Immigration: Les juges désavouent la première ministre italienne et ramènent 12 migrants, en détention dans les camps en Albanie

Immigration: Les juges désavouent la première ministre italienne et ramènent 12 migrants, en détention dans les camps en Albanie

C’est une décision qui replace  l’accord entre Rome et Tirana au cœur des débats. Ce pacte, initié par Gorgia Melina, vise  à transférer, dans les deux camps construits-pour l’occasion-en Albanie, les migrants qui tentent de se rendre en Italie par la mer. Le vendredi 18 octobre,  des juges italiens de la section des affaires migratoires du tribunal de Rome ont permis le retour en Italie de 12 migrants, détenus dans lesdits camps, après avoir invalidé leur rétention. Seneweb partage avec vous une vidéo de notre confrère, le journaliste Free-lance, José Antonio, des deux centres Shengjin et à Gjader. 

Quand on extrade un citoyen dans un pays autre que le sien. L’Italie l’a instauré. Avec un protocole, signé en novembre 2023 – un mois après l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni – deux centres ont été extradés en Albanie. Shengjin et à Gjader.Là bas, les migrants récupérés en mer par les Italiens, vont effectuer une demande d’asile. D’une durée de cinq ans, cet accord concerne uniquement les hommes adultes interceptés par les autorités italiennes dans les eaux internationales – les migrants secourus par des navires humanitaires ne sont pas concernés. Le 18 octobre 2024, 3 jours après l’extraction et la détention de 12 migrants dans ces camps,  la justice italienne a invalidé la rétention dans des centres albanais de ces 12 personnes. Ce qui est considéré comme un revers cinglant pour la Première ministre italienne d’extrême droite qui avait présenté cet accord comme un modèle à suivre au sein de l’Union européenne.

Des Sénégalais pourraient se retrouver dans un camp en Albanie 

Il faut noter que les personnes vulnérables (femmes, enfants, victimes de tortures, malades…) ne sont pas visées par le présent accord. De même que tous les migrants originaires de pays « non sûrs » (comme l’Afghanistan, par exemple). Et c’est sur ce dernier point que la justice italienne s’est appuyée pour rendre sa décision. Les juges se sont appuyés  sur un récent arrêt de la Cour européenne de justice (CJUE), qui estime que le Bangladesh et l’Égypte ne sont pas des pays « sûrs ». Selon les termes de cet arrêt, les 12 migrants, Égyptiens et Bangladais, ne peuvent donc pas été envoyés en Albanie. 

Les Sénégalais qui prennent cette voie centrale pour se rendre en Italie seraient-ils en danger aussi? Pourraient-ils se retrouver dans un camp en Albanie ? C’est fort possible. 

« L’Italie va à l’encontre des principes sur lesquels les fondations de l’Europe ont été construites, compromettant les droits de l’homme et la dignité des migrants. »

Néanmoins, ce désaveu des juges replace cet accord au cœur des débats. José Antonio Sempere Galvez, journaliste free-lance qui s’est rendu en Albanie, dans les centres installés par l’Italie pour extrader les migrants, a montré une idée de l’endroit où seront détenus ces migrants, le temps d’asile. Avec un message qui en dit long sur cette « injustice » d’extrader un citoyen dans un pays autre que le sien. 

Dans un message accompagné d’une vidéo que Seneweb partage avec vous, il dit: « Les deux centres de détention que l’Italie a construits en Albanie, à Shengjin et à Gjader, font partie du projet du gouvernement de Giorgia Meloni d’externaliser la gestion des migrations. Ce projet vise à expulser les personnes secourues en Méditerranée sans leur permettre d’atteindre le sol italien. Cette initiative a été saluée par certains pays de l’UE et a reçu le soutien de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Il s’agit d’un signe clair que l’UE adopte le discours de l’extrême droite, qui tend à rendre l’immigration responsable de nombreux problèmes sociaux. La création de ces centres en dehors du territoire européen, pour détenir des personnes qui n’ont commis aucun délit, constitue un recul des valeurs fondamentales de l’UE. Le projet conçu par l’Italie va à l’encontre des principes sur lesquels repose l’Union européenne. L’Italie va à l’encontre des principes sur lesquels les fondations de l’Europe ont été construites, compromettant les droits de l’homme et la dignité des migrants ». 

Souare Mansour

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Si vous souhaitez recevoir votre revue de presse par email chaque matin, abonnez ici !