Tests virologiques ou sérologiques : quand faut-il se faire dépister et comment?
« Se faire tester au moindre doute. » Mardi, dans son point régulier
sur la crise sanitaire, le directeur général de la Santé, Jérôme
Salomon, a précisé la stratégie française en matière de tests pour
lutter contre le coronavirus. Le dépistage est l’outil privilégié par le
gouvernement dans son plan de déconfinement, pour repérer et isoler les
nouveaux malades. Mais entre les différents types de tests, il y a de
quoi s’y perdre. Tout le monde doit-il se faire tester et comment? Le
JDD fait le point.
Les tests virologiques : un recours « au moindre doute »
De quoi s’agit-il?
Les
tests virologiques, dits PCR, permettent de détecter la présence du
virus. Ils répondent à la question : « Suis-je atteint par le Covid-19? »
et sont privilégiés pour casser la chaîne de transmission.
Ces
outils consistent en un prélèvement dans le nez, pour repérer le génome
(l’information génétique) du virus. Ils sont réalisés à l’aide d’un
écouvillon, une sorte de long coton-tige inséré dans les narines.
Qui doit se faire tester?
Les
tests PCR sont vivement conseillés pour toute personne qui présente des
symptômes du Covid-19. « Au moindre symptôme, dès que vous vous posez la
question : ‘Suis-je atteint par le coronavirus?’, il est indispensable
de prendre rendez-vous sans délai avec votre médecin pour qu’il puisse
décider avec vous s’il doit vous prescrire un test », a précisé Jérôme
Salomon mardi. Et de détailler la longue liste de signaux : fièvre, maux
de tête persistants, toux, perte soudaine de l’odorat ou du goût,
courbatures, fatigue, diarrhées et même éruptions cutanées.
Doivent
aussi se faire tester les « cas contacts », c’est-à-dire les personnes
qui ont vu un malade, « 7 jours après le dernier contact ». Il peut s’agir
des membres du foyer, de collègues de travail ou d’amis par exemple.
Autre
cas de figure : les clusters. Face à un foyer de contamination, les
autorités sanitaires peuvent décider de procéder à un dépistage massif,
comme cela a été fait mardi dans un abattoir breton des Côtes-d’Armor
par exemple.
Comment se faire tester?
Les
tests PCR coûtent 54 euros et se réalisent en CHU ou en laboratoire
d’analyses médicales. Lorsqu’un patient ressent des symptômes, le
médecin peut alors lui fournir une ordonnance pour obtenir un
rendez-vous et être remboursé.
Après accord du
malade concerné, le médecin ou les services de l’Assurance maladie sont
censés prévenir tous les cas contacts. S’ils sont enregistrés dans le
logiciel de l’Assurance maladie, ceux-ci pourront effectuer un test sans
avoir besoin de prescription. Une carte des sites de dépistage est
disponible sur sante.fr ainsi qu’un numéro en cas de difficultés à
joindre un médecin, le 0 800 130 000.
Les tests sérologiques : pas de dépistage généralisé à ce stade
De quoi s’agit-il?
Les
tests sérologiques sont des analyses sanguines qui permettent de
détecter la présence d’anticorps, que le corps fabrique après avoir été
en contact avec le virus. Ils répondent à la question : « Ai-je été
atteint par le Covid-19? » et sont privilégiés pour compléter un
diagnostic et assurer la surveillance épidémiologique du virus.
Ces
anticorps n’apparaissent pas dans les premiers temps de la maladie,
mais plutôt dans les « deux ou trois semaines », selon le ministre de la
Santé, Olivier Véran, mardi. Les tests sérologiques recherchent les
anticorps IgM (qui apparaissent en premier) et IgG (qui surviennent
plusieurs semaines après la contamination).
Qui doit se faire tester?
Pour
le moment, ces tests sont seulement conseillés pour une partie de la
population. Les soignants, qu’ils exercent en hôpital, en Ehpad ou
encore en établissement médico-social, pourront être dépistés « à compter
de la semaine prochaine », a indiqué Olivier Véran mardi à l’Assemblée
nationale. « Le personnel qui travaille dans le domaine de l’hébergement
d’urgence » et le personnel de « lieux d’hébergement collectif » de type
prisons, casernes ou résidences universitaires sont aussi concernés.
L’objectif est d’aider à cerner le statut immunitaire d’un groupe donné.
Les
tests sérologiques peuvent aussi être prescrits en complément d’un test
PCR, pour aider le médecin à confirmer un diagnostic. Olivier Véran
cite par exemple « les personnes pour lesquelles le résultat du test par
virologie est négatif, en contradiction avec le tableau clinique ».
Comment se faire tester?
Les
tests sérologiques se pratiquent en laboratoire. Ils ne sont remboursés
que s’ils s’accompagnent d’une prescription médicale. Leur prix est
variable et peut atteindre plusieurs dizaines d’euros.
Déjà
disponibles en laboratoire, ces outils ne sont pas encore certifiés. La
Haute Autorité de Santé doit bientôt définir ses critères de fiabilité.
Il peut s’agir de prises de sang (tests « Elisa »), de tests de
diagnostic rapide (TDR) grâce à une goutte de sang prélevée sur le doigt
ou encore d’autotests. Concernant ces derniers, la HAS juge dans son
dernier avis leur utilisation « prématurée ».
Peut-on se faire tester si on pense avoir eu le Covid-19?
Pour
ceux qui ont ressenti les symptômes du Covid-19 mais n’ont pas été
testés, il est tentant de vouloir recourir à un prélèvement sanguin afin
d’en avoir le coeur net. Les laboratoires décrivent d’ailleurs une ruée
vers ces outils de dépistage depuis le début du déconfinement.
En
pratique, cette démarche est possible mais non remboursée. Et, en
l’état actuel des connaissances, elle n’aurait pas forcément d’autre
utilité que de satisfaire la curiosité. En effet, ces tests ne répondent
pas à trois questions : « Suis-protégé contre le Covid-19? Si oui,
pendant combien de temps? Suis-je contagieux? » Autrement dit, ils ne
peuvent pas être considérés comme un « passeport d’immunité » qui
permettrait de ne plus respecter les gestes barrières et la
distanciation physique.