Hajj: marée de fidèles au mont Arafat sous une chaleur extrême
Une marée de fidèles a afflué samedi vers le mont
Arafat, où plus d’un million et demi de musulmans en pèlerinage dans
l’ouest de l’Arabie saoudite passeront la journée à réciter le coran et à
prier, notamment pour les Palestiniens de Gaza, sous une chaleur
extrême.
Tout
de blanc vêtus, certains pèlerins sont arrivés dès l’aube pour
escalader la colline de 70 mètres de haut, près de La Mecque, où le
prophète Mahomet aurait prononcé son dernier sermon, tandis que la
plaine tout autour se remplissait de fidèles venus accomplir l’un des
principaux rites du hajj.
« C’est
le jour le plus important », lance Mohamed Asser, un pèlerin égyptien de
46 ans, qui dit avoir toute une liste de gens lui ayant demandé de
prier pour eux.
« Je prie aussi pour les Palestiniens. Que Dieu leur vienne en aide », ajoute-t-il.
Le
grand pèlerinage musulman se déroule dans l’ombre de la guerre entre
Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de
Gaza.
Le ministre
du Hajj, Tawfiq al-Rabiah, a prévenu la semaine dernière qu’aucun
slogan politique ne serait toléré, mais cela n’a pas empêché l’un des
pèlerins de scander son soutien aux Palestiniens, bombardés depuis plus
de huit mois dans le territoire assiégé.
« Priez pour nos frères de Palestine, de Gaza (…) Que Dieu donne la victoire aux musulmans », a-t-il lancé.
Quelque
2.000 Palestiniens dont la moitié sont des membres de familles de
victimes à Gaza ont été invités cette année par le roi Salmane pour le
pèlerinage, qui se déroule sur plusieurs jours à La Mecque et dans ses
environs.
– « Un peu effrayant » –
Après
avoir passé la nuit dans des tentes à Mina, les pèlerins doivent
affronter à Arafat le soleil brulant de l’été dans le royaume du Golfe,
l’une des régions les plus chaudes au monde, et des températures devant
atteindre les 43 degrés Celsius, selon les prévisions officielles.
Les
chapeaux étant interdits pour les hommes pendant les rituels, beaucoup
portent des ombrelles, tandis que d’autres tentent de se rafraîchir dans
les rares zones d’ombres du site ou sous des brumisateurs géants.
Pour
prévenir les coups de chaleur, notamment parmi les plus âgés, les
autorités saoudiennes ont mis en place un numéro d’urgence médicale et
mis à disposition quelque 280 lits dédiés.
L’année
dernière, plus de 10.000 cas de maladies liées à la chaleur ont été
recensés durant le hajj, dont 10% de cas graves, selon un responsable
saoudien.
Arrivé
tôt le matin sur le mont Arafat, Ahmad Karim Abdelsalam, un pèlerin
indien de 33 ans, trouve l’idée d’y passer toute la journée « un peu
effrayante »
« Mais
si Dieu le veut tout se passera bien », dit-il, en affirmant qu’il ira
sans doute un moment chercher « une ombrelle et des vaporisateurs d’eau ».
Le
grand pèlerinage musulman est l’un des cinq piliers de l’islam. Tous
les musulmans sont censés l’accomplir au moins une fois dans leur vie
s’ils en ont les moyens. Les visas pour La Mecque sont octroyés par
l’Arabie saoudite sur la base de quotas par pays.
Après
avoir attendu quatre ans pour réaliser son rêve, la Libyenne Nouria
Abdou peine à retenir ses larmes d’émotion: « C’est tellement difficile
d’arriver ici ».
Allongé
sur le sol un peu loin, Abdelrahman Siyam s’accorde un repos bien
mérité après avoir beaucoup marché, malgré sa prothèse de jambe.
« C’est
une chance qui n’arrive qu’une fois dans la vie, je ne pouvais pas ne
pas venir », dit cet Irakien de 55 ans: « Et Dieu merci, j’ai tout fait à
pied ».
Au
coucher du soleil, les fidèles se rendront à Muzdalifah, toujours dans
les environs de La Mecque, où ils dormiront à la belle étoile et
ramasseront des cailloux qui leur permettront de procéder dimanche à la
symbolique « lapidation du diable ».
Ils célébreront dimanche également l’Aïd al-Adha (fête du sacrifice) également observée par les musulmans à travers le monde.
Plus
de 1,8 million de musulmans ont effectué le hajj l’année dernière, dont
environ 90% venus de l’étranger. L’Arabie saoudite a également
accueilli 13,5 millions de fidèles venus accomplir la Omra, le petit
pèlerinage pouvant se faire toute l’année, et vise à atteindre 30
millions d’ici 2030.