Vie chère, chômage en hausse, grogne dans les transports, grève : Diomaye-Sonko rattrapé par les urgences
Dans différents secteurs, les tensions sociales se sont multipliées au courant de ce mois de janvier. De la grève des enseignants du Supérieur aux manifestations des motocyclistes communément appelés « Jakartaman » en passant par les spéculations notées ces derniers temps sur une hausse des prix des denrées de première nécessité, les tensions sociales semblent prendre de l’ampleur en ce début d’année 2025. Sous ce nouveau régime installé depuis neuf mois, les revendications fusent de partout. Poussant d’aucuns à décréter la fin de l’état de grâce du duo Diomaye- Sonko.
Dans
le secteur de l’éducation, même si les enseignants décisionnaires vont
voir leur statut aligné à celui des fonctionnaires, leurs camarades du
supérieur notamment ceux du Syndicat Autonome de l’Enseignement
Supérieur (Saes), ont décrété les 13 et 14 janvier dernier une grève
afin d’exiger l’application du décret modifiant le Décret n° 2020-1788
du 23 septembre 2020 portant création d’une allocation spéciale de
retraite au profit des enseignants et chercheurs titulaires des
universités, examiné et adopté lors du Conseil des Ministres du 28
février 2024.
À
cela s’ajoutent la colère des motocyclistes communément appelés «
Jakartaman » provoquée par la décision du gouvernement de faire
immatriculer les deux roues et la grogne des chauffeurs de taxis contre
l’inaction des autorités face aux nouvelles plateformes de transport
telles que Yango, Heetch et Yassir. Selon Malick Diop, secrétaire
national du mouvement ‘’Dolel Transport’’, « la situation du secteur est
intenable ». « C’est inadmissible. Nous sommes dans un désarroi total. Le
système de transport est en crise à cause de ces plateformes qui
bafouent les lois et règlements du pays », fulmine-t-il.
C’est
aussi au cours de ce premier mois de l’an 2025 que le panier de la
ménagère s’est alourdi à la suite d’une hausse des prix de certaines
denrées sur le marché, notamment le sucre et l’huile. Ceci, en dépit de
tout le dispositif de contrôle mis en place par le gouvernement à
travers le ministère de l’Industrie et du Commerce après la baisse des
prix des denrées de première nécessité en juin 2024, deux mois après
l’installation du régime de Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
Impact de cet effervescence du climat social sur l’économie sénégalaise
Selon
l’économiste, Souleymane Keïta, cette situation pourrait avoir des
conséquences non négligeables sur l’économie sénégalaise. En plus d’une
dégradation de l’image économique du pays, M. Keïta évoque « un impact
considérable sur le niveau de la productivité ». En effet, « ces remous
impactent sur la réduction des recettes fiscales. Les grèves successives
réduisent effectivement les transactions de l’activité économique, qui
sont génératrices de revenus, ce qui impacte directement sur les
recettes de l’État. En plus, une instabilité sociale répétée, peut
dissuader également de façon beaucoup plus importante les investisseurs
étrangers et locaux », affirme l’économiste.
C’est
en sens qu’il est urgent, selon lui, de nouer un « dialogue social
renforcé pour prévenir ces crises à répétition ». En effet, pour faire
face à ces crises, l’État du Sénégal devrait répondre aux attentes
urgentes que sont notamment la baisse du coût de la vie et le chômage.
Sur
ce dernier ppint, les résultats de l’enquête trimestrielle sur l’emploi
au Sénégal publiés, le mardi 7 janvier 2025, par l’Agence nationale de
la statistique et de la démographie (Ansd), font froid dans le dos. Il
ressort de l’étude qu’au troisième trimestre de l’année 2024, « le taux
de chômage élargi a atteint 20,3 % ». Selon l’Ansd, une légère hausse
est enregistrée par rapport au taux de « 19,5 % observé à la même
période en 2023, soit une augmentation de 0,8 point de pourcentage ». Au
sens strict du BIT, il est ressorti à 5,3% au trimestre sous revue,
soulignent les statisticiens.
L’économiste, Souleymane Keita, préconise de miser sur le secteur informel pour résoudre la question du chômage.
En
2020, l’organisation mondial du travail (OIT) révélait qu’au Sénégal « 9
travailleurs sur 10 occupent un emploi informel et 97% des entreprises
sont dans le secteur informel ». C’est en ce sens que Souleymane Keïta
estime que l’État du Sénégal doit s’appuyer sur ce secteur pour créer de
l’emploi afin de « s’attaquer à l’épineuse question du chômage » qui
d’ailleurs est une « forte attente ». Ceci, demande « une intelligence
économique de la part de l’État pour aller puiser dans ce secteur-là des
sources de revenus importants» explique M. Keïta.
En
attendant la réponse de l’État du Sénégal face à ces différentes
tensions sociales, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye
n’a pas manqué de rappeler lors de la cérémonie solennelle de rentrée
des Cours et Tribunaux à la Cour suprême, jeudi 16 janvier, que le droit
de grève « s’effectue dans le respect des droits collectifs, notamment
dans des secteurs cruciaux tels que la santé, l’éducation et la sécurité
publique ».