Amadou Ba inaugure le Mémorial Bateau Le Joola : “Un veilleur aux aguets pour des comportements toujours plus responsables”
Le Premier ministre
Amadou Ba a inauguré, ce mardi 16 décembre à Ziguinchor, le Mémorial
Bateau Le Joola. Un ouvrage qu’il considère comme un “veilleur aux
aguets pour des comportements toujours plus responsables”, pour que
l’une des plus grandes catastrophes maritimes de l’histoire ne se
reproduise plus. “Plus jamais ça”, a lancé le chef du gouvernement.
“L’enjeu permanent, c’est de tirer les bonnes leçons et de mettre en
pratique ces leçons prescrites, les recettes élaborées. Car c’est sur
l’homme sénégalais qu’il faut agir pour aider à sa « mobilisation » dans
l’effort et la rigueur, dans le choix de vie responsable. Puissent la
force de cette mémoire et le symbole vivant de celles et ceux qui ont
été pupilles de la Nation nous inspirer encore plus sur les chemins
d’une citoyenneté exemplaire”, a déclaré M. Ba dans un discours que nous
publions in extenso.
Chers invités
Mesdames, Messieurs
Nous
voici réunis aujourd’hui, ici à Ziguinchor, pour un geste insigne de
recueillement et de mémoire. Je suis avec, en ces instants de souvenir
douloureux, au nom de Son Excellence, Monsieur Macky SALL, Président de
la République, dont je vous apporte les salutations distinguées et les
mots émus. Il vous dit qu’il est avec vous, qu’il ne cesse de penser à
vous, parents et amis disparus, ceux d’ici et d’ailleurs, tous réunis en
ce moment par un devoir de témoignage et des marques indélébiles
d’affection. Je sais l’émotion qui parcourt nos corps et se saisit de
nos cœurs. Je sais le poids des jours qui passe sans les nôtres malgré
le nombre d’années écoulées. Je sais.
Croyant
à la puissance miséricordieuse du Créateur, le Président de la
République nous invite à continuer de prier pour le repos éternel des
nôtres absents physiquement, mais plus que présents dans nos mémoires
vives comme il le il le disait récemment à Fatick citant Birago Diop «
les morts ne sont morts. Ils sont dans l’eau qui coule. Ils sont dans
l’eau qui dort. Ceux qui sont morts ne sont jamais partis. Ils prient
avec nous pour le retour de la paix définitive. Prions pour que la paix
définitive soit avec eux, pour que le Dieu continue de répandre sur eux
ses faveurs et sa grâce.
Chers Compatriotes, chers parents et amis des disparus d’ici et d’ailleurs
Le
tragique événement du bateau Le Joola a fortement marqué l’histoire de
la navigation au Sénégal. Le Joola n’était pas qu’un simple moyen de
transport commode. Il était le symbole vivant d’une Nation une et
indivisible. Il était un pont au-dessus des eaux, porteur d’un message
de paix qui rend possibles les passages et les rencontres. Il est
l’illustration de la continuité territoriale du Sénégal. Ce problème de
continuité territoriale que le Président a définitivement réglé avec le
Pont de Farafegny en plus des bateaux et des avions. Le MFDC avait
apporté une mauvaise réponse une vraie question (enclavement). Le
Président Sall a apporté la bonne réponse à la vraie question avec le
désenclavement devenu une réalité comme le retour de paix car ici en
Casamance où plus que le sentiment de sécurité règne un sentiment de
paix. Le bateau Le Joola avait fait naître un rituel, des voix, des
gestes et des habitudes qui ont produit, autour du navire, une humanité
singulière, conviviale. A son bord, vivait, le temps de la traversée, un
peuple multinational. En somme, Le Joola était le reflet de l’ouverture
de notre pays aux cinq continents, un navire-monde en un mot.
Voilà
pourquoi, le 26 septembre 2002 est un cauchemar, un jour perlé de
larmes et de souffrances, une blessure qui nous habitera pour toujours.
Mais cette journée de deuil a révélé aussi combien le Sénégal était une
grande nation qui sait, aux heures tendues de l’histoire, manifester à
la face du monde, ses valeurs de solidarité, de cohésion et de fidélité à
sa magnifique devise : un peuple, un but, une foi.
C’est
ce qui explique notre capacité de nous souvenir, la force vive de notre
mémoire. J’ai dit « mémoire», car s’est érigé un Mémorial, ce Mémorial
voulu par tous, voulu par notre conscience historique alerte et
vigilante, ce Mémorial pensé dans un élan inclusif, et réalisé par le
Président Macky SALL qui demeure encore plus à l’histoire du JOOLA qui,
des abysses de l’océan, émerge sur le continent, sur cette terre
attachante de Ziguinchor, sur ce port de toutes ses aventures.
C’est
le lieu de dire, pour s’en féliciter et féliciter les acteurs, la part
infinie des Associations des familles des victimes et des rescapés, que
la douleur a gonflé d’énergie, dans la concrétisation de ce projet.
Elles ont surtout contribué à accompagner l’État à mieux les accompagner
dans l’acceptation et le dépassement des douleurs et, parce qu’ils sont
les plus sensibles, dans la prise en charge des enfants. Je leur rends
solennellement hommage, au nom du Chef de l’Etat, au nom de la Nation
sénégalaise.
C’est
l’occasion aussi de remercier, au nom du Président de la République,
Son Excellence Monsieur Macky SALL, les autorités gambiennes qui n’ont
ménagé aucun effort pour l’aboutissement de ce projet et saluer
l’engagement des autorités administratives qui ont rivalisé d’ardeur
pour sa réussite.
Je
félicite les dirigeants et les travailleurs de l’entreprise EIFFAGE
Sénégal et du Cabinet d’architecture Archi Design & Ass pour la
qualité de cette œuvre mémorielle, debout pour faire vivre les morts,
debout pour témoigner de notre capacité de résilience, debout pour dire
que les « morts ne sont pas morts », pour dire qu’ils sont avec nous, que
nous les aimons d’un amour indestructible.
Le
Mémorial, en souvenir du drame et des victimes, sera une célébration de
la vie sur les injonctions permanentes de ceux qui ont disparus pour
marteler encore et toujours «plus jamais ça !».
Ce
Mémorial nous aidera à vivre dans la conscience de la nécessaire
préservation des valeurs qui sauvent des peurs et qui encouragent les
actions pensées, ordonnées, rigoureusement évaluées au bénéfice de la
communauté. L’enjeu permanent, c’est de tirer les bonnes leçons et de
mettre en pratique ces leçons prescrites, les recettes élaborées. Car
c’est sur l’homme sénégalais qu’il faut agir pour aider à sa «
mobilisation » dans l’effort et la rigueur, dans le choix de vie
responsable. Puissent la force de cette mémoire et le symbole vivant de
celles et ceux qui ont été pupilles de la Nation nous inspirer encore
plus sur les chemins d’une citoyenneté exemplaire.
C’est
le lieu de redire avec force que la mémoire ne vit que dans la paix. Et
ce musée de nos mémoires doit être un pas supplémentaire vers la paix
définitive dans cette belle Casamance. Nous en avons les moyens et la
volonté. Les immenses potentialités de cette région sont un levier
stratégique pour sa transformation en un pôle de richesse et de
croissance qui fera de la Casamance l’avenir du Sénégal. Ziguinchor est
la seule région avec deux aéroports dont un international et un port. Le
tourisme, la transformation agroalimentaire et la valorisation des
cultures et des traditions locales ouvriront grandes les portes de
l’emploi et des revenus conséquents pour les jeunes et les femmes. Notre
prospérité partagée est tout aussi une condition pour cette paix
définitive qui préoccupe tout le peuple sénégalais dans la diversité
c’est-à-dire plurielle mais indivisible.
Mesdames, Messieurs,
Le
Mémorial JOOLA développera une didactique du souvenir créatif, celui
qui enseigne à être et à se penser parmi les autres, responsables de soi
et de chacun des éléments composant la communauté, et pas seulement les
êtres humains, mais également les autres éléments immatériels,
constitutifs de notre patrimoine. Car le naufrage du bateau est un
signal du danger qui pèse sur l’ensemble de la structure sociale si ne
sont érigées les barrières mentales robustes contre les dérives.
L’État,
soyez-en assurés, ne ménage aucun effort dans l’entreprise salvatrice
de veiller à faire appliquer les leçons tirées de ce naufrage. Du point
de vue des infrastructures et équipements, des conditions optimales de
la mobilité, de l’éducation et du suivi des différents axes de
construction et de remédiation, rien ne sera laissé au hasard. Il y va
de du DEVENIR de notre société.
Le
voici donc, Le Mémorial JOOLA, debout sur le sol ferme, face au fleuve,
sur le chemin de la mer. Il est bâti pour résister au temps et aux
intempéries tout en portant, dans sa vigueur et sa rigueur, les
souplesses qu’exige un monde qui change dans une société composée en
grande majorité de jeunes.
Le
mémorial sera assurément une école, un livre ouvert et un film
d’anticipation ; il sera un veilleur aux aguets pour des comportements
toujours plus responsables.
Pour
cela, une équipe compétente et dynamique sera mise en place. Des
travaux seront régulièrement menés pour améliorer les contenus et
adapter le Mémorial à la modernité. Il proposera surtout des activités
dynamiques et vivantes. J’ai dit qu’il se construit quotidiennement et
j’en profite pour inviter, à nouveau, les contributeurs en contenus à se
joindre au Musée et à le rendre toujours nouveau pour des visiteurs.
Pour
conclure, je tiens à renouveler mes félicitations et mes remerciements à
tous ceux qui ont contribué à bâtir ce Mémorial sous la coordination de
Monsieur le Ministre de la Culture et du Patrimoine historique : les
autorités administratives et territoriales, les équipes qui continuent
de penser et de parfaire les contenus, l’entreprise Eiffage, la presse,
et tous les autres acteurs de cette belle et riche œuvre.
Longue vie au Mémorial Bateau JOOLA à la gloire éternelle de nos disparus.
Merci de votre aimable attention