Émeutes au Royaume-Uni: la communauté musulmane sous tension, les mosquées protégées
Alors
que les actes xénophobes se poursuivent, les autorités britanniques ont
décidé de placer sous protection les lieux de cultes musulmans qui ont
été pris pour cible à travers le pays.
Une
situation toujours aussi tendue outre-Manche. Au Royaume-Uni, les
émeutes d’extrême droite qui secouent le Royaume-Uni depuis une semaine
après la tuerie de Southport ont donné lieu à 378 arrestations. Un
nombre qui continue d’augmenter au fil des heures, a indiqué lundi 5
août la fédération des responsables des forces de police britanniques.
Ces
violences xénophobes, qui touchent en particulier les migrants et les
musulmans, ont pris un nouveau tournant dimanche lorsque environ 700
émeutiers ont pris pour cible à Rotherham, en banlieue de Sheffield, un
hôtel abritant des demandeurs d’asile. Des individus masqués ont réussi à
pénétrer à l’intérieur de l’hôtel après avoir brisé une porte vitrée,
mais aucun blessé n’a été décompté.
« Je
suis très choquée de ce qui s’est passé. Je ne sais pas, je n’ai pas
les mots, je n’ai jamais vu ce genre de choses dans le coin auparavant.
C’est quelque chose que l’on voit dans les films », dit à BFMTV Eve, une
voisine de l’hôtel.
La communauté musulmane sous tensionDepuis
le début de ces émeutes, la communauté musulmane britannique,
particulièrement visée, ne se sent plus en sécurité malgré la mise sous
protection de ses lieux de culte par les autorités.
Les
mosquées sont des cibles affichées pour les manifestants. Celle de
Southport a été visée par des jets de projectiles mardi passé et des
dizaines de policiers qui la protégeaient ont été blessés. Mercredi, une
mosquée a été visée à Hartlepool (nord) et une autre à Sunderland
(nord) vendredi.
Yahya,
un musulman vivant à Sheffield, confirme à BFMTV le climat d’anxiété
dans lequel ses proches et lui vivent. « Vous savez, je prie cinq fois
par jour, je suis musulman, je serai toujours musulman. On n’en est pas
encore à se cacher bien sûr, mais on est à la fois tristes et effrayés
de ce qui est arrivé et de pourquoi c’est arrivé », dit-il.
Dans
un quartier cosmopolite de cette même ville, Zana, le gérant d’un bar à
chicha, liste également les raisons de son inquiétude et craint des
dégradations sur son commerce.
« Ça
pourrait arriver un jour. Je n’ai pas peur mais on ne sait pas, ça
pourrait arriver ici ce soir, demain, il fait vraiment faire attention
et être vraiment plus prudent que d’habitude », assure-t-il.
Violence exacerbéeOutre
les événements tragiques de Southport de la semaine passée, les émeutes
en cours découlent de l’évolution à long terme d’une extrême droite
britannique, réputée de longue date pour sa violence.
Sur
les réseaux sociaux se sont répandues de fausses informations ou
spéculations non étayées hostiles aux migrants et aux musulmans en lien
avec cette affaire.
Les
spécialistes de l’extrémisme au Royaume-Uni y voient l’œuvre
d’idéologues d’extrême droite rejoints par des jeunes désœuvrés, le tout
s’inscrivant dans une nouvelle stratégie de plus en plus présente sur
internet, en complément des traditionnelles violences de rue.
Les
années 2010 ont connu l’émergence de groupes nouveaux, plus diffus,
liés au milieu du hooliganisme, avec des mouvements comme l’English
Defence League, anti-islam et plus récemment le groupe néonazi Patriotic
Alternative.