C’est une des conséquences du réchauffement climatique: les interactions entre ours polaires et humains augmentent au Canada. Les animaux passent de plus en plus de temps sur la terre ferme en raison de la fonte de la banquise arctique, mais ils représentent un danger pour l’homme. Un traceur GPS placé dans leur fourrure devrait ainsi permettre de les éloigner plus aisément des zones habitées.

Les défenseurs de l’environnement sont de plus en plus préoccupés par les contacts entre les ours polaires et les humains. Pour mieux protéger ces animaux de l’homme, les scientifiques ont inventé des “balises de suivi” pour les surveiller. Ces trackers, dotés d’un système GPS intégré, sont implantés dans la fourrure des ours polaires et pourraient contribuer à prévenir leurs rencontres avec des humains.

Les ours polaires sont repérés puis déplacés

Dans les communautés du sud de l’Arctique canadien où les scientifiques ont testé ces balises, les ours polaires qui s’approchent trop près d’une communauté sont capturés et relâchés dans des endroits soigneusement sélectionnés, loin des villes et des villages. “Les balises peuvent être placées sur ces ours pour contrôler où ils se trouvent après avoir été relâchés”, explique Tyler Ross, chercheur principal à l’université York de Toronto.

“Si les ours s’approchent à nouveau des hommes, le personnel chargé de la conservati­on saura les localiser et pourra les chasser.”Tyler Ross, York University

M. Ross, qui étudie l’écologie des ours polaires, estime également que les balises pourraient combler d’importantes lacunes dans nos connaissances sur ces animaux. Le climat arctique se réchauffant rapidement et les ours polaires apparaissant de plus en plus souvent sur la terre ferme, il devient urgent de les suivre à la trace.

chercheur, elles sont “particulièrement prometteuses et idéales pour prévenir les interactions entre l’homme et l’ours”.

“La fourrure de l’ours polaire est le meilleur endroit pour placer une balise”

L’appareil a été conçu par la société 3M en collaboration avec l’organisation caritative Polar Bears International. Les ours polaires sont difficiles à marquer: la tête d’un mâle est plus étroite que son cou, de sorte qu’un collier peut facilement glisser. Les balises auriculaires, qui se fixent en perçant l’oreille de l’ours, constituent une autre option. Mais pour les retirer, l’animal doit être recapturé et, dans de rares cas, l’oreille peut être blessée.

En place pendant 58 jours

Placées dans la fourrure, les balises restent durant 58 jours en moyenne avant de tomber toutes seules. Grâce à elles, les scientifiques ont pu localiser les ours à quelques mètres près. “L’idéal est d’avoir quelque chose qui tombe tout seul et qui n’est pas attaché à l’ours de façon permanente”, explique M. Ross.

© EPA

Les chercheurs espèrent toutefois que des dispositifs similaires seront inventés pour durer plus de 58 jours. “Tout ce qui peut durer plusieurs mois serait formidable pour nos recherches, car nous pourrions alors suivre les ours au cours des différentes saisons”, déclare encore le chercheur.

Une étude réalisée en 2022 par l’US Geological Survey à partir des données fournies par les colliers de plus de 400 ours polaires en Alaska a montré que le temps qu’ils passent sur la terre ferme a considérablement augmenté au cours des dernières décennies. “Il est essentiel d’avoir une meilleure idée des déplacements des ours polaires”, conclut M. Ross. “Surtout si l’on considère l’état actuel de leur habitat.”