Mali: 32 morts dans l’attaque jihadiste présumée d’un grand convoi civil sous escorte
Des
jihadistes présumés ont tué au moins 32 personnes après avoir ouvert le
feu sur un convoi de plusieurs dizaines de véhicules civils escorté par
l’armée et les mercenaires du groupe russe Wagner vendredi dans le nord
du Mali, selon un nouveau bilan de sources locales.
L’attaque
a eu lieu près de la ville de Gao, dans une région régulièrement
secouée par les violences et où l’armée a récemment mené des opérations
antijihadistes.
« Le
nouveau bilan provisoire de l’attaque de jihadistes contre le convoi
est de 32 morts civils et militaires », a indiqué à l’AFP sous couvert
d’anonymat un élu local. Ce bilan a été confirmé à l’AFP par une source
au sein d’une ONG locale.
« Nous
avons désormais plus de 30 corps venus des lieux du drame », avait
également déclaré plus tôt samedi à l’AFP une source hospitalière à Gao.
Un premier bilan avait fait état d’une dizaine de morts.
« Les
jihadistes ont tendu une embuscade vendredi entre Gao et Ansongo (nord)
à un convoi de civils escorté par des militaires maliens et les
mercenaires (russes) Wagner », a rapporté à l’AFP un élu sous couvert
d’anonymat.
« Il y a des civils, des militaires parmi les morts et les blessés », a-t-il ajouté.
Samedi,
une source médicale à Gao a également précisé que « de nombreux morts et
blessés » de l’attaque avaient été transférés dans cette ville, la
principale du nord du Mali.
Un
rescapé de l’attaque, blessé à la tête, a déclaré à l’AFP avoir vu « des
hommes armés surgir ». Ils « ont commencé à tirer sur le convoi des deux
côtés. Il y a eu beaucoup de morts dont des policiers et des
militaires », a-t-il indiqué.
« Notre véhicule a pu rebrousser chemin », a-t-il précisé.
« D’après
un transporteur rescapé, les jihadistes ont tendu une embuscade à
l’escorte et ont ouvert le feu sur tout le monde sans distinction pour
faire le maximum de victimes », a détaillé un responsable d’un syndicat
malien des transporteurs sous couvert d’anonymat.
– Orpaillage –
Selon
un autre élu du nord du Mali, au moment de l’attaque les militaires
maliens et forces de Wagner se trouvaient dans « une dizaine de
véhicules » chargés de « sécuriser le convoi de passagers civils » qui
comptait « 22 minibus, six gros bus et huit camions ».
« Au moins cinq camions ont été détruits par les jihadistes de l’Etat islamique (EI) », a-t-il indiqué à l’AFP.
« Les
victimes civiles sont surtout des étrangers qui se rendaient sur un
site d’orpaillage de la localité de Intahaka », a précisé un autre élu
local de la région.
L’attaque n’avait pas été revendiquée samedi à la mi journée, et l’armée malienne n’avait pas communiqué dessus.
« Nous
contrôlons actuellement la situation sur le terrain entre Ansongo et
Gao », a simplement commenté une source sécuritaire malienne.
L’axe
routier Ansongo-Gao, dans le nord du Mali, a été le théâtre ces
derniers mois d’attaques attribuées aux jihadistes ou à des bandits qui
dépouillent notamment les civils.
Début
janvier, l’armée malienne avait affirmé avoir arrêté « un chef de
premier plan » de l’organisation jihadiste État islamique au grand Sahara
(EIGS) et tué plusieurs de ses combattants dans une opération dans la
même région de Gao.
L’armée
a présenté l’homme arrêté, Abou Hach, comme un « terroriste longtemps
recherché et connu des services de renseignement pour sa responsabilité
et la coordination des pires exactions et abus contre les populations
dans la région de Ménaka et Gao ainsi que les attaques contre les Forces
armées maliennes (FAMa) ».
Le
Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire nourrie
notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à
l’organisation Etat islamique ainsi que de groupes criminels
communautaires.
Ce pays sahélien est dirigé par une junte militaire depuis deux coups d’Etat en 2020 et 2021.
Depuis
qu’ils ont a pris le pouvoir, les militaires ont rompu la vieille
alliance avec l’ancienne puissance dominante française et se sont
ensuite tournés militairement et politiquement vers la Russie.
Les
attaques jihadistes mettent à mal la rhétorique de la junte, qui
affirme que sa stratégie de rupture, ses nouveaux partenariats étrangers
et un effort militaire accru ont permis d’inverser la tendance face aux
jihadistes.
AFP