À un dossier d’escroquerie au visa s’est jointe une histoire de corruption de magistrats. L’affaire a été jugée devant le tribunal correctionnel de Dakar, ce mercredi 22 janvier. Au box des accusés, un gérant d’agence de voyages nommé S. E. Konaté et un adjudant de police en poste au commissariat de Dieuppeul, A. L. Diop. Quatorze personnes les accusent d’avoir encaissé leur argent en contrepartie de la promesse de leur trouver un visa pour le Canada.

D’après le compte-rendu d’audience de Les Échos, S. E. Konaté recevait les fonds des victimes tandis que A. L. Diop accueillait ces dernières dans son bureau, au commissariat de Dieuppeul, pour leur remettre des décharges.

L’une des victimes, un certain Modou Mbengue a confié aux enquêteurs avoir remis 1,6 million de francs Cfa à S. E. Konaté. «Il m’avait promis un permis de travail au Canada. Il m’avait dit qu’il travaillait dans cette affaire avec Me Aïssata Tall Sall et que c’était cette dernière qui allait l’aider à trouver ledit document le plus rapidement possible», a ajouté le plaignant à la barre. Les Échos signale que six autres victimes présumées se sont présentées au procès pour porter les mêmes accusations contre les deux mis en cause.

Mais en fouillant le téléphone du gérant d’agence de voyage, les policiers découvrent que ce dernier se présentait aussi en «courtier» au service du procureur de la République. Ils tombent sur des discussions entre lui et une certaine T. Guèye dont le contact est enregistré «Tabs». Cette dernière serait la cousine de Pape Sow, le maire de Sangalkam, placé sous mandat de dépôt en août 2023 pour avoir accueilli chez Me Juan Branco alors que l’avocat de Ousmane Sonko était activement recherché par la justice.     

«Il ressort des discussions avec T. Guèye que celle-ci lui aurait remis la somme de 5 millions de francs Cfa pour qu’il fasse sortir son cousin de prison. Une fois les montants encaissés, S. E. Konaté a dit à la dame que le procureur et des magistrats vont se partager cette somme», informe Les Échos. Ces affirmations font qu’en plus de l’escroquerie au visa, l’accusation vise l’outrage à magistrat et le discrédit sur une décision de justice.

Dans ses réquisitions, le procureur a sollicité la relaxe des prévenus pour le délit de discrédit sur une décision de justice et, après confusion des peines, demandé au tribunal de condamner S. E. Konaté et l’adjudant de police, respectivement, à deux ans ferme et à six mois ferme.

Les Échos souligne que le gérant d’agence de voyage a comparu seul. Le policier, qui avait bénéficié d’une liberté provisoire avant le procès, ne s’est pas présenté à l’audience. Son acolyte a tenté de le disculper tout en minimisant son implication personnelle dans cette affaire. «Je n’étais qu’un facilitateur», a-t-il déclaré à la barre. Verdict : le 12 mars prochain.