Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a élaboré un “plan de victoire” qu’il présentera cette semaine à Joe Biden et à d’autres dirigeants occidentaux. Mais que contient ce plan? Peut-il vraiment changer le cours de la guerre contre la Russie? Ou risque-t-il d’aggraver le conflit ? “Zelensky va tout faire pour faire accepter ce plan”, explique l’ancien colonel Roger Housen.

Zelensky cherche un soutien occidental pour le plan de guerre qu’il a préparé. Ce n’est pas un plan ordinaire, mais un ambitieux “plan de victoire”, comme il l’appelle lui-même. L’objectif de Zelensky n’est pas seulement de relancer les opérations militaires, mais aussi de gagner du soutien sur les plans politique et psychologique.

“Avec ce plan, il s’adresse à ses alliés occidentaux en disant: ‘Pour vous, la guerre semble dans une impasse, avec peu d’avancées, mais j’ai un plan bien défini pour renverser la situation. Du moins, si vous continuez à me soutenir’. En outre, Zelensky peut également rassurer et encourager sa propre population: ‘Tenez bon, j’ai un plan qui changera la donne’”, explique l’ancien colonel belge Roger Housen.

Mais que contient exactement ce plan? Selon les informations de Roger Housen, il se compose de cinq parties: “L’idée centrale est exposée dans la première partie: rendre la guerre visible pour le Russe moyen, ainsi que pour le Kremlin et les oligarques.”

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1. Sensibiliser les Russes

Roger Housen: “Il ne s’agit pas d’avancer vers Moscou à la manière de Napoléon ou d’Hitler, mais de frapper le territoire russe de manière ciblée à distance. L’Ukraine bombarde déjà des dépôts de munitions, des raffineries de pétrole et d’autres points stratégiques, mais elle veut aller plus loin. Par exemple, si elle pouvait frapper des centrales électriques, la population russe ressentirait directement les effets de la guerre. L’objectif de Zelensky est de faire réfléchir les Russes pour qu’ils se disent: ‘Peut-être devrions-nous envisager des négociations avec l’Ukraine.’”

2. Levée des restrictions sur les missiles longues portées

Pour atteindre cet objectif, des armes à longue portée sont nécessaires. Elles existent, mais les Ukrainiens ne peuvent les utiliser que de manière limitée. Les États-Unis n’autorisent pas encore l’utilisation des missiles ATACMS américains, des Storm Shadows britanniques ou des Scalps français (ces deux derniers contenant des technologies américaines) sur le territoire russe. La deuxième partie du plan ukrainien consiste à demander aux États-Unis de lever ces restrictions.

3. Soutien économique continu

“Dans la troisième partie, Zelensky demande un soutien économique continu pour Kiev, afin que la société ukrainienne puisse continuer à fonctionner. Les détails de ce soutien, en termes de montant ou de type, ne sont pas encore clairs”, explique Housen.

4. Nouvelle approche des opérations terrestres

“La quatrième partie concerne une nouvelle approche des opérations terrestres sur la ligne de front. La vision de Zelensky à ce sujet reste à préciser, mais il est possible que l’attaque ukrainienne contre Koursk, il y a un mois, fasse partie de cette stratégie”, détaille l’expert.

5. Réponses futures de l’occident

La cinquième et dernière partie du plan se projette déjà vers l’après-guerre. Elle inclut des réponses militaires de l’Occident au cas où la Russie adopterait à nouveau une attitude agressive envers l’Ukraine.

Zelensky et l’Ukraine ne peuvent pas exécuter ce plan seuls. Ils ont besoin du soutien de leurs alliés occidentaux, sous forme d’autorisations et bien sûr de financements. La grande question est de savoir si ces alliés accepteront de soutenir ce plan.

Une décision qui ne sera pas prise à la légère

“Le problème est qu’Ukraine et ses alliés occidentaux n’ont pas exactement les mêmes objectifs. Zelensky veut chasser les Russes de son pays et leur infliger une lourde défaite. L’Occident, de son côté, veut avant tout éviter une troisième guerre mondiale. Voir certaines parties de l’Ukraine rester aux mains des Russes est acceptable pour l’Occident”, explique Housen.

“Le plan de Zelensky comporte des risques, car en menant des opérations militaires sur le territoire russe, il y a un risque de provoquer Poutine. Cela pourrait alors faire escalader le conflit de manière incontrôlable. Je pense donc que Zelensky devra se montrer persuasif dans les semaines à venir”, poursuit-il.

“Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une décision qui sera prise en une semaine. Les élections présidentielles américaines joueront un rôle crucial, et il est probable que Zelensky vise la conférence pour la paix prévue à la fin de l’année pour obtenir l’approbation finale de son plan de victoire”, conclut l’ancien colonel.