Après les législatives, l’avenir en pointillé de Barthélémy Dias
En écartant Khalifa
Sall pour former et diriger la coalition Samu sa Kaddu aux Législatives
de 2024, Barthélémy Dias se croyait un leader d’envergure nationale. Il
espérait sans doute envoyer son mentor à la retraite politique afin de
piloter le parti-mouvement, Taxawu Sénégal. Cependant, la tête de liste
de Samu sa kaddu a fait flop, exactement comme Khalifa Sall à la
présidentielle de 2024. Khalifa a eu 1,56% à la présidentielle, Dias
fils n’a eu que 3 députés aux Législatives.
Il
se pose alors la question de l’avenir politique de Barthélémy Dias,
d’abord au sein de Taxawu, ensuite à l’échelle nationale. Pour
l’instant, le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas dans la
meilleure posture. Dans son parti, rien ne lui permet à l’heure actuelle
de contester le leadership de Khalifa Sall et d’imposer la sienne.
Barth a tenté sa chance, il a échoué. Quel sera alors sa place ?
Déjà,
certains l’accusent d’avoir desservi Khalifa Sall de par ses prises de
positions. D’autres semblent contester sa posture au sein du parti, il
est soupçonné de ne travailler que pour son compte. On se souvient que
Soham Wardini a été écartée au profit de Dias fils. Ensuite, elle n’a
pas été investie aux législatives. Mais il y a surtout la démission
récente de Abba Mbaye qui ne cautionne pas la manière de faire du duo
Khalifa-Barth. « J’étais surtout choqué de voir des gens avoir aussi peu
d’égard pour des personnes qui se sont sacrifiées pour eux, qui ont
consacré leur jeunesse à Khalifa Sall avec sincérité, engagement, et
dextérité. C’est une injure par rapport à tout le parcours qu’on a eu »,
a-t-il déclaré.
Cette
sortie vise particulièrement Barthélémy Dias coupable à ses yeux
d’avoir, au détriment de Taxawu Sénégal, mis en place une liste qui
n’est « qu’un conglomérat de haineux, rancuniers et d’opportunistes »
dont le projet est d’être contre Sonko. Avant Abba Mbaye, c’était Moussa
Tine, pour les mêmes raisons. Ceux qui habitent Grand Yoff ont pu
constater que leur maire Madiop Diop, investi sur la liste des
suppléants, a été totalement absent de la campagne. Si jamais Barth doit
prendre les reines de Taxawu, il faudra s’attendre à une contestation
plus large qui pourrait menacer cette formation politique.
Au
plan national, Barthélémy dispose d’un atout de taille : le poste de
maire de Dakar. La ville dispose d’un budget de 70 milliards en 2024.
Une véritable puissance financière entre les mains de Barth, sans
compter les possibilités de recaser une clientèle politique et le carnet
d’adresse à l’international.
Cependant,
Barth fait face à un véritable défi qui à pour nom Pastef. Sous l’angle
politique, Barth s’est positionné en adversaire farouche d’Ousmane
Sonko. Les attaques et appels à la vengeance lors de la campagne en sont
une parfaite illustration. Or, à l’état actuel, c’est le parti de Sonko
qui draine les masses, y compris la masse silencieuse, si l’on se fie
aux résultats du vote. Tant que Pastef aura les faveurs de l’électorat,
il sera difficile pour Barthélémy Dias de se faire une place plus large
sur le terrain politique. En plus, le rapprochement semble improbable.
En
outre, cette adversité politique risque de se prolonger sur le plan
étatique. Pour peu que le régime Pastef refuse de coopérer, il sera
difficile pour Barth de travailler. Son mentor Khalifa Sall en sait
quelque chose, lui qui a été bloqué dans presque toutes ses initiatives
par le pouvoir de Macky Sall qui a d’ailleurs fini par le mettre en
prison avant de le destituer. C’est justement l’un des syndromes qui
guettent Barth. Déjà, sur les réseaux sociaux, les partisans de Pastef
appellent à sa destitution. Si le poste de député est fragile, il n’en
est pas ainsi de celui de maire, selon les spécialistes interrogés par
les médias sur la question depuis 2022.
Toutefois,
en Afrique, rien n’est acquis pour un maire de la capitale, lorsqu’il
est dans l’opposition ou en rupture avec le parti au pouvoir. Tous les
prétextes sont bons pour le destituer. Le Bénin, le Niger, le Tchad, la
Somalie, le Sénégal, Madagascar, sont autant de pays dont les maires de
capitale ont été révoqués pour une raison ou une autre. Au total,
l’avenir politique de Barthélémy Dias est plus que jamais en
pointillé.