(07 Photos) Levée du corps du journaliste Babacar Touré, fondateur du Groupe de presse Sud Com à l’hôpital Principal
Babacar Touré n’est plus ! Le fondateur du groupe Sud Communication BT, comme l’appelaient ses intimes a été une figure de proue de la presse privée sénégalaise. Sans occulter son rôle déterminant dans le processus de démocratisation au Sénégal et dans la sous-région.
L e Président Fondateur du Groupe Sud Communication n’est plus. Babacar Touré est décédé hier, dimanche 26 juillet, à l’âge de 69 ans à l’hôpital Principal de Dakar. Journaliste émérite, grand intellectuel, panafricaniste convaincu, BT, comme l’appelaient les intimes, était diplômé en 1979 du Centre des d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti). Il poursuivra ensuite ses études à l’Institut français de presse, puis au Centre de perfectionnement des communicateurs africains de l’Université de Montréal (Canada), au Michigan State University et au Kansas State University, aux Etats-Unis d’Amérique avant d’intégrer l’ONG Enda Tiers-Monde.
Apôtre d’une liberté d’expression en général et de la liberté de la presse en particulier, il finit par démissionner de cette ONG pourfonder avec quelques amis journalistes et anciens du quotidien national Le Soleil, dont Abdoulaye Ndiaga Sylla, Sidy Gaye et Feu Ibrahima Fall (Petit Chef), le groupe Sud Communication en 1985.
De Sud Hebdo, à Sud Quotidien en passant par Sud au Quotidien, Babacar Touré a participé à la formation et à l’encadrement de beaucoup de journalistes africains. Doté d’une culture générale hors du commun, rigoureux professionnel, homme de culture, Babacar Touré était un grand intellectuel dont les analyses et autres éditoriaux, étaient attendus, suivis par les différents régimes d’ici et d’ailleurs.
Homme de Gauche, BT fut
aussi membre fondateur de l’Union nationale des professionnels de
l’information et de la communication du Sénégal (UNPICS), ancêtre du
Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du
Sénégal (SYNPICS) dont il fut secrétaire chargé des relations
extérieures. Babacar Touré a aussi été membre du conseil
d’administration de l’Institut Panos, du Collège des conseillers
africains de la Banque mondiale, et coprésident de la Conférence
ministérielle Afrique/Etats-Unis, avec Madeleine Albright, ancienne
secrétaire d’Etat américaine.
Il avait également créé avec l’ancien président de la République du
Mali, Alpha Oumar Konaré l’agence africaine de presse. Membre fondateur
du Club de veille pour la démocratie et la bonne gouvernance en Afrique
et assistant de recherche au département de sociologie de l’Université
du Kansas-Lawrence (Etats-Unis), il avait réussi à mobiliser trois chefs
d’Etat en exercice lors de l’inauguration de la première radio privée
du Sénégal (Sud FM, Sen Radio). Il s’agit des Présidents Abdou Diouf
(Sénégal), Alpha Oumar Konaré (Mali) et Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya
(Mauritanie). De 2012 à 2018, il va diriger le CNRA en remplacement du
magistrat Nancy Ngom Ndiaye.
En ces douloureuses circonstances, nous republions des articles qu’il a écrits récemment, notamment dans la nouvelle rubrique (Passé/Présent), mais aussi à l’occasion des 25 ans de Sud Quotidien en mars 2011 et des 26 ans de Sud FM le 1er juillet dernier. Comme un adieu. Un testament.
REACTIONS… REACTIONS…
BABACAR DIAGNE, PRESIDENT DU CNRA : «On a perdu un grand monsieur, un militant, un combattant de notre presse»
C’était un professionnel hors pair. Et moi j’étais fasciné par sa
passion pour le journalisme, son engagement quotidien et son intérêt
permanent pourle devenir de notre presse. Il était de tous les combats.
Il me parlait du de la traduction numérique. Babacar n’a pas cessé de me
parler depuis que je l’airemplacé le 10 septembre 2018 et c’est lui qui
a fait appel à moi. J’étais ambassadeur du Sénégal en Gambie. On a
perdu un grand monsieur, un militant, un combattant de notre presse.
KHALIFA ABABACARSALL, ANCIEN MAIRE DE DAKAR : «Babacar fut d’abord un journaliste d’un professionnalisme exemplaire»
C’est avec une immense tristesse que j’ai appris la disparition de mon
ami Babacar Touré. S’il fut un grand Directeur de groupe presse, Babacar
fut d’abord un journaliste d’un professionnalisme exemplaire. Sous sa
conduite, le Groupe Sud Communication a joué un rôle déterminant dans la
constitution de l’espace public politique et la vitalité de la
démocratie de notre pays.
AMADOU
BA,MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DES SENEGALAIS DE L’EXTERIEUR :
«Notre pays vient de perdre l’un de ses fils les plus valeureux»
Je m’incline devant la mémoire de mon grand frère et ami. Babacar Touré,
un grand homme, courtois et brillant, un géant de la presse. Notre pays
vient de perdre l’un de ses fils les plus valeureux. Mes condoléances à
sa famille, à ses amis et au Groupe Sud Communication. Que son parcours
inspire les plus jeunes acteurs de la presse.
