Thierno Alassane Sall sur l’affectation du général Kandé : « On est plus proche du bannissement d’un officier encombrant »
Thierno Alassane Sall,
président de la République des valeurs, est sorti de sa période
d’observation pour s’exprimer sur l’affectation du général Souleymane
Kandé en Inde.
« Nul
ne saurait dénier au chef suprême des armées la faculté d’affecter les
officiers supérieurs. Mais ce pouvoir discrétionnaire, à moins de
prétendre relever du divin, ne saurait se soustraire des traditions
républicaines ou faire fi du mérite ou de la cohérence dans l’emploi des
hommes. À en croire l’émoi suscité par la nouvelle de l’affectation du
général Kandé, on est plus proche d’un cas typique de bannissement d’un
officier encombrant. À quel titre ? De fait, des décisions récentes du
nouveau régime révèlent des tendances inquiétantes dans la gestion de
nos institutions. Étendre aux forces de défense et de sécurité les
limogeages en cascade qui touchent la haute administration lors des
alternances politiques serait un précédent dangereux pour notre armée
jusqu’ici réputée républicaine », s’est-il exprimé.
Pour
lui, ce serait accréditer l’idée qu’il y a, dans les rangs de nos FDS,
des lignes de fracture suivant les allégeances supposées. « Promouvoir
par décret un officier de gendarmerie radié et bannir dans la foulée un
général dont la réputation va bien au-delà des troupes, est un précédent
fâcheux, en rupture des traditions de notre pays. Il est de mon devoir
de citoyen et de député de sonner la trompette de l’alarme et d’inviter
le président de la République à ne pas céder à la tentation de la chasse
aux sorcières. Il est élu pour panser les fractures béantes de notre
pays, qui se donnent à voir particulièrement dans l’Administration, la
justice, l’université. Même sans appel à candidatures, beaucoup mieux
aurait pu être fait par une approche plus inclusive », dit-il.