Discours d’Ousmane Sonko : Le décryptage de Dr Demba Guèye, maître de conférences, et Assane Samb
Le discours du Premier
ministre Ousmane Sonko, prononcé lors d’une conférence politique
organisée par les jeunes de son parti, le PASTEF, hier dimanche, a
suscité de vives réactions et une analyse approfondie par des
observateurs tels que le Dr Demba Guèye, maître de conférences à
l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), et le journaliste Assane
Samb. Lors de son intervention au Grand Théâtre, Sonko a fait une sortie
remarquée, ciblant particulièrement les journalistes, les magistrats et
même l’opposition. À en croire le Dr Demba Guèye, le choix de
s’adresser à une assemblée de jeunes n’est pas anodin.
«
Il a préféré faire passer son message à travers les jeunes du PASTEF,
car cette jeunesse, qui l’a aidé à accéder au pouvoir, commence à
s’impatienter. Cette intervention s’inscrit dans une stratégie visant à
renverser une opinion publique de plus en plus critique à l’égard du
PASTEF », souligne le maître de conférences et analyse de discours à
l’UCAD.
Cependant,
Assane Samb, journaliste et analyste politique, estime que la
communication du Sonko est maladroite et qu’il n’a pas su s’adapter à
son nouveau rôle de Premier ministre, qui était plus dans un meeting
politique qu’une conférence.
«
On était dans une sorte de meeting politique. C’était la rencontre d’un
leader avec sa jeunesse, peut-être la première, après la victoire, à la
suite d’une conquête assez difficile. Donc, on était dans
l’autosatisfaction, dans l’autoglorification, bien sûr, dans le
remerciement et autres. Il n’a pas changé de posture et s’en est pris
malheureusement à des magistrats et à la presse, ce qui est regrettable.
Cette attitude risque de lui valoir une opposition accrue dans les mois
à venir. La fin de la période de grâce semble avoir été sifflée par
Sonko lui-même, ce qui pourrait entraîner des conséquences immédiates et
potentiellement dévastatrices pour son régime », analyse-t-il sur
Iradio.
Maladresse et autoglorification
Plusieurs
points abordés dans sa prise de parole, Ousmane Sonko a tiré sur la
justice, la presse, l’opposition. Docteur Demba Gueye parle de
contre-feu après les critiques. D’après lui, le discours de Sonko peut
être vu comme une tentative de contre-feu face aux nombreuses critiques
dont il fait l’objet.
«
L’opinion n’est pas favorable au PASTEF ces derniers mois en raison de
promesses non tenues et d’engagements reniés. Il fallait renverser cette
tendance », explique-t-il.
Toutefois,
le journaliste relève que le ton utilisé par Sonko relevait davantage
de l’autosatisfaction et de l’autoglorification, typiques d’un meeting
politique, plutôt que d’une communication institutionnelle responsable.
Les
spécialistes s’accordent à dire que les maladresses communicationnelles
de Sonko auront des répercussions immédiates. « Le Premier ministre
semble avoir perdu l’occasion de rassembler autour de lui et risque de
faire face à une opposition renforcée et une presse plus critique. Le
discours de Sonko, bien que destiné à galvaniser ses partisans, pourrait
finalement isoler davantage son gouvernement dans un contexte politique
déjà tendu », laissent-ils entendre dans la source.