ABDOULATIFCOULIBALY, ANCIEN DESUD : «J’ai perdu un grand frère»
J’ai eu le privilège d’être son collaborateur, son ami. Il disait
d’ailleurs que Latif ce n’est pas mon ami, c’est son grand frère ; c’est
Cheikh Tidiane Coulibaly qui est mon ami parce qu’il est de mon âge
mais lui, c’est mon petit frère que j’ai choisi. Je connaissais
profondément qui était Babacar Touré. Je l’ai connu professionnellement
parlant, humainement parlant, socialement parlant. Je l’ai connu
professionnellement parlant. Je suis fier de dire partout que j’ai été
l’élève de Babacar Touré. Si j’ai était un à qui on a pu donner des
qualités, je le dois certes à mon travail personnel mais je le dois
aussi à l’encadrement de Babacar Touré. J’ai eu le privilège dès la mise
en place du projet Sud Quotidien, la première réunion j’étais présent,
j’étais comme le secrétaire de séance, j’étais le plus jeune et il m’a
fait confiance. J’ai perdu un grand frère.
ABDOULMBAYE, ANCIEN PREMIER MINISTRE : «Il y’a toujours eu en lui ce souci de l’intérêt général»
« J’apprends avec peine le décès de Babacar Touré. Je l’ai tôt connu,
défenseur des intérêts d’une coopérative d’habitat que la banque que je
dirigeais, finançait. Il y a toujours eu en lui ce souci de l’intérêt
général et sa contribution à l’éclosion d’une presse libre au Sénégal
est incommensurable. Je présente mes condoléances à sa famille de Sud et
à l’ensemble de la presse ainsi que sa famille».
ELHADJ
KASSE,CONSEILLER DU CHEF DEL’ETAT : «Babacar Touré était un leader,
quelqu’un qui était capable de rassembler des profils différents»
J’ai commencé ma carrière professionnelle à Sud où j’ai été accueilli
par Babacar Touré entre autres mais il avait une sympathie au point que
la différence d’âge on avait des relations très amicales, très
fraternelles au point qu’après le bouclage du journal, on est souvent
allés ensemble dîner. Nous avions une relation professionnelle mais
aussi une relation intellectuelle et ce que j’ai retenu de Babacar
Touré, c’est trois à quatre dimensions. Pour moi, ce sont des dimensions
qui font d’un parcours, un parcours exceptionnel. Babacar Touré,
c’était un leader, quelqu’un qui était capable de rassembler des profils
différents. Sud était un creuset de journalistes professionnels,
sociologues, professeurs de Lettres, d’historiens, de politologues,
d’économistes, d’écrivains mais Babacar a pu exercer une magistrature de
leadership pour rassembler tous ces profils. La deuxième dimension,
c’est la dimension intellectuelle. La troisième dimension, c’est que
Babacar Touré était au cœur des mutations de sa société, la société
sénégalaise, de l’Afrique et du monde. Il a été d’un apport certaines
centrales syndicales mais également dan l’accompagnement de certaines
organisations patronales. La quatrième dimension, c’est la dimension du
panafricaniste. Sud a été un creuset panafricaniste, des gambiens, des
burkinabés, des maliens, des mauritaniens.
ABDOULAYE BATHILY: «Le Sénégal a perdu une de ses voix les plus rares»
« Je viens d’apprendre avec une profonde consternation le décès de
Babacar Toure Président Fondateur du Groupe Sud Communication. Sa
contribution aux luttes pour la démocratie dans notre pays est
incommensurable. Avec le Groupe Sud, il a été le pionnier de la presse
indépendante et professionnelle dont l’exemple a rayonné dans beaucoup
de pays du continent brisant le monopole des médiats d État, citadelles
de la pensée unique et de l’intolérance . Le Sénégal perd une des voix,
de plus en plus rares, qui font une autorité morale de dimension
nationale éclairée . Adieu Babacar , Adieu l’ami, Adieu frère, Adieu
camarade, tu as accompli ta mission avec honneur et dignité, comme par
prémonition, je te le disais encore il ya moins de dix jours ! Repose
dans la paix éternelle
AMADOU KANE, ANCIEN PDG DELA BICIS ET ANCIEN MINISTRE
«Avec le rappel à Dieu de BABACAR Touré, notre Nation perd un de ses
plus brillants, pertinents et courageux fils, à la fois patriote
jusqu’au bout des ongles, profondément africain et honnête citoyen du
monde. La disparition de Bab’s ampute notre Génération à nous d’un de
ses plus illustres représentants qui aura contribué décisivement à
installer la liberté de la presse et la démocratie au Sénégal et dans
toute la sousrégion. Ce ne sont pas seulement ses saillies lumineuses et
la finesse de ses analyses qui nous manqueront, mais également sa
gouaille sans pareille et, par dessus tout, son extraordinaire sens de
l’amitié ! Awa Mbow mon épouse se joint à moi pour présenter à la
famille de Babacar et au Groupe Sud nos condoléances émues et très
attristées. Qu’il repose en paix dans les paradis les plus élevés de
notre Seigneur.
ALIOUNE TINE «Un véritable coup de tonnerre…»
Le rappel à Dieu de Babacar Touré, fondateur du groupe Sud
Communication, a été décrit comme « un véritable coup de tonnerre », a
réagi Alioune Tine sur Twitter. L’ancien secrétaire général de la
Rencontre africaine pour la défense des droits de l’- Homme (Raddho) de
poursuivre en notant que « le décès de Babacar Touré est une perte
immense pour le Sénégal et l’Afrique, leurs leaders politiques et
intellectuels, un humaniste absolu avec une identité narrative inédite,
doué de tous les talents ». « Nous partageons la tristesse du groupe Sud
communication, la tristesse de toute la presse. Babacar Touré était un
vrai visionnaire, une intelligence pratique perpétuellement en éveil. Un
des promoteurs de la démocratie en Afrique » a-t-il conclu.