gouvernement reste néanmoins assez similaire au précédent?: 18
ministres ont été reconduits dans leurs fonctions. M. Soko a précisé que
le nombre des ministères avait été réduit à 22, certains ayant été
fusionnés.
«?Haute trahison?»
L’ex-président
mauritanien avait ignoré début juillet la convocation de la commission
parlementaire pour s’expliquer sur les dossiers donnant lieu à des
investigations, selon une source parlementaire.
Les
députés mauritaniens ont ensuite voté fin juillet une loi instituant
une Haute cour de justice chargée de juger le chef de l’État et des
ministres en cas de «?haute trahison?». La juridiction doit être mise en
place dans les prochains mois.
Un membre du
Parlement a assuré à l’AFP que cette initiative «?ne visait personne en
particulier?».Ce type de juridiction existait déjà en Mauritanie jusqu’à
une révision constitutionnelle en 2017, qui a entraîné sa dissolution.
Un
éventuel procès de l’ex-président Aziz se déroulerait devant la Haute
cour, après un vote des députés sur l’opportunité ou non de le juger.
«?La
prise en compte du dossier par le parquet est une phase traditionnelle
de la justice. Il faudra attendre la phase de l’instruction pour savoir
si le dossier sera retourné au Parlement, où il pourra faire l’objet de
remise à une commission d’instruction?», explique le constitutionnaliste
Lo Abdoul Gourmo.
«?Cette commission pourra
requalifier les faits. S’il s’agit de faits de haute trahison commis par
l’ancien président de la République, seule la Haute Cour de justice
restera compétente pour le juger?».
Le
président Aziz avait pris le pouvoir dans ce pays pauvre de 4,5 millions
d’habitants par un coup d’État militaire en 2008, puis remporté la
présidentielle en 2009, suivie d’une autre en 2014. Mohamed Ould Cheikh
El Ghazouani, qui lui a succédé en août 2019, fut son chef de cabinet et
ministre de la Défense.