Commentaire : «Si Mamadou Dia était encore en vie…» Par Salla GUEYE
18 juillet 1910-18 juillet 2020. En ce samedi, il
aurait soufflé sa 110eme bougie. Hélas ! Mais Mamadou Dia, ce «grand
baobab habité par un peuple d’oiseaux», pour reprendre l’expression
chère à Joseph Ki Zerbo, est considéré comme l’autre père de
l’indépendance sénégalaise.
Pourtant,
en politique, il n’était pas du tout poisson dans l’eau, il étouffait,
manquait d’oxygène en ces lieux empuantis par l’odeur pestilentielle du
péché de l’indifférence, de l’incurie et de ce manque criard de souci
moral pour son prochain.
Pour
pardonner douze années de déportation loin des siens, il faut plus
qu’une vie et de simples convictions politiques. Mamadou, «le premier
Maodo», n’est pas en ces lieux où on le cherche, ce banal militantisme,
cet engagement d’écolier, il possédait sans nul doute une dimension
spirituelle intemporelle qui réside dans son impétueux désir de bien
faire et d’améliorer les choses.
S’il
était encore en vie, quel message adresserait-il à la classe politique
actuelle? Dommage ! Son anniversaire est, aujourd’hui, célébré par peu
de compatriotes, dans un contexte où sa patrie qu’il aimait tant, aurait
le plus besoin de lui, ou plutôt de quelqu’un comme lui.
Dans
son cher pays, les bonnes références sont de plus en plus rares, les
comportements ont complètement changé, le ‘’masla’’ gangrène la société,
les jeunes sont déboussolés, la politique, elle, n’est plus ce qu’elle
était aux temps de Dia. L’espace politique sénégalais, tel un
capharnaüm, est devenu le théâtre de l’insulte et de l’invective. Le
débat politique est d’un niveau très affligeant. C’est un déversement
d’insanités et de polémiques inutiles. Et la parole est,
malheureusement, donnée à qui sait le mieux insulter, déterrer des
cadavres, détourner des deniers ou spolier nos terres.
Ceux
qui se réclament responsables politiques, en théâtreuses confirmées,
jouent pitoyablement dans un registre fade, des scènes qui donnent le
tournis tellement elles sont ordinaires, voire banales et insensées.
Pathétique !
Si Dia était encore en vie, il aurait dû avoir beaucoup de peines à reconnaître son pays. Sa très chère nation !
Mais
comme le Bon Dieu en a décidé ainsi, un ultime appel est donc lancé à
l’endroit des personnalités publiques pour qu’elles s’inspirent, enfin,
de ce baobab. L’arbre-roi de la savane, symbole de longévité et de force
totémique, cet arbre emblématique qui ne change pas quelle que soit la
saison. Celui qui offre le gîte, le couvert et la liberté à tous «ses
enfants». Pour refléter cette grande figure qui ne transhumera pas selon
la position du pouvoir et de la gloire. Mais qui mourra digne,
défendant, sans faille, les principes qui fondent notre jeune République
: le Sénégal