Chéri Coco’’, le beau succès d’Amira Abed, remake d’un morceau-culte presque cinquantenaire
La jeune chanteuse Amira Abed a été la
révélation artistique du mois d’avril, avec le single ‘’Chéri Coco’’,
un classique qu’elle a remis dans les oreilles, quarante-huit ans après
que l’original a été chanté par Pape Djiby Bâ.
La Sénégalaise âgée de 20 ans, avait été recalée en mars 2018 au ‘’Rani
Super Band’’, un concours national de chant organisé par une marque de
boisson pour détecter la ‘’révélation musicale de demain’’.
‘’J’ai été recalée parce que je ne comprenais pas wolof. Sur scène, j’ai
oublié les paroles. Le morceau ‘Chéri Coco’ m’a été imposée par les
organisateurs, et la société Prince Art. Je me suis alors lancé comme
défi d’apprendre correctement cette chanson’’, explique-t-elle dans un
entretien téléphonique avec l’APS.
Après l’échec au concours, Amira Abed, née de parents métisses
(arabo-peulh), se met au travail, dans le but de chanter dans un bon
wolof ce tube-culte des années 70, pour bercer les nostalgiques de sa
douce voix, qui fait valser entre ‘’l’innocence et la bienveillance’’ –
selon ses termes.
‘’Un nouveau rythme, un style tonique‘’
Bien que née au Sénégal, les railleries que lui valent son wolof ‘’très
calamiteux’’ la poussent à parler peu cette langue. Mais le défi sera
relevé deux ans plus tard, avec la sortie, le 14 avril dernier, du
single ‘’Chéri Coco’’, chanté dans un style R&B dont la composition
musicale est signée Hakim.
‘’Le but était, affirme son producteur, Hakim, de nous replonger dans la
nostalgie du groupe ‘Star Band de Dakar’, une belle manière de leur
rendre hommage et de connecter la nouvelle génération à l’ancienne.’’
‘’Amira Abed remet au goût du jour un vieux succès musical, sur un
nouveau rythme et avec un style tonique, différent des sonorités blues
de son créateur, Pape Djiby Bâ’’, commente le journaliste Jean Meïssa
Diop, se réjouissant de la reprise, par la jeune chanteuse, des paroles
de cette chanson d’amour.
Le célèbre tube est l’œuvre de Pape Djiby Bâ, qui l’a chanté à l’âge de
14 ans, à l’entame de sa carrière musicale avec le groupe ‘’Star Band de
Dakar’’, dirigé par le producteur Ibra Kassé – le père des chanteurs
Alioune et Ndèye Kassé. Le leader du groupe ‘’Super Etoile’’, Youssou
N’Dour, âgé de 15 ans à cette époque-là, était membre de ce groupe.
‘’Du fait de la voix fluette et féminine de Pape Djiby Bâ, certains
croyaient que ‘Chéri Coco’ était chanté par une femme’’, se rappelle
Jean Meïssa Diop, longtemps chef du desk culture du journal Wal Fadjri,
devenu WalfQuotidien.
‘’Coïncidence donc, si ce morceau est repris par une jeune fille’’,
laisse entendre Diop, soulignant qu’‘’un succès musical n’est grand que
quand il est revisité ultérieurement par d’autres musiciens’’.
Pape Djiby Bâ s’est réjoui de la reprise de son titre, qu’il a
découverte à travers les ondes des radios et les réseaux sociaux. ‘’J’ai
eu des frissons en écoutant cette nouvelle version de ‘Chéri Coco’. Je
la félicite et l’encourage, cela prouve que le Sénégal est un pays de
culture’’, a-t-il dit à l’APS.
‘’Je chantonne depuis que j’étais toute petite‘’
Amira Abed, elle, veut continuer à assouvir sa passion musicale. Une
passion qui l’anime depuis des années, qu’elle hérite de ses parents
accros à la musique occidentale. ‘’Je chantonne depuis que j’étais toute
petite, je m’amusais à reprendre les chansons…’’ se souvient-elle.
Amira Abed a intégré, à l’âge de 15 ans, la chorale du lycée
d’excellence Thierno-Seydou-Nourou-Tall, à Dakar. Le morceau ‘’Jaloux’’,
de l’auteur, compositeur et interprète français Dadju, a été sa
première reprise.
‘’J’ai participé à un concours où il fallait reprendre le morceau
‘Jaloux’ de Dadju, en prélude à un concert qu’il devait donner à Dakar.
J’ai été la gagnante, et cela m’a donné l’occasion de chanter avec lui,
lors d’une émission de télévision’’, se souvient Amira Abed.
La chanteuse américaine Rihana fait partie de ses idoles, mais le
rappeur sénégalais Abdou Lahat Thioune, plus connu sous le nom d’artiste
de Jahman X-press, est son ‘’modèle’’.
‘’Mon chanteur préféré, c’est Jahman X-press. J’aime ses écrits, j’ai eu
la chance de le connaitre. C’est un modèle’’, dit la chanteuse restée
sous la garde de ses parents, le père notamment, qui réceptionne ses
appels téléphoniques.
‘’Mes parents m’aident à vivre ma passion musicale. Ils veulent surtout
que je me concentre sur mes études’’, dit Amira Abed, étudiante en
première année d’anglais à l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.
L’ambition de faire carrière dans la musique ne la quitte jamais. Elle
rêve de sortir un album. Mais chez Amira Abed, les études sont la
priorité. Elle est membre d’un groupe d’étudiants faisant les exercices
ensemble, via la plateforme WhatsApp, en cette période de confinement et
de suspension des enseignements universitaires en raison de la pandémie
de coronavirus.