Washington a perdu la trace de 715 millions de dollars d’armes en Syrie
Un rapport du département de la Défense estime que des milliers d’armes fournies par les États-Unis à leurs alliés sont «vulnérables à la perte ou au vol».
Il faut espérer qu’elles ne tombent pas – ou ne soient pas déjà – tombées entre de mauvaises mains. Le Pentagone a publié mardi 18 février les résultats d’un audit accablant qui révèle que le gouvernement américain n’avait pas «rendu compte», d’un point de vue comptable, de 715,8 millions de dollars d’armes allouées à leurs partenaires en Syrie dans le cadre de la lutte contre Daech.
«Sans registres de compte précis (…), le personnel (…) pourrait avoir commandé du matériel (…) déjà en stock, ce qui risque de représenter des dépenses inutiles (…) et de surcharger l’entrepôt [situé] au Koweït», peut-on lire dans le rapport de l’Inspecteur général du Département de la Défense. L’argent en question alimentait le Fonds de formation et d’équipement contre l’État islamique d’Irak et de Syrie (CTEF) pour l’exercice 2017-2018. Le ministère a demandé 173 millions de dollars pour couvrir l’équipement des alliés syriens pour l’exercice 2020.
En Syrie, les États-Unis sont intervenus directement contre les djihadistes de l’État islamique, mais ont aussi parrainé depuis 2015 des combattants locaux, principalement kurdes, au sein d’une coalition baptisée «Forces démocratiques syriennes» (FDS). Précédemment, Washington avait également aidé et équipé certains groupes rebelles en conflit depuis 2011 avec le régime syrien, qui a aujourd’hui repris l’essentiel du contrôle du pays. Pour équiper leurs 60.000 ou 70.000 hommes présents au Moyen-Orient, ainsi que leurs alliés sur place, les États-Unis disposent de nombreuses bases navales et aériennes dans le golfe Persique – notamment au Koweït, cité dans le rapport – et dans le golfe d’Oman.