« Youm aux antipodes de la vérité » : Le réquisitoire au vitriol de Birame Souleye Diop
Dans une charge virulente publiée le 14 mars 2025, Birame Souleye Diop, figure du parti Pastef, s’en prend à Oumar Youm, ancien ministre des Forces armées et député, l’accusant de travestir la vérité et de défendre un « pouvoir injuste et brutal ». Ce texte, adressé directement à Youm, dénonce son rôle dans des événements marquants de l’histoire récente du Sénégal, notamment les arrestations massives, les morts lors de manifestations et la controversée loi d’amnistie.
Diop ouvre son réquisitoire par une question cinglante : « Comment appelle-t-on quelqu’un qui ne dit pas la vérité ? » Il reproche à Youm et au régime qu’il a servi d’avoir « arrêté plus de 1 900 » personnes – « des jeunes, des femmes, des vieux, des étudiants, disons des Sénégalais engagés, dignes et courageux » – sans jamais assister à l’enterrement des « plus de 80 morts » liés à ces troubles. Il rappelle un épisode à l’Assemblée nationale où, alors que Youm était président de groupe parlementaire, il avait « craché » sur une demande de minute de silence pour les victimes, dont Fulbert Sambou et Didier Badji, deux militaires disparus dans des circonstances troubles.
Le texte s’attarde sur l’inaction de Youm lorsqu’il était ministre des Forces armées : « Qu’avez-vous posé comme acte devant le mystère de la disparition tragique de Fulbert et Didier, des hommes de la troupe en service actif ? » Diop espère que des députés courageux le convoqueront pour éclaircir cette « passivité » qu’il qualifie d’« indifférence coupable ».
Au cœur de la polémique figure la loi d’amnistie, votée par les députés du camp de Youm mais rejetée en bloc par Pastef. Diop souligne cette divergence : « Aucun député Pastef ne l’a votée car notre position invariable était que les crimes de sang ne devaient être excusés par une loi d’amnistie. » Il accuse Youm et ses alliés d’avoir cherché à « tirer la couverture de l’impunité au profit des véritables délinquants », auteurs de « violences physiques et morales inouïes ». Il révèle même une tentative de pression : « Un de vos responsables m’avait dit que si nous ne votons pas favorablement la loi, vous alliez la retirer. Notre réponse catégorique et ferme a été : reprenez votre loi car nous ne la voterons pas. »
Pour Diop, cette loi illustre une logique perverse : « Une loi est faite pour protéger une victime et non pour protéger un délinquant des conséquences de son forfait. » Il défend la constance de Pastef, qui exige que « les criminels de sang fassent face à leurs crimes », et s’indigne des accusations de Youm, qui avait qualifié les membres de Pastef de « criminels » à l’Assemblée nationale. « Avoir le toupet de nous faire une si belle tirade relève plus encore ‘de la bêtise et du cynisme’ », ironise-t-il, retournant une citation de Youm contre lui.
En conclusion, Diop interpelle son adversaire : « Youm, qui êtes-vous vraiment ? » Il lui reproche un texte truffé de « gros mots et d’accusations infondées et ridicules », l’exhortant à « mettre de la sagesse dans vos mots » pour compléter son intelligence. Cette diatribe, écrite dans un style incisif, ravive les tensions entre Pastef et les anciens tenants du pouvoir, sur fond de quête de justice et de mémoire collective.