Hausse des tarifs : Tirs groupés contre Orange
En procédant à une
hausse des prix, Orange a manqué à son devoir d’accompagner l’Etat à
encourager le télétravail afin de lutter contre la pandémie de Covid-19.
La multinationale française, accusée de n’être intéressée que par des
dividendes, fait l’objet de vives critiques et d’appels à un
déménagement massif.
Depuis
quelques jours, Orange occupe le devant de l’actualité, et pas de la
meilleure des manières. Sous prétexte de nouvelles offres, l’opérateur
dominant a procédé à l’augmentation de ses tarifs. A titre illustratif,
d’un forfait de 5 900 F Cfa pour 14 Go et 900 mn d’appel tous réseaux,
on passe à 4 500 pour 5 Go et 300 mn d’appel. Ainsi, avec 1 400 F Cfa de
moins, la Sonatel divise par trois les volumes d’appel et de connexion
de ses clients.
Une
décision qui a suscité l’indignation du côté des consommateurs et des
associations. Sur les réseaux sociaux, les appels au boycott se
multiplient. Du côté des associations, on dénonce fortement cette
mesure. «Nous estimons que c’est une décision inopportune pour deux
raisons. D’abord, nous sommes dans un contexte où les Sénégalais ont
plus besoin d’accès à internet. Partout dans le monde, les opérateurs
sont en train de collaborer avec les gouvernements pour promouvoir le
télétravail. Au-lieu d’accompagner l’Etat, Orange préfère augmenter les
tarifs », regrette Ndiaga Guèye, président de l’Association des usagers
des Tics (Asutic), joint par Seneweb.
La
deuxième raison, d’après Guèye, tient au fait que l’opérateur français a
toujours fait un plaidoyer pour dire que les fréquences coûtent cher.
Ce qui explique, d’après l’opérateur, la cherté des prix. « En novembre
et décembre 2019, le gouvernement a baissé les fréquences de 20 à 30%.
L’Etat a donc cédé des milliards aux opérateurs. Cette baisse devait
être répercutée aux consommateurs », ajoute-t-il.
Ainsi,
cet interlocuteur pense que la logique de Orange reste ses revenus.
C’est le seul indicateur qui compte. « Il n’y a que sa valeur en bourse
qui l’intéresse », renchérit-il.Utiliser le service de la portabilité
Même
regret du côté de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen).
« Quand des changements ont été annoncés, on espérait que ce serait au
bénéfice des consommateurs. Mais avec Orange, on se rend compte que ce
sont toujours les actionnaires qui comptent. La priorité est accordée
aux dividendes », dénonce au téléphone Momath Cissé, vice-président de
l’Ascosen.
Quant
à Me Massokhna Kane, ses mots sont encore plus durs. Pour lui, Orange
s’inscrit dans sa tradition. « C’est banditisme économique, une
spéculation éhontée, toujours avec la tolérance ou la complicité de
l’Etat qui est un actionnaire. Orange a déjà 200 milliards de bénéfice,
ce qui est usuraire », peste au bout du fil le président de Sos
consommateurs.
Face
à cela, les associations ne demandent rien d’autre aux usagers que de
prendre leurs responsabilités. Que ce soit Asutic, Ascosen ou Sos
consommateurs, l’appel au déménagement est général. « Nous demandons aux
consommateurs de voir qu’il y a d’autres opérateurs. C’est à eux de
faire jouer la concurrence », recommandent Momath Cissé.
Le silence du régulateur
Ndiaga
Guèye rappelle les Sénégalais que depuis 2015, l’Etat a instauré une
loi sur la portabilité qui permet de migrer vers un autre opérateur tout
en conservant le même numéro. « Les consommateurs peuvent imposer leur
diktat. Nous leur recommandons de changer d’opérateur ».
Mais
pour que ça soit plus efficace, Me Massokhna Kane invite les usagers à
une action collective à la place des réactions individuelles. Pour lui,
il ne sert à rien de s’indigner et de ne pas porter la réplique à
Orange. « C’est la deuxième augmentation depuis le début de l’année. Il
faut que les gens se mettent ensemble et ne pas se limiter à rouspéter
sur les réseaux sociaux ».
Outre
le consommateur, l’Etat est aussi interpellé à travers le régulateur.
Si Ndiaga Guèye n’attend rien de l’Autorité de régulation des
télécommunications et des postes (Artp), Me Massokhna Kane et Momath
Cissé eux invitent le gendarme des télécoms à prendre ses
responsabilités. L’avocat demande aussi à la concurrence d’en profiter
pour faire des offres intéressantes pour les consommateurs afin de les
attirer.
Seneweb a contacté Orange dans le cadre de ce papier. 24 heures après, nous attendons toujours les réponses.