Législatives 2024 : Le COSCE tire un bilan satisfaisant et formule des recommandations
Le Collectif des organisations de la société civile pour les élections (COSCE) a tenu, ce lundi 18 novembre, une conférence de presse dans un hôtel de la place pour partager avec l’opinion nationale et internationale le bilan tiré des législatives anticipées d’hier dimanche et formuler des recommandations allant dans le sens de renforcer le processus démocratique.
Dans
son allocution, le directeur exécutif de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé, a
d’abord magnifié la maturité dont les citoyens sénégalais ont fait
preuve avant d’exprimer sa satisfaction sur le déroulement du scrutin à
l’échelle nationale. « Je salue d’abord la maturité du peuple sénégalais
qui a montré que le différend entre les acteurs politiques ça se règle
par les urnes et non par la violence et les acteurs politiques doivent
être conscients de cela », a déclaré Moundiaye Cissé.
L’acteur
de la société civile de poursuivre : « Nous sommes très satisfaits du
bilan que nous avons tiré de ces élections-là, parce que depuis 2012,
c’est la première fois qu’on organise une élection inclusive avec
l’implication de tout le monde, de tous les candidats. C’est la première
fois qu’on fasse une élection sans contestation majeure et j’en profite
pour féliciter l’administration électorale, notamment le nouveau
ministre de l’Intérieur, le nouveau directeur général des Élections. Ils
ont réussi le pari avec brillance. Le délai était serré, mais ils ont
pu faire le travail nécessaire. »
Face
aux Sénégalais qui ont choisi de donner une concordance de majorité
présidentielle et parlementaire au parti Pastef, le patron de l’ONG 3D
affirme que le tandem Diomaye-Sonko n’a plus d’excuses. Selon Moundiaye
Cissé, c’est l’heure, pour le président de la République et son Premier
ministre Ousmane Sonko, de s’attaquer aux différentes préoccupations des
citoyens sénégalais pour répondre convenablement à leurs attentes.
S’adressant aux leaders de l’opposition, M. Cissé les exhorte à
s’opposer de façon républicaine.
Toutefois
le membre de la société civile juge regrettable le taux de
participation. « C’est regrettable, parce que pour une population de plus
de 15 millions d’habitants, déjà il y a que 7 millions qui sont dans le
fichier. C’est normal, parce qu’il faut avoir 18 ans. Sur 7 300 000
électeurs, il y a moins de 50 % qui votent, c’est-à-dire 3 500 000
électeurs. Il y a moins de 20 % de Sénégalais qui élisent les députés et
ça, c’est un problème »,explique-t-il.
Pour
Moundiaye Cissé, cette faible participation est due au fait que
beaucoup de cartes d’électeur dorment encore dans les commissions. « À
notre niveau,nous comptons revoir le fichier électoral pour voir comment
arriver à inciter davantage les Sénégalais à retirer leurs cartes et à
aller voter, parce que les cartes dorment toujours dans les commissions
et les acteurs politiques doivent faire beaucoup d’efforts en ce sens.
Ils doivent sensibiliser leurs militants à aller retirer les cartes et
voter pour améliorer le taux de participation durant les élections »,
ajoute-t-il.
Malgré
le bon déroulement du scrutin, le chef de mission de l’observation de
COSCE, Babacar Guèye, a néanmoins soulevé des points à améliorer dans le
Code électoral tout en formulant des recommandations. « À l’issue de
notre mission d’observation, nous proposons, d’abord, l’instauration du
bulletin unique, parce que nous avons remarqué qu’il y avait quelques
petits soucis avec les bulletins avec des photos floues à cause des
nombreux bulletins à tirer. À l’avenir, il faut aller vers
l’instauration d’un bulletin unique, ça va permettre de faire des
économies d’échelle, de lutter contre les achats de consciences et
d’avoir une élection crédible. La deuxième recommandation, c’est
l’inscription automatique des jeunes qui ont l’âge de voter, mais qui ne
sont pas inscrits sur le fichier électoral. Pour ces jeunes-là, il faut
un système d’inscription automatique qui leur permet de bénéficier de
leurs droits civiques dès 18 ans », détaille-t-il. Le troisième point
tourne autour de la suppression de la disposition des articles 29 et 30
qui, selon Babacar Guèye, instaurent une sorte de déchéance automatique
des droits civiques des personnes qui sont condamnées à une peine de
prison de plus de cinq ans. « Nous préconisons l’abrogation de ces
dispositions pour que la perte des droits civiques de ces personnes-là
provienne de la décision d’un juge et non de l’administration ».
Dans
l’ensemble, les législatives anticipées du 17 novembre se sont déroulés
dans le calme sur toute l’étendue du territoire national, sans aucun
incident majeur signalé, renseignent les observateurs du COSCE qui
apprécient vivement la maturité politique et démocratique des citoyens
sénégalais durant le scrutin.