L’Espagne adopte une nouvelle loi exigeant un visa de transit aux Sénégalais
Madrid avait accusé le
gouvernement d’avoir transformé l’aéroport « Barajas » en « bateau géant
». Plusieurs migrants, en provenance de pays africains, faisaient
escale à l’aéroport Adolfo Suárez Madrid-Barajas pour glisser un dossier
d’asile. Aujourd’hui, une nouvelle loi est adoptée. Et tous les
Sénégalais, en escale dans ce dit aéroport, ont l’obligation de
présenter un visa de transit.
L’Espagne
avait montré les couleurs. Dans la nuit du 07 au 8 février 2024, à
l’aéroport Blaise Diagne de Diass, des instructions ont été données. Une
note informait que les voyageurs, sans visa Schengen, en escale en
Espagne, devaient présenter un visa de transit. Une note qui fait suite à
la demande de l’Espagne,fin janvier. Il avait dit au Maroc d’interdire
aux voyageurs, avec un passeport sénégalais et ne disposant pas de visa
Schengen, d’embarquer sur des vols commerciaux avec escale en Espagne.
Ce lundi 19 février 2024, l’Espagne a officiellement pris la mesure. Il
y a quelques heures, une loi qui exige aux voyageurs, avec des
passeports sénégalais, un visa de transit, pour pouvoir faire escale
dans ses aéroports, a été adoptée. L’objectif, c’est d’empêcher les
migrants originaires du Sénégal, de profiter du temps d’escale pour
demander l’asile.
Si
une telle mesure a été adoptée, c’est parce qu’une vague de migrants,
en provenance du Sénégal et d’autres pays africains, entre décembre et
janvier, ont envahi l’aéroport de Barajas Madrid. Une saturation des
services et le débordement des chambres aménagées pour les demandeurs
d’asile ont été notés.
Qui a besoin d’un visa ?
Ils
ont actuellement besoin d’un visa de transit pour faire escale dans
n’importe quel aéroport situé sur le territoire des États Schengen :
Afghanistan, Bangladesh, Érythrée, Éthiopie, Ghana, Iran, Irak, Nigeria,
Pakistan, République Démocratique du Congo, Somalie et Sri Lanka. Dans
le cas spécifique de l’Espagne , il faut ajouter les pays suivants :
Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Cuba, Djibouti, Gambie, Guinée,
Guinée-Bissau, Haïti, Inde, Kenya, Libéria, Mali, République du Congo,
Sierra Leone, Syrie, Tadjikistan, Togo, Turquie, Ouzbékistan, Yémen et
Palestine.
Une mesure critiquée par les ONG
L’exigence
de ce permis a été réclamée par certains secteurs comme les syndicats
de police, qui ont dénoncé les mauvaises conditions dans lesquelles les
agents ont dû travailler pendant la crise de Barajas. Et, ils ont
demandé que cette exigence soit étendue aux voyageurs munis d’un
passeport-Pays Saharien. En revanche, la mesure a été très critiquée par
des ONG comme la Commission espagnole d’assistance aux réfugiés. Elle
estime qu’elle « rend encore plus difficile l’accès à la protection » et
s’inscrit dans « la stratégie européenne d’externalisation des
frontières », qui « met la vie de milliers de personnes en danger ».