Covid-19, Dette africaine : « Macky Sall est en train de jouer un rôle de leadership au niveau africain » (politologue)

Covid-19, Dette africaine : « Macky Sall est en train de jouer un rôle de leadership au niveau africain » (politologue)
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Covid-19, Dette africaine : « Macky Sall est en train de jouer un rôle de leadership au niveau africain » (politologue)Le politologue Moussa Diaw analyse pour Seneweb les différentes sorties du président Macky Sall dans les médias étrangers, français notamment pour défendre la position de l’Afrique dans la recherche de solution à la crise sanitaire et économique liée au Covid-19. Dans cet entretien, l’enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, spécialiste des relations internationales, analyse également le regain d’intérêt en faveur de l’annulation de la dette africaine, défendue par le président sénégalais. Morceaux choisis.
Repositionnement de l’Afrique dans un contexte de crise sanitaire planétaire
Le président Macky Sall est en train de jouer un rôle de leadership au niveau africain. Pour lui, il s’agit de représenter l’Afrique dans le concert des nations, quand elle fait l’objet de plusieurs attaques, considérée comme un champ d’expérimentation sur le plan médical ; une vision apocalyptique par rapport à la pandémie ; des conclusions alarmantes de certaines institutions internationales, tout cela a suscité une réaction de sa part en tant que leader politique. Le Sénégal a une bonne image au niveau international de par la démocratie qui fonctionne malgré tout. Tous ces facteurs qui l’ont incité à jouer ce rôle, à servir de levier pour réfuter que l’Afrique ne soit le laboratoire où l’on teste des vaccins.
Les cartes vont être redistribuées par rapport à cette pandémie qui montre bien la fragilité des acteurs au plan mondial. C’est maintenant qu’il faut se positionner. Le président Sall a bien compris les enjeux.
Après-Covid-19 et Nouvel ordre mondial
Le néolibéralisme a montré ses limites, la pandémie de ce virus a monté les failles, l’écroulement du néolibéralisme. Ce n’était pas du tout une panacée. Pendant la guerre froide le socialisme s’est effondré et le libéralisme a été considéré comme étant l’orientation sur le plan idéologique qui a triomphé et il fallait se référer à cela. Tous les pays puissants qui avaient adopté ce système-là sur le plan économique se sont montrés très affaiblis aujourd’hui, aussi bien sur le plan économique que sur le plan financier et médical par rapport à la pandémie.
Il y a une remise en question de ce libéralisme mondial, et cette mondialisation a montré des failles énormes du système international, par conséquent il va y avoir une redistribution des cartes et des rapports de forces vont naître au niveau mondial. C’est ce que le président Macky Sall a bien compris. Il va y avoir une redistribution des cartes ; des rapports de force vont naître au niveau mondial et l’Afrique doit se repositionner dans un nouvel ordre mondial qui va être tracé, défini et par rapport à la position des uns et des autres, et par rapport à la capacité des Etats africains à se regrouper et peser d’un poids énorme dans les prochaines négociations pour reconfigurer l’espace mondial.
Endettement et annulation de la dette africaine
Il faut une analyse de l’endettement de l’Afrique. Les pays africains se sont endettés lourdement. Il faut faire l’état des lieux : à quoi a servi l’endettement, qu’est-ce qui a été réalisé avec l’argent emprunté auprès de la Banque mondiale et du FMI ? Est-ce que cela a amélioré les conditions de vie des populations ? (…) La suppression de la dette, c’est problématique. C’est trop facile de demander la suppression des dettes. Les créanciers n’ont pas intérêt à annuler des dettes africaines, parce que c’est de l’argent et on est en situation de crise ; et on ne sait pas ce que l’avenir leur réserve. Certains ont prôné la suspension des remboursements pendant une période pour faire face à la pandémie.
Que ce soit la dette publique ou la dette privée, on est dans un contexte d’incertitudes, il n’est pas possible d’apporter des réponses idoines ; il y a une crise mondiale, une récession sur le plan économique et financier. Le prix du pétrole a baissé. Cela explique les réserves de certains pays sur l’annulation de la dette. Il faut des garde-fous permettant de limiter l’endettement.
Quelles priorités donner du fonds Force Covid-19 ?
La priorité c’est la santé, que les gens puissent être soignés, que des vies puissent être sauvées. Appuyer les équipes médicales, acheter des équipements pour faire les tests et équiper les hôpitaux en appareils dans le domaine de la respiration. Et améliorer les conditions de vie. Il y a beaucoup de pauvreté dans le pays et on ne peut pas prendre des mesures en laissant de côté les populations qui n’ont pas de moyens suffisants. Appuyer les équipes, renforcer les hôpitaux au niveau des régions où il y a beaucoup de problèmes.

Thierno

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