Une saison humide annoncée au Sahel (experts)
La saison des pluies 2020 devrait être
globalement humide dans la zone sahélienne, avec des quantités de
pluies supérieures à équivalentes aux moyennes saisonnières de
1981-2010.
C’est ce qui ressort du Forum 2020 sur les prévisions saisonnières des
caractéristiques agro-hydro-climatiques de la saison des pluies pour les
zones soudanienne et sahélienne (PRSEASS – 2020).
« La saison des pluies 2020 serait globalement humide. En effet, des
quantités de pluies supérieures à équivalentes aux moyennes saisonnières
1981-2010 sont attendues sur toute la bande sahélienne », indique un
communiqué publié à l’issue de la rencontre, organisée en ligne en
raison du Covid-19.
Les prévisionnistes évoquent « un démarrage précoce à normal, une fin
tardive à normale, des séquences sèches plus courtes en début de saison
et moyennes vers la fin de saison ». Ils indiquent aussi que « des
écoulements globalement moyens à supérieurs à la moyenne sont
attendus. »
Le forum a été organisé par le Centre régional AGRHYMET, l’ACMAD et les
services météorologiques et hydrologiques (SMNH) des pays d’Afrique de
l’Ouest et du Tchad, en partenariat avec l’Organisation météorologie
mondiale (OMM).
Concernant les risques, plusieurs recommandations ont été émises à
l’issue des travaux pour leur atténuation. Au regard des cumuls
pluviométriques globalement supérieurs à la moyenne et des écoulements
des cours d’eau excédentaires, les risques d’inondations sont élevés.
Pour atténuer ces risques sur les personnes, les animaux, les cultures
et les biens matériels, il est recommandé de suivre de près les seuils
d’alerte dans les différents sites à haut risque d’inondation, de
renforcer la communication des prévisions saisonnières et la
sensibilisation des communautés vulnérables.
Il est préconisé à cet effet d’impliquer les acteurs étatiques et les
différentes plateformes de réduction des risques de catastrophe dans la
chaîne de communication et de gestion des crises.
Les prévisionnistes recommandent également la prévention contre
l’occupation anarchique des zones inondables, en particulier dans les
zones urbaines, de renforcer la veille et les capacités d’intervention
des agences en charge du suivi des inondations, de la réduction des
risques de catastrophes et des aides humanitaires.
De même, ils préconisent le curage régulier des caniveaux
d’assainissement et des exercices de simulation dans le cadre de la
préparation des plans de réponses aux inondations.
Possible arrivée de criquets pèlerins
Ils estiment par ailleurs qu’ »il est très probable d’observer une
incursion d’essaims de criquets pèlerins, à la faveur du démarrage
précoce prévu pour la saison des pluies dans la bande sahélienne ».
Conjugué à la situation liée à la pandémie COVID-19, ce risque
d’invasion acridienne pourrait aggraver le risque d’insécurité
alimentaire pour des millions de personnes au Sahel et en Afrique de
l’Ouest.
A cet égard, il est recommandé aux Etats de renforcer la surveillance
vis-à-vis de l’invasion acridienne dans les zones à risque des pays de
la ligne de front, et de maintenir la vigilance contre les autres
ravageurs des cultures comme la chenille légionnaire.
En dépit du caractère globalement humide attendu pour la saison des
pluies 2020, il est probable d’observer par endroit des déficits
hydriques pouvant retarder la mise en place de la biomasse fourragère,
entraîner des échecs de semis et affecter la croissance des plantes. Ces
déficits hydriques pourraient aussi favoriser le développement
d’insectes ravageurs des cultures.
Diversifier les pratiques culturales
A cet effet, il est recommandé de diversifier les pratiques agricoles, à
travers notamment la promotion de l’irrigation, du maraîchage, pour
réduire le risque de baisse de production dans les zones exposées, de
veiller à une gestion intégrée des ressources en eau pour une meilleure
prise en compte des différents usages.
D’autre part, pour réduire le risque de maladies liées à l’eau
(choléra, malaria, dengue, bilharziose, diarrhée, etc.) dans les zones
humides ou inondées, il est fortement recommandé de sensibiliser sur les
maladies climato-sensibles.
Et compte tenu du caractère globalement humide attendu de la saison
des pluies, il est recommandé aux agriculteurs, éleveurs, autorités,
gestionnaires des ressources en eau et de l’hydro- électricité, projets,
ONG et OP de soutenir le déploiement de techniques d’augmentation de
rendements des cultures.