Niary Tally : un malade mental meurt faute de soins rapides, l’attitude des sapeurs-pompiers pointée

Niary Tally : un malade mental meurt faute de soins rapides, l’attitude des sapeurs-pompiers pointée

Aux abords de la grande mosquée de Niary Tally, l’indifférence humaine a coûté une vie. Diéry Sow, un malade mental errant, avait élu domicile aux alentours du lieu de culte. Affaibli par une maladie qui le rongeait depuis des jours, des habitants du quartier ont décidé d’agir en appelant les secours. Bien qu’ayant effectué le déplacement, ces derniers n’ont pas mené leur tâche à son terme, pour une raison qui dépasse l’entendement humain. Encore sous le choc, Ousmane Mendes est l’un des principaux témoins de cette scène : « Il fréquentait souvent la mosquée de Niary Tally. Le jeudi, il était malade. Les gens ont appelé les sapeurs-pompiers qui sont venus sur les lieux. Mais, ils ne l’avaient pas pris en charge parce qu’il n’avait pas de papier d’identité. Finalement, ils l’ont laissé sur place ».
Face à cette déconvenue, le jeune homme a décidé de prendre les choses en main. Il a pris le malade en photo et publié un appel à l’aide sur la célèbre page « Trouvés ou perdus » le vendredi 22 novembre. Le même jour, il a rencontré Ibrahima Seck, président de l’association Help and Clean Mind, qui a remué ciel et terre pour permettre l’évacuation de Diéry Sow par les sapeurs-pompiers vers l’hôpital de Fann. « On est là pour assister un frère que l’on avait pris en charge le vendredi. Malheureusement, il est décédé. On l’accompagne à sa dernière demeure. A chaque fois que l’on voit une personne mal en point dans la rue, on fait appel à nous. Et, on essaye au moins de l’accompagner à l’hôpital », explique-t-il.
Une intervention bien trop tardive. Diéry a succombé à sa maladie le lendemain de son hospitalisation. Cependant, ce message d’alerte sur les réseaux sociaux a permis d’informer la famille du défunt. Originaire du village de Ndiène Lagane, dans la région de Fatick, Diéry Sow était recherché par sa famille depuis plus de deux ans. « On n’a plus eu de nouvelles de mon petit frère depuis 2 ans, on entendait seulement parler de lui. Personne ne savait s’il avait un numéro de téléphone et lui aussi n’appelait pas. On disait juste qu’il était à Dakar mais on ne savait pas où exactement. A un moment, quelqu’un l’a pris en photo et l’a partagé sur Facebook. Des amis au village m’ont interpellé et m’ont envoyé les photos et le numéro de la personne qui l’avait partagé sur Facebook », raconte son frère. Il ajoute : « Avant, il partait mais revenait toujours ou, on venait le chercher. Mais les deux dernières années, on n’entendait plus parler de lui. Si bien que le numéro de téléphone qu’il utilisait ne fonctionnait plus. Quand, je l’appelais, je n’arrivais pas à le joindre. Il y a des gens qui disaient l’avoir vu dans les rues de Dakar sans plus de détails ».
Mais cette affaire soulève une question :pourquoi les pompiers ne sont-ils pas intervenus lorsqu’ils en avaient l’occasion ?
À cela s’ajoutent les diverses explications fournies lors de leurs deux interventions. 
Selon Ousmane Mendes, après avoir prétexté l’absence de pièces d’identité pour la prise justifier la non-prise en charge du malade, 
les secours auraient déclaré que le souffrant ne souhaitait pas qu’on le déplace. Une version que Ousmane Mendes réfute. « Comment une personne qui est malade et qui n’arrivait ni à manger et encore moins parler pouvait dire ça », s’interroge-t-il.
Le lundi 25 novembre, la famille de Diéry Sow s’est réunie à la morgue de l’hôpital de Fann pour accomplir les dernières formalités nécessaires à l’acheminement de sa dépouille vers Ndiène Lagane, son village natal. Une fois les démarches administratives finalisées, le corps a été soigneusement installé à l’arrière d’un véhicule double cabine. Diéry Sow retourne enfin parmi les siens, deux ans après sa disparition.

Souare Mansour

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