Thierno Bocoum : « Ousmane Sonko a décidé de gouverner et de s’opposer en même temps
La rencontre politique organisée par Ousmane Sonko n’a pas encore fini de faire parler dans la classe politique. Dans un texte, le leader du mouvement AGIR, Thierno Bocoum, s’en est pris au leader de Pastef et Premier ministre. Voici l’intégralité de sa publication.
Le Premier ministre Ousmane Sonko est en retard. Le plan d’action gouvernemental qu’il annonce pour bientôt lui a été demandé depuis très longtemps.
Dans le premier communiqué du conseil des ministres en date du 09
avril 2024, il a été dit ceci : « le Président de la République a
demandé au Premier Ministre, sur la base du PROJET et des orientations
présidentielles sus indiquées, de finaliser, avant la fin du mois
d’avril 2024, le Plan d’actions du Gouvernement, avec un agenda précis
de réalisation des objectifs fixés. »
Il est en retard de plusieurs mois mais trouve le temps de faire de
la politique politicienne en mettant en exergue une compétence qui a
déjà montré ses limites.
Comment peut-on traiter certains magistrats de corrompus quand on
décide de s’immiscer dans l’enclenchement de l’autosaisine du procureur
à travers son ministre de la justice ?
Pourquoi ne pas demander au procureur de faire son travail sur son propre dossier pendant devant la justice ?
Encadrer la justice et la presse selon ses propres orientations est la pire des dérives d’un apprenti dictateur.
S’attaquer à une opposition qui a décidé de laisser le temps de
l’observation est une belle preuve d’incapacité face aux nouvelles
charges étatiques.
L’ingénieuse prouesse a été de trouver le temps de faire de la
politique politicienne après avoir demandé du temps pour faire des
résultats.
À défaut de projet et de visions, les objectifs sont maintenant clairs :
1 – Anticiper sur l’après Diomaye en muselant la presse non inféodée à
sa doctrine, en intimidant certains peureux d’une opposition hésitante
pour les dissuader dans l’exercice de leur droit et en accaparant un
appareil politique à travers un discours populiste renouvelé.
2 – Faire croire que le nouveau pouvoir est menacé dans sa volonté de
prétendues éformes systémiques pour divertir les sénégalais sur un
combat contre le néant et ainsi échapper à la récurrence des demandes de
respect des engagements et de satisfaction des besoins majeurs des
populations.
Ousmane Sonko a décidé de gouverner et de s’opposer en même temps.
Gouverner contre ses adversaires, s’opposer à ses adversaires.
Celui qui était prêt à déloger du palais de la république un
président légalement élu pour prendre sa place fera tout pour remplacer
son poulain.
Son temps sera dédié à la politique politicienne. La correcte prise
en charge des intérêts majeurs des populations attendra malheureusement.
Qu’il sache que ceux qui ne sont pas dans le soutien aveugle, le
fanatisme et la recherche de sinécures connaissent bien ce proverbe qui
dit que « bien dire fait rire, bien faire fait taire. »
Malheureusement, il ne cherchera pas à faire taire en bien faisant
mais plutôt en usant de formes d’intimidation ridicules, obsolètes et
inopérantes.
Nous espérons que certaines ruptures annoncées et attendues survivront dans cette mare de populisme.
Les sénégalais sont fatigués. Ils ne rempliront pas leur ventre par des paroles futiles et de l’arrogance.
Thierno Bocoum
Président AGIR »