« Magouilles dans les chambres des métiers du Sénégal » : les artisans de Thiès crient leur ras-le-bol

« Magouilles dans les chambres des métiers du Sénégal » : les artisans de Thiès crient leur ras-le-bol

« Les chambres des métiers du Sénégal vivent un mal-être très profond », c’est l’alerte lancée par des acteurs et artisans du Sénégal. D’après plusieurs sources qui se sont confiées à Seneweb, les artisans sénégalais sont les parents pauvres du monde du travail. Le peu de considération qui leur est attribuée est consumé par « ceux qui sont en haut », en particulier les présidents des chambres de métiers. Le pire a été résumé par les artisans de la région de Thiès, qui dénoncent une gestion frauduleuse de leurs « biens », des détournements de fonds, du népotisme, des surfacturations, entre autres maux qu’ils ne veulent plus tolérer. 

 Le secteur de l’artisanat sénégalais couvre plus de 150 corps de métiers et emploie environ 600 000 personnes. Cependant, une bonne partie de ce personnel ouvrier, qui contribue au PIB à hauteur de 10 %, se voit confrontée à des difficultés majeures. Certains estiment que « si la marche du secteur de l’artisanat dépend des chambres de métiers actuelles, le développement ne sera jamais une réalité ». Cette réaction est presque unanime chez les artisans sénégalais, qui dénoncent de nombreux dysfonctionnements causés par ceux censés booster ce domaine.
 Au micro de Seneweb, plusieurs sources ont déploré la gestion injuste des chambres de métiers, qui ne profite pas aux véritables bénéficiaires. « Toutes les chambres de métiers sont mal en point avec des présidents qui ne connaissent pas le sens du mot intégrité. Nous, les artisans, on ne s’y voit pas du tout… », regrettent nos interlocuteurs. Ces derniers signalent de nombreuses magouilles dans ces institutions, mais selon eux, « celle de Thiès est le terminus du rail de la malhonnêteté ». 
Nos sources pointent farouchement du doigt le président de la chambre des métiers de la région de Thiès, Amadou M. Sèye. « Il occupe cette fonction depuis plus de 18 ans, et je pense que c’est à cause de cela qu’il se croit propriétaire de cette institution publique », constate un des intervenants. Pour corroborer ces propos, une autre source révèle que « M. Sèye s’accapare de tout accompagnement matériel et mobilier des partenaires à ses propres fins. À la fin de certains projets de formation ou autres, il prend même le mobilier qu’il emporte on ne sait où. Il arrive même qu’il les vende et empoche l’argent, comme il l’a déjà fait avec un bus mis à la disposition du comité des artisans. Si un partenaire technique ne lui profite pas personnellement, il l’écarte, tout comme il le fait avec toute personne qui ne suit pas sa démarche malhonnête ». 
 « En matière d’argent, il n’a aucune retenue », poursuit un autre artisan. « Il détourne nos accompagnements financiers avec des surfacturations pour de petites réalisations. Malgré nos nombreuses plaintes, il empoche les aides et adopte un comportement je-m’en-foutiste (…). Nous avons même un dossier en instruction, car il a détourné 50 millions FCFA que le Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC) avait donné pour les artisans de Ngaye. Il nous a livré des machines défectueuses dont le coût total a été évalué à 8 millions FCFA par un expert, mais qu’il nous a facturées à 45 millions », dénonce un autre artisan établi à Ngaye. 
 Ces acteurs trouvent également disgracieux que le bureau soit composé de sa femme comme première vice-présidente, de son enfant et de ses neveux dans les autres postes. Pour les foires internationales, il n’amène que sa famille et ses proches. Ce qui pousse les acteurs de ce secteur à interpeller les autorités étatiques, en demandant de nouvelles réformes dans le cadre du « Jub, Jubal, Jubanti ».

Souare Mansour

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