Burkina Faso : La disparition du président Ibrahim Traoré soulève des questions
Le mercredi 12 juin une roquette a été lancée dans les airs depuis la présidence burkinabè. Elle a atterri dans la cour de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB), située à proximité. L’explosion a causé d’importants dégâts, notamment sur plusieurs véhicules stationnés aux alentours.
Rapidement,
la nouvelle de cette déflagration s’est propagée sur les réseaux
sociaux, non loin du siège du pouvoir de Traoré, où des tirs avaient été
signalés le 17 mai dernier, rapporte Jeune Afrique. L’Agence
d’information du Burkina (AIB) a évoqué un « incident de tir » ayant
causé « quelques blessés » et des « dégâts matériels ». Cependant, cette
version officielle laisse sceptiques certaines sources sécuritaires qui
remettent en question la possibilité d’une erreur de manipulation pour
une roquette, note Jeune Afrique.
Ibrahim
Traoré assistait à un conseil des ministres à la présidence au moment
de l’incident. Il aurait été exfiltré par sa garde rapprochée après la
détonation, conformément aux protocoles en vigueur dans ce type de
situation. Depuis, nul ne sait où il se trouve. « À Ouaga 2000, dans une
des villas de l’État ? À Loumbila, au sein de la base aménagée pour
accueillir ses nouveaux alliés paramilitaires russes ? », s’interroge
Jeune Afrique.
Cette
disparition, qui dure depuis 48 heures, alimente les spéculations sur
les réseaux sociaux, indique le média panafricain. Le 13 juin, en fin de
journée, l’état-major général des armées a dénoncé une « réplique
grotesque de [sa] page Facebook » par des individus malveillants
cherchant à manipuler l’opinion publique, relate Jeune Afrique.
Certains
observateurs ont également remarqué que le jeudi 13 juin, Ibrahim
Traoré devait rencontrer l’activiste Kemi Seba, arrivé à Ouagadougou la
veille. Ni le président de la transition ni le fondateur d’Urgences
panafricanistes, connu pour relayer ces rencontres de haut niveau, n’ont
communiqué sur ce sujet.
Ibrahim
Traoré s’est peut-être isolé pour traiter le dossier sensible de
Mansila et ses répercussions. Selon diverses sources militaires, cette
localité du Nord-Est est en proie à de fortes tensions au sein de
l’état-major, observe Jeune Afrique. Durant la nuit du 10 au 11 juin, un
détachement de 140 à 160 militaires y a été attaqué par des groupes
jihadistes.
Depuis,
le commandement est sans nouvelles de ses troupes sur place : pas de
réseau téléphonique ni de contact radio. Des drones et avions envoyés
pour explorer la zone n’ont détecté aucune présence humaine, suscitant
des craintes quant à une possible hécatombe dans les rangs de l’armée,
confie un officier à Jeune Afrique. Les renforts progressent lentement,
et un bataillon d’intervention rapide (BIR) a été héliporté jusqu’à
Solhan pour tenter de rejoindre Mansila par la route, située à une
trentaine de kilomètres